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Monday, November 30, 2015

Sifflera-t-on enfin la fin de la récréation?

Le mystère autour du crash de l’avion russe avec 224 personnes à bord dans le Sinaï s’est épaissi à la suite des révélations britanniques que l’accident serait dû à une bombe placée à bord avant le décollage de l’aéroport de Charm el Cheikh. Pour soutenir cette hypothèse, les autorités britanniques disent disposer d’informations collectées par leurs services de renseignements. Jusqu’à présent, les Britanniques, qui ont déjà arrêté tous leurs vols reliant la Grande Bretagne à la station balnéaire égyptienne, refusent de partager les précieux renseignements avec les premiers intéressés, c’est-à-dire les Russes, ce qui est pour le moins étonnant et épaissit encore plus le mystère qui entoure ce drame. C’est dans ce contexte lourd, dramatique et mystérieux que le président égyptien Abdelfattah Sissi a effectué jeudi 5 novembre une visite officielle en Grande Bretagne. Cette visite comporte certainement des aspects politiques et économiques qu’ont dû discuter Sissi et Cameron, mais l’aspect le plus dominant de la visite est sans aucun doute l’aspect sécuritaire. En effet, dans toutes les interviews données aux médias britanniques (BBC Arabic, The Daily Telegraph etc.) avant et au cours de la visite, Sissi fait assumer implicitement la responsabilité de l’insécurité sans précédent qui sévit au Moyen-Orient, entre autres, à la Grande Bretagne qui « n’ pas terminé le travail en Libye. » Les dizaines d’actes terroristes sanglants, dont sont victimes la Tunisie et l’Egypte, n’auraient jamais été possibles sans l’intervention catastrophique des avions britanniques, français et américains en Libye en 2011. La fragilisation des économies égyptienne et tunisienne et l’aggravation des conditions sociales de dizaines de millions de citoyens dans les deux pays n’est pas sans lien avec les mauvais choix des Etats britannique, français et américain. Ce sont ces choix qui ont transformé la Libye en paradis pour les terroristes et en enfer pour ses habitants. Ce sont ces choix qui ont eu des répercussions catastrophiques sur les six pays voisins de la Libye, et en particulier la Tunisie et l’Egypte. Le président égyptien a donc parfaitement raison de réclamer à ses hôtes britanniques de « terminer le travail », c'est-à-dire de réparer ce qu’ils ont contribué à briser en aidant les Libyens à se débarrasser du cancer terroriste que les bombes de l’Otan ont répandu dans le pays. Ce que Sissi a réclamé à la Grande Bretagