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Thursday, October 24, 2013

Hommage à un vieux collègue

Il a mis du temps pour mourir. Il était hospitalisé depuis 2009, mais la mort n’arriva que le 4 octobre 2013. Centenaire (il a vécu 102 ans), le général Vo Nguyen Giap a tiré sa révérence laissant derrière lui une réputation d’un homme exceptionnel dont le génie a provoqué l’effondrement de l’empire français et la défaite d’une superpuissance. L’un des grands paradoxes de Vo Nguyen Giap, l’un des plus grands généraux du XXe siècle, est que, jusqu’à l’âge de 30 ans, il ne savait ni manier une arme ni même comment diriger un simple bataillon. Normal, il était professeur et journaliste, avant de se découvrir un irrésistible penchant pour la chose militaire. Tout journaliste ne peut pas ne pas être fier d’avoir pour collègue un si glorieux personnage. Tout journaliste ne peut pas ne rendre hommage à un vieux collègue qui commença sa lutte contre l’injustice par la plume avant de la poursuivre en stratège sur le terrain. Il faut dire qu’après la seconde guerre mondiale, la situation dans laquelle se trouvait le Vietnam ne pouvait laisser indifférent un homme du tempérament et du nationalisme de Giap. Il s’était engagé dans la lutte, avait gravi les échelons pour se retrouver assez vite à la tête d’une armée anticoloniale de plusieurs centaines de milliers personnes. La France, une puissance coloniale, s’accrochant pathétiquement à ses possessions indochinoises, se livrait à des exactions terrifiantes. La femme de Giap et sa belle sœur ont été tuées par les Français, et son grand père trainé derrière une voiture jusqu’à ce que mort s’ensuive. Peut-être ces drames personnels ont-ils galvanisé un peu la volonté de Giap de défaire l’empire français. Mais, cela va sans dire, que la principale motivation était d’ordre nationaliste. Il rêvait de voir son pays libéré du colonialisme français. Il a fallu pas moins de huit ans à Giap pour qu’il fasse triompher l’idée de base de sa stratégie qui a permis à « une armée faible et sous-équipée de vaincre une armée suréquipée et puissante». Et de fait, l’effet de surprise et à la position stratégique sur les hauteurs des troupes vietnamiennes, ont rendu possible le siège épique d’une garnison française dans la vallée de Dien Bien Phu. Cette défaite a sonné le glas de l’empire français et donné un souffle extraordinaire aux autres mouvements de libération en Asie et en Afrique. Après un tel exploit, Giap, comme s’il savait déjà qu’il allait vivre cent ans et que le guerrier avait encore largement le temps de se reposer, s’engagea aussitôt dans une guerre qui allait durer 16 ans et s’achever par une défaite historique de la plus grande puissance du monde. L’un des tournants de ce qui est universellement connu comme la guerre du Vietnam est l’ «offensive du Têt » de 1968, planifiée et mise en œuvre par le général Giap. Des dizaines de milliers de soldats du Vietnam du nord et de Vietcongs furent lancés en direction des milliers de villages du Vietnam du sud dans l’espoir de provoquer un soulèvement généralisé contre le régime « fantoche » de Nguyen Van Thieu et les troupes américaines qui le soutenaient. Sur le plan militaire et humanitaire, l’offensive était un désastre, compte tenu du carnage provoqué et de la rapide retraite vers le nord des troupes de Giap. Mais sur le plan médiatique et de la communication, ce fut une victoire inestimable pour la résistance vietnamienne. Les images des atrocités commises par les troupes américaines à cette occasion choquèrent l’Amérique et donnèrent un coup sérieux au moral des troupes de William Westmoreland, le général qui « a gagné chaque bataille jusqu’à ce qu’il ait perdu la guerre ». On peut dire que les germes de la défaite américaine au Vietnam ont été semés par le général Giap lors de l’offensive du têt. Le « Main Stream Media » aux Etats-Unis, dont le New York Times et le Washington Post, avait dans le temps diabolisé le général Giap. Il était considéré comme l’un des hommes les plus dangereux du monde et l’un des plus grands ennemis du « monde libre ». Près de quarante ans après la fin de la guerre du Vietnam, le Main Stream Media n’a pas beaucoup changé. Dans un long article publié à l’occasion de la mort du général vietnamien, le New York Times n’en démord pas. Pour ce journal, Giap est toujours cet homme pour qui « la vie humaine n’a pas beaucoup de valeur » et qui « assume une responsabilité dans la mort de 2,5 millions de personnes, dont 58 000 Américains. » L’étonnant dans tout ça c’est que nombre de journalistes et commentateurs américains, des décennies après le drame vietnamien, n’arrivent toujours pas à appréhender le sujet avec un peu de logique et un minimum de bon sens. Ils n’arrivent toujours pas à comprendre qu’un demi-million de soldats américains avaient franchi une distance de dix mille kilomètres pour aller envahir un autre pays et dénier à son peuple le droit de choisir son propre régime politique et de gérer ses propres affaires comme il l’entend. Par conséquent, ce n’est le général Giap qui est responsable de la mort de 2,5 millions de personnes, dont 58 000 Américains, mais le général Westmoreland et les politiciens qui l’avaient envoyé lui et ses troupes guerroyer à dix mille lieux de chez eux. Mais une telle logique est inaccessible pour qui ne voit pas la poutre dans on œil, mais voit parfaitement bien la paille dans l’œil de l’autre.

Situation chaotique en Libye: Washington et la loi du magasin de poterie

La chute du régime de Kadhafi a entraîné l’effondrement de l’autorité qui régnait dictatorialement en Libye de septembre 1969 à octobre 2011. Le vide a vite été occupé non pas par une autorité mais des autorités. L’absence d’un centre unique de décision en Libye a fait que quiconque pouvant armer une centaine d’hommes, se crée son fief particulier et son propre centre de décision. L’anarchie généralisée en Libye trouve son origine dans l’alliance objective de trois composantes n’ayant aucun intérêt à voir émerger un Etat fort : le tribalisme, le jihadisme et le trafic d’armes et de drogues. Ces trois composantes, qui disposent chacune de ses propres milices armées, continuent d’unir leurs forces pour maintenir et alimenter l’état d’anarchie dans laquelle ils évoluent comme un poisson dans l’eau. L’un des signes les plus flagrants de la défaillance totale de l’Etat en Libye est le blocage par des milices incontrôlées de tous les ports libyens par lesquels transite le pétrole. Que ce produit soit vital et constitue à lui seul 90%des revenus de la Libye, ne semble pas inquiéter outre mesure les milices qui continuent de s’opposer par la force à l’exportation de ce produit hautement stratégique pour la Libye et sans les revenus duquel les Libyens risquent la faim. Le jeudi 10 octobre, deux ans après l’effondrement du régime de Kadhafi, on a eu droit à un signe spectaculaire de la défaillance de l’Etat en Libye. Ce jour là, à quatre heures du matin, une centaine de miliciens encerclèrent avec leurs pick up l’hôtel où loge le chef du gouvernement Al Zeidane, foncent vers l’aile où il a établi sa résidence et l’ont kidnappé avant de le conduire vers une destination inconnue. Pendant des heures, l’information faisait la « une » dans les journaux électroniques, les radios et les télévisions du monde entier avant que le premier ministre ne soit libéré par …une autre milice, celle du Zentan, qui a menacé de « détruire les bases » de la milice kidnappeuse dans le cas où celle-ci refuse de libérer son otage. La responsabilité de l’humiliation du représentant d’une autorité fragile, d’un semblant d’Etat basé à Tripoli, devrait être assumée en dernière analyse par les Etats-Unis dont « l’inutile bavardage » a provoqué le kidnapping d’un homme qui, depuis presque un an qu’il est à la tête du fragile gouvernement libyen, s’efforce de construire les bases d’une autorité centrale forte. Deux ou trois jours avant le kidnapping d’Ali Zeidane, le commando Delta de l’US Navy pénétra sur le territoire libyen et cueillit dans son propre quartier un « gros poisson » d’Al Qaida, Nazih Abdulhamid al Ruqai, plus connu par son nom de guerre Abou Anas Allibi. L’opération s’est déroulée de manière si « parfaite » que normalement nul au monde, à part une poignée d’Américains, n’aurait dû en entendre parler. Cette arrestation hors normes a visé un terroriste recherché depuis des années par la CIA pour « sa participation dans les attentats de 1998 contre les ambassades US au Kenya et en Tanzanie, et sa conspiration avec Ben Laden dans les attaques contre les troupes américaines en Arabie Saoudite, au Yémen et en Somalie ». Après l’arrestation d’Abou Anas Allibi, les Américains ont non seulement ébruité la chose, mais, plus incroyable encore, le secrétaire d’Etat John Kerry est allé jusqu’à révéler devant les micros de journalistes que « les autorités libyennes ont donné leur consentement préalable à l’arrestation » ! En se montrant si bavards, les Américains ont non seulement attiré des ennuis au gouvernement libyen et exacerbé les tensions qui opposent les milices aux hommes politiques, mais ils se sont privés des avantages de l’arrestation d’un haut responsable de la nébuleuse terroriste qu’assurent le secret absolu. Car enfin, Al Qaida, après l’arrestation d’un de ses plus hauts cadres, « une véritable mine d’informations » pour la CIA, ne va pas se croiser les bras et attendre que ses ennemis utilisent les informations collectées dans leur lutte antiterroriste. Certains commentateurs américains estiment que « les Etats-Unis, en rendant publique rapidement la capture d’Abou Anas Allibi, ont réduit énormément les avantages qu’ils auraient pu tirer d’une telle prise. La question qui se pose est que les Etats-Unis ne sont-ils pas un peu responsables de l’état d’anarchie qui sévit en Libye, de l’explosion du terrorisme, du trafic florissant d’armes en tous genres ? Les pays, la France et les Etats-Unis en tête, qui ont bombardé la Libye pendant des semaines sous prétexte d’aider « les forces démocratiques », se sont retirés dès la chute de la dictature, laissant derrière eux une anarchie indescriptible et une absence totale de la moindre force organisée de nature à sécuriser le pays. A ce niveau, les Etats-Unis et la France n’assument pas seulement une certaine responsabilité dans ce qui se passe en Libye, mais aussi dans ce qui se passe dans une vaste région qui s’étend du Mali à la Tunisie et de la Libye au Maroc. Aujourd’hui, une grande partie de l’insécurité qui mine la Tunisie est liée d’une manière ou d’une autre à la situation chaotique en Libye ; les menaces de déstabilisation qui pèsent sur l’Algérie ne sont pas sans rapports avec la situation qui prévaut en Libye ; la guerre qu’a menée la France à côté de l’armée malienne n’aurait peut-être pas eu lieu sans le pillage d’une quantité effrayante d’armements libyens entassés par Kadhafi à coups de milliards de dollars et dont une partie non négligeable était arrivée chez les djihadistes des tous bords ; l’ambassade américaine à Tripoli n’aurait pas été attaqué le 11 septembre 2012 et l’ambassadeur et quatre de ses collaborateurs n’auraient pas été tués si les Etats-Unis et la France n’avaient pas laissé derrière eux un vide politique vite occupé par les milices, les terroristes, les trafiquants d’armes, de drogue et par les contrebandiers de tout acabit. Il est politiquement futile, stratégiquement nul et moralement condamnable que les Etats-Unis, après avoir contribué à l’installation de l’anarchie et au développement du terrorisme en Libye, aient aujourd’hui pour soucis de faire la chasse à une poignée de terroristes qu’ils accusent de fait qui remontent à dix et quinze ans. L’arrestation d’Abou Anas Allibi ne fera pas reculer le terrorisme en Libye et ne diminuera pas ses menaces sur la Tunisie ou l’Algérie. Ce que les destructeurs étrangers du régime de Kadhafi auraient dû faire, c’est d’aider à la mise en place d’une autorité capable d’imposer l’ordre et de s’opposer au terrorisme, au trafic d’armes et au sabotage de l’économie. Aux Etats-Unis, tout le monde connaît « la loi du magasin de poterie » que les Américains résument en quatre mots : « you break it, you buy it » (Vous la cassez, vous l’achetez). Ceci est valable dans les magasins de poterie et de porcelaine. L’immixtion des Etats-Unis et de la France dans les affaires libyennes ressemble dans ses conséquences à l’entrée d’un éléphant dans un magasin de poterie. Ils ont tout brisé et ils sont partis comme si de rien n’était. Les pots cassés, ce sont aujourd’hui les Libyens et, dans une moindre mesure, les Tunisiens qui sont en train de les payer.

Sunday, October 06, 2013

Soulagement dans le monde, Désarroi en Israël

La conversation téléphonique entre le nouveau président iranien Hassan Rouhani et son homologue américain Barak Obama peut, à juste titre, être considérée comme un événement dans les relations irano-américaines. Cela fait plus d’un tiers de siècle maintenant que pas un seul contact direct à quelque niveau que ce soit entre responsables des deux pays n’a eu lieu. Les intérêts américains à Téhéran sont représentés depuis 1979 par la Suisse. En toute objectivité, le peuple iranien a des raisons d’en vouloir aux Etats-Unis. Si l’on remonte 60 ans en arrière, on constatera qu’une bonne partie des problèmes, pou ne pas dire des malheurs, des Iraniens sont causés par la politique étrangère américaine qui, déjà bien avant 1953, avait fait du Golfe « une zone vitale » pour les intérêts américains. L’année 1953 constitue un grand tournant dans les relations irano-américaines. Cette année, la CIA, avec la complicité des services de renseignements britanniques, avait mis fin à une expérience démocratique initiée par le président Mohamed Mosaddeq. Celui-ci était renversé et à la brève expérience démocratique avait succédé la dictature du Chah, soutenue à bout de bras par Washington jusqu’à son renversement par la révolution khomeyniste de 1979. E 1953 à 1979, des centaines de milliers d’Iraniens ont été sauvagement torturés et emprisonnés par la Savak, la terrible police politique du Chah, qui entretenait d’étroites relations avec la CIA. Des millions d’Iraniens avaient souffert de la répression impitoyable et de l’absence quasi-absolue de liberté du temps de la dictature de Mohamed Reza Pahlavi, autant de malheurs qui auraient pu être évités au peuple iranien, si Washington s’était abstenu de s’ingérer dans les affaires intérieures iraniennes. En 2002, et alors que les rancœurs iraniennes envers Washington commençaient à se dissiper et que Téhéran était prêt à la normalisation des relations avec le « grand Satan », George W. Bush, dans l’un de ses discours les plus belliqueux, inclut l’Iran à côté de l’Irak et la Corée du nord dans ce qu’il appela alors « l’axe du mal ». Certains voient la main d’Israël dans cette « agression verbale gratuite » contre l’Iran. La supposition n’est pas absurde compte tenu de la stratégie israélienne qui consiste jusqu’à ce jour à alimenter la tension entre les Etats-Unis et les pays de la région qu’Israël considère comme ses « ennemis mortels ». Cette stratégie a réussi en Irak et Israël ne perd toujours pas l’espoir de voir l’Iran subir le même sort que son voisin. En 2006, les Etats-Unis, sous la pression israélienne, soulevèrent le problème de l’enrichissement de l’uranium en Iran, destiné selon Téhéran à la production de l’énergie nucléaire, et selon Washington et Tel Aviv à la production d’armes de destruction massive. Cette différence d’interprétation est encore au centre du contentieux irano-américain et le principal « argument » agité par Israël pour justifier ses menaces de frappes aériennes contre l’Iran. Il faut dire que pendant ses deux mandats successifs, l’ancien président Mahmoud Ahmadinajad avait, sans le vouloir, servi largement la stratégie israélienne qui cherchait des arguments pour soutenir ses sempiternelles jérémiades relatives à la prétendue « menace mortelle » qui la guettait de la part de l’Irak hier et de l’Iran aujourd’hui. On se rappelle que chaque fois qu’Ahmadinajad monte à la tribune de l’ONU pour prononcer son discours à la session automnale de l’Assemblée Générale, il se déchaînait tellement contre « l’entité sioniste » que des dizaines de diplomates de différentes nationalités quittaient l’un après l’autre la salle. C’était devenu un rituel. Ses discours incendiaires qui servaient si bien la propagande israélienne se poursuivaient jusqu’aux derniers mois de son second mandat. En août 2012, à l’occasion de la « Journée d’Al Qods », il a promis à ses partisans « un nouveau Proche-Orient sans aucune trace des sionistes » puisque « la tumeur cancéreuse d’Israël va bientôt disparaître. » Pour Israël, il y a au moins trois bonnes raisons qui lui permettent de réserver un très bon accueil aux discours d’Ahmadinajad et de souhaiter même leur multiplication. Tout d’abord ce genre de discours rassure les Israéliens sur le caractère factice de la menace, car celui qui a l’intention, la volonté et les moyens de détruire un pays ne le crie pas sur les toits à longueur d’années. Et s’il se contente de le répéter, cela veut dire qu’il n’a ni la volonté ni les moyens, mais seulement un désir qu’il confond avec la réalité. Ensuite, ce genre de discours est un pain béni pour Israël qui lui permet de divertir l’attention internationale sur ses crimes contre les Palestiniens, mettant en avant les menaces que ses ennemis, de leur propre aveu font peser sur son existence. Enfin les discours d’Ahmadinajad constituent une matière précieuse qu’Israël utilise intelligemment pour entretenir la tension entre son protecteur américain et son ennemi iranien. Le discours que le nouveau président iranien Hassan Rouhani a prononcé la semaine dernière devant l’Assemblée générale de l’ONU a provoqué le soulagement dans le monde et le désarroi en Israël. Le soulagement vient du fait que Rouhani a pris le contre-pied de son prédécesseur. Il a affirmé devant une assistance très attentive que « le peuple iranien, opposé à l’extrémisme et ayant voté pour la modération, lui a donné un mandat pour créer un nouvel environnement qui baliserait la voie à de nouvelles relations avec l’Occident. » La main tendue par l’Iran s’est traduite tout de suite après par un entretien téléphonique entre le président iranien et son homologue américain, chose inédite depuis plus d’un tiers de siècle. Le désarroi en Israël vient du fait que Rouhani, contre toute attente, a reconnu et condamné « les crimes que les nazis ont commis envers les juifs. » Ces simples mots prononcés par un président iranien devant le monde entier ont provoqué une panique infiniment plus grande que tous les discours incendiaires d’Ahmadinajad. Celui n’a fait durant ses deux mandats que renforcer le « fond de commerce israélien » qui consiste à mettre en avant le statut d’éternelle victime. En quelques mots, le nouveau président vient saper les fondations de ce même fond de commerce, d’où le désarroi israélien et la réponse de Benyamin Netanyahu qui, la mort dans l’âme, a qualifié le discours du président Rouhani de « cynique » et « hypocrite », traduisant « exactement la stratégie iranienne qui consiste à parler et à gagner du temps pour faire progresser ses capacités à se doter d’armes nucléaires .» Uri Avnery, le vieux journaliste israélien, a vu juste. Dans un article publié dans le journal américain en ligne (www.counterpunch.com) et intitulé « The real bomb » (La vraie bombe), il écrit : « Un Iranien qui reconnaît et condamne l’holocauste ! Un Iranien qui offre douceur et lumière ! Un Iranien qui désire la paix et l’amitié entre toutes les nations, y compris Israël ! (…) C’est cela la vraie bombe, une bombe beaucoup plus menaçante que la bombe nucléaire. On peut dissuader une bombe nucléaire avec une autre bombe nucléaire. Mais comment peut-on dissuader Hassan Rouhani ? » Ce n’est pas la première fois que le vieux militant et journaliste israélien est atterré face au désarroi qui s’empare de son pays chaque fois qu’il se trouve en danger de paix.

La route Washington-Téhéran semée d'embûches

Un simple coup de téléphone entre les présidents iranien Hassan Rouhani et américain Barack Obama, a fait entrer Israël et les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) dans un état proche de l’hystérie. Benyamin Netanyahu a sauté hier dans son avion direction Washington pour demander des explications au président américain, et l’Arabie Saoudite, en son nom propre et au nom des autres membres du CCG, a entrepris de son côté d’exercer des pressions dans le sens du blocage de toute espèce d’ouverture entre les Etats-Unis et l’Iran. C’est le ‘ Wall Street Journal’ qui a donné hier cette information en publiant en même temps la raison avancée à la fois par Israël et les pays arabes du Golfe : « L’Iran va exploiter la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis dans le but de faire avancer son programme nucléaire », par conséquent, Washington est prié de tourner le dos à l’Iran pour ne pas l’encourager à poursuivre son programme de production d’armes de destruction massive. Tels sont l’exigence d’Israël et le désir ardent des pays du Conseil de Coopération du Golfe. En fait, si en apparence Ryadh et Tel Aviv soutiennent le même argument, ils sont animés par des considérations et des calculs différents. Israël ne veut pas d’amélioration entre Washington et Téhéran, parce qu’il a besoin d’un Iran sous forme de loup-garou qui lui permet de crier tout le temps en feignant la peur d’être dévoré. Cette tactique s’est révélée très efficace pour la réussite de sa stratégie de base : faire en sorte que le monde oublie la question palestinienne. Et de fait, depuis qu’Israël a commencé à feindre sa terreur face au programme nucléaire iranien, qui se rappelle qu’il y a un peuple palestinien dont la terre est occupée et dont les enfants sont opprimés ? Pour l’Arabie Saoudite et ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe, les motivations sont différentes. Pour eux, l’Iran tente d’établir une zone d’influence sous forme de « croissant chiite » qui s’étendrait de l’ouest de l’Afghanistan jusqu’en Méditerranée. L’acharnement de l’Arabie Saoudite contre le régime syrien et ses efforts incessants mais vains de convaincre Washington d’attaquer la Syrie, ne s’expliquent que par le désir des Saoudiens de provoquer une brèche dans ce « croissant chiite ». Pour eux, c’est une nécessité stratégique d’autant plus impérieuse que la course pour l’influence en Irak a été gagnée par l’Iran. Mais que pense le premier intéressé de tout ça ? Harcelés par leurs alliés dans la région, les Etats-Unis, toute grande puissance qu’ils sont, se trouvent entre le marteau et l’enclume. Ils sont tiraillés entre les pressions, souvent intenses, de la part de leurs alliés dans la région, surtout Israël, et les impératifs des intérêts nationaux américains consistant dans ce cas de figure à renouer avec un grand pays de la région, avec lequel tout contact est rompu depuis 1979, date de la révolution khomeyniste. Juste après sa rencontre avec Netanyahu lundi dernier à la Maison blanche, Obama, avait fait une déclaration dans laquelle il a menacé l’Iran encore une fois d’une action militaire…Cela fait des années que les responsables américains profèrent de telles menaces chaque fois que qu’ils se trouvent sous la pression d’Israël et son « lobby ». Que le président américain profère de nouveau cette menace habituelle juste une semaine après son « téléphone » avec le président iranien montre le caractère rituel d’une menace qui ressemble fort à une coquille vide, et montre aussi le désir d’Obama de s’épargner les jérémiades habituelles de son hôte israélien, un peu comme on jette un bonbon à un enfant capricieux et mal élevé pour avoir un moment de répit. Mais si les pressions israéliennes et saoudiennes continuent de se faire sentir à Washington, il y a un autre acteur qui semble entrer en jeu et que Barack Obama ne peut pas ne pas prendre en compte. Il s’agit du peuple américain qui, si l’on en croit les sondages, commence à s’intéresser à la politique étrangère de son pays et à peser sur son orientation. On peut dire sans risque d’erreur que si le Congrès n’a pas donné le feu vert requis par Obama pour une intervention militaire en Syrie, c’est parce que la majorité du peuple américain était contre une nouvelle guerre américaine au Moyen-Orient. La majorité des membres du Congrès ont écouté la voix de leur peuple, c'est-à-dire de leurs électeurs plutôt que celle du président, et la guerre voulue par ce dernier n’a finalement pas eu lieu. Juste après la conversation téléphonique entre Obama et Rouhani, un sondage « CNN/ORC International Poll » montre qu’une écrasante majorité des Américains soutient les discussions directes avec l’Iran : 76% pour et 21% contre. On peut dire que c’est un sondage stressant pour les Israéliens et les Saoudiens. Car, cette fois, ils vont avoir du mal à faire aboutir leurs pressions. Après avoir engagé lui-même un processus d’ouverture envers l’Iran, Obama ne peut pas se rétracter et dire à la majorité de son peuple qui soutient ce processus : « je ne peux pas renouer le dialogue avec l’Iran, parce que cela va fâcher Israël et l’Arabie Saoudite»…

Un petit tour du côté de Boston

Un tour dans les grandes villes américaines nous convainc très vite de deux des principales caractéristiques de l’Amérique : la trop grande richesse du pays et la trop petite solidarité entre les Américains. La trop grande richesse frise l’insolence, et la trop petite solidarité dépasse l’indifférence pour se traduire en arrogance. Le monde en général et le monde sous développé en particulier sont très habitués à l’arrogance d’une Amérique ivre de sa richesse et fière jusqu’à l’excès de sa puissante armée qu’elle n’a pas cessé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale d’envoyer guerroyer dans les quatre coins du monde. Corée, Vietnam, Cambodge, Laos, Irak, Afghanistan, Somalie, Serbie et la liste est longue. Mais ce que l’on sait moins, c’est que les Américains sont aussi arrogants les uns vis-à-vis des autres et condescendants les uns vis-à-vis des autres. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un petit tour à Boston, l’une des plus grandes villes américaines située dans l’Etat du Massachussetts dans cette partie du nord-est de l’Amérique appelée New England (Nouvelle Angleterre). En effet, la modestie est loin d’être la première qualité des « Bostonians ». Le ton est donné dès la sortie de l’aéroport. Toutes les voitures immatriculées dans l’Etat du Massachussetts portent des plaques minéralogiques où sont inscrits en haut le nom de l’Etat, au milieu le numéro et, en bas et en italique : « The Spirit of América » (L’esprit –l’essence ?- de l’Amérique). Posez la question à un Bostonien : « Pourquoi vous vous considérez comme l’esprit de l’Amérique ? », et il ne trouvera aucune difficulté à vous donner les réponses convaincantes. D’abord, il vous prendra par la main et vous montrera une vieille bâtisse en brique rouge située à l’avenue Washington et vous dira d’un air fier : « C’est là où fut rédigée la Constitution américaine ». Il vous amènera ensuite dans une place animée et grouillante (la principale place commerciale de Boston), le Faneuil Market, et vous informera que c’est bien là que se sont tenus tous les meetings populaires du XVIIIe siècle contre l’occupation britannique, et c’est dans cette même place Faneuil au centre de Boston qu’est née pour la première fois l’idée d’un Etat américain indépendant. Il vous expliquera ensuite que Boston a la meilleure université (Harvard) et le meilleur institut technologique, le fameux MIT (Massachussetts Institute of Technology), pas seulement en Amérique, mais dans le monde. Il laissera entendre que la technologie est devenue une chose banale depuis belle lurette au Massachussetts. N’est-ce pas à Boston qu’Alexander Graham Bell a inventé le téléphone et qu’il a vérifié lui-même son invention en prononçant la fameuse phrase : « Watson, come here, I need you » (Watson viens ici, j’ai besoin de toi), et que son ami Watson qui était à quelques kilomètres de là, arriva en courant avec le combiné à la main, criant comme un fou « ça marche le téléphone » ? N’est-ce pas à Boston aussi que le 1er septembre 1897, la première rame du métro électrique avait été acclamée à la première lueur du jour par une foule enthousiaste et subjuguée ? Ce fut la première ligne de métro pas seulement à Boston, mais aussi en Amérique, et peut-être dans le monde. Boston donne l’impression d’une ville qui croule sous le savoir. A l’avenue Boylston, la bâtisse majestueuse de la « Public Library » est rendue plus majestueuse encore par la quantité et la quantité impressionnantes de livres qu’elle renferme. La vie culturelle y est intense. Les théâtres, les galeries d’art, la Boston Symphony Orchestra sont parmi les mieux réputés à tel point que Boston, qui n’est plus à un synonyme près, est appelée l’ « Athènes de l’Amérique ». Mais l’« Athènes de l’Amérique » a son côté sombre aussi. Elle a aussi ses pauvres, ses marginaux, ses chômeurs, ses sans-abris. Ceux-ci sont bien moins lotis et bien plus malheureux que leurs homologues, si l’on peut dire, de la Floride ou du Texas où les hivers sont nettement plus cléments que ceux de Boston balayée d’octobre à avril par les vents glaciaux du Grand Nord. Glen James est l’un de ces nombreux sans-abris qu’abrite Boston. Le 14 septembre dernier, il trouve un sac oublié. A l'intérieur : 2 400 dollars en liquide, 39 400 dollars en chèques et un passeport. Compte tenu de son extrême dénuement, Glen James aurait pu considérer la trouvaille comme un signe de la bonne volonté divine de lui venir en aide afin de pouvoir se payer un toit avant l’arrivée imminente du grand froid. Mais Glen James est un SDF pas comme les autres. Il prend le sac et la fortune avec et fonce vers le commissariat de South Bay Mall de Boston. La police bostonienne ébahie, entreprend la recherche du malheureux propriétaire et informe ‘The Boston Magazine’ de l’extraordinaire histoire de ce SDF qui, malgré son dénuement extrême, n’a pas gardé un sou des milliers de dollars cash qu’il a trouvés chez lui, c'est-à-dire dans la rue. Le web s’empare de l’affaire et les internautes de Boston sont en émoi. Glen James devient vite le « héros », le « symbole de l’honnêteté bostonienne ». Il a rendu 40.000 dollars à leur propriétaire, il en reçoit 60.000 collectés sur le web pour « récompenser » l’honnête SDF. Aujourd’hui, Glen James est l’un des hommes les plus honorés de Boston. Par son geste extraordinaire, il a démontré que si l’ « Athènes de l’Amérique » est arrogante et orgueilleuse jusqu’à l’excès, elle peut être aussi très honnête et même un peu généreuse.

Faire plaisir à Montplaisir

Tout d’abord il faut mettre les choses au point. Le président provisoire Moncef Marzouki n’est pas « le premier président arabe légitime », comme il l’a prétendu et continue de le prétendre. Il a été élu membre d’une Assemblée constituante, censée écrire une Constitution au bout d’un an, par 6000 citoyens. Sa présence aujourd’hui au Palais de Carthage, il la doit non pas à son élection par le peuple tunisien, mais disons à la bonne volonté du président d’un parti politique ayant récolté pas plus d’un million et demi de voix sur un corps électoral potentiel dépassant les 7 millions. Une autre précision importante. Moncef Marzouki n’a été désigné président qu’à une condition : accepter une présidence honorifique, symbolique et sans aucune prérogative significative. La preuve irréfutable de cette exigence du mouvement Ennahdha acceptée par l’intéressé est que celui-ci, contrairement à tous les représentants de l’opposition, a voté contre une proposition visant à donner un peu de pouvoir au président de la République. La conclusion logique qui s’impose est que le candidat choisi par Ennahdha a reçu une consigne claire de voter contre l’élargissement des prérogatives du président, s’il tient réellement à la fonction. Tout le monde se rappelle de cette scène étrange et comique à la fois où la main de Marzouki est tendue vers le plafond du palais du Bardo, votant avec les représentants d’Ennahdha, du CPR et d’Ettakattol contre l’élargissement des prérogatives présidentielles. Mais il semble que le président provisoire a reçu une autre consigne stricte qu’il devrait suivre, s’il ne voulait pas être destitué en cours de route : ne pas s’opposer, ne pas critiquer et ne pas émettre de réserves publiquement à l’égard de la politique mise en œuvre par Ennahdha durant toute la période où ce parti est au pouvoir. De toute évidence, cette consigne aussi a été et continue d’être suivie à la lettre. La preuve est que pas une seule fois, en dépit de la politique désastreuse menée par les gouvernements de Hamadi Jebali et Ali Larayedh, le président provisoire et ancien militant des droits de l’homme n’a émis une seule critique, bien au contraire. Tous ses faits, ses gestes et ses déclarations ne visent qu’une chose : être en odeur de sainteté à Monplaisir. Il est vrai, une fois il a déplu à Ennahdha par sa déclaration fracassante comparant les terroristes d’Ansar Charia à des « microbes », mais, 24 heures après, il a dû présenter ses excuses. Pourquoi un président éprouverait-il le besoin de s’excuser d’avoir qualifié des terroristes de microbes, si on ne l’avait pas obligé à le faire ? Non seulement il s’est excusé, mais pour faire oublier son « forfait » à ses bienfaiteurs, il a accueilli au palais de Carthage un groupe de ce qui est appelé « les ligues de la protection de la révolution », donnant un coup sévère au sérieux et au prestige dont devrait être parée la fonction présidentielle. Si l’on passe en revue quelques unes des bourdes du président provisoire, notamment celles en relation avec ses déclarations à l’étranger, on constatera que pratiquement toutes ses déclarations chaotiques faites chaque fois qu’il se trouve en voyage, visent moins à exprimer les convictions d’un ancien militant des droits de l’homme que de faire preuve de zèle un peu excessif dans la gratitude dont il se croit redevable à ceux qui lui ont prêté la clef du palais de Carthage. En voyage en Mauritanie, Marzouki s’est acharné contre l’opposition tunisienne, qualifiant ses critiques de « croassement de corbeaux » ; au Qatar, il a traité l’opposition de tous les noms, allant jusqu’à évoquer la guillotine ; en Allemagne, il a frôlé la vulgarité en affirmant devant des médias médusés « l’opposition qui souhaite voir la troïka crever, elle a crevé avant la troïka » etc. L’histoire dira peut-être un jour que la triste parenthèse de la présidence provisoire de Marzouki se résume en quatre mots : faire plaisir à Monplaisir. Prouver au parti islamiste au pouvoir par des déclarations tonnantes et surtout trébuchantes qu’il est son homme, et que ses compagnons « laïques » d’hier sont ses ennemis d’aujourd’hui Par ses déclarations intempestives et irréfléchies, il a mis en difficulté les relations de la Tunisie avec la France, la Suisse, le Maroc, l’Algérie, et même les Etats-Unis en critiquant au cours d’un voyage au Pérou…l’embargo américain contre Cuba. Il s’est très vite révélé incapable de préserver un minimum de prestige et d’aura à la fonction présidentielle. Ne s’est-il pas laissé humilier sans broncher par l’ex-émir du Qatar Hamad Bin Jassem qui, devant les médias, a eu l’outrecuidance de lui « apprendre comment se tenir en public et comment saluer » ? Ne s’est-il pas fait accueillir par le maire de Genève lors d’un voyage en Suisse, et par le ministre de l’agriculture lors d’un sommet de l’OUA à Addis Abéba en Ethiopie ? Bien loin le temps où le prestige de l’Etat tunisien était au Zénith quand Bourguiba se faisait accueillir à Washington par John Fitzgerald Kennedy et bénéficiait d’un accueil populaire dans les artères de la capitale américaine par le peuple de Washington agitant de petits drapeaux tunisiens et américains… Il est vrai que Bourguiba n’a pas été catapulté à la plus haute fonction de l’Etat par les calculs d’un cheikh ou par les manœuvres politiques d’un parti. Il était le premier président à prendre ses fonctions grâce à l’adhésion de tout un peule, même s’il s’était révélé au fil des ans excessivement autoritaire. Cela dit, les bourdes les plus graves commises par le président provisoire l’ont été avec la Syrie et l’Egypte. Ce sont celles en tout cas qu’Ennahdha a apprécié le plus du fait de leur parfaite conformité avec les positions tranchées de ce parti avec ce qui se passe dans ces deux pays. La bourde syrienne n’a pas seulement de conséquences dramatiques sur le plan des relations d’Etat à Etat qui, subitement, se sont trouvées rompues, mais des conséquences dramatiques sur le plan humanitaire. Des milliers de Tunisiens et de binationaux se sont trouvés soudain livrés à eux-mêmes dans un pays déchiré par la violence. La brutale rupture des relations diplomatiques avec la Syrie a plongé des milliers de Tunisiens en Syrie dans le désarroi. Et l’accueil par la présidence tunisienne de en février 2012 de la conférence des « Amis de la Syrie » a mis des milliers de Tunisiens disséminés dans les villes syriennes en danger. Concernant l’Egypte, la bourde de Marzouki a plongé les relations tuniso-égyptiennes dans une crise profonde. Le discours du président provisoire devant l’Assemblée générale de l’ONU, un forum mondial hautement médiatisé, constitue une incursion intempestive et gratuite dans les affaires intérieures égyptiennes. Que Marzouki, à l’instar de ses alliés du parti islamiste, ressente une profonde frustration du fait de la faillite des Frères musulmans égyptiens, c’est son problème. Mais il n’a aucun droit à mettre le peuple et l’Etat tunisiens en porte-à-faux avec le peuple et l’Etat égyptiens. Que le président provisoire, à l’instar de ses bienfaiteurs nahdhaouis, voit uniquement l’intervention de l’armée pour mettre fin à la tragique expérience du pouvoir islamiste en Egypte, sans voir les 30 millions d’Egyptiens qui priaient les militaires d’intervenir, c’est son problème, mais il a tort de se livrer à une provocation gratuite que le peuple égyptien n’a pas du tout appréciée. Si l’on en juge par les 4% d’intentions de vote dont est crédité le président provisoire, on peut dire que l’avenir politique de l’ex-militant des droits de l’homme est derrière lui. De ce côté-là une bonne partie du peuple tunisien est rassurée. Le problème est que cette triste parenthèse n’est pas prête de se fermer encore, que Marzouki continue de bénéficier, à raison de trente mille dinars par mois, de ce provisoire qui dure et que des bourdes, il y en aura encore.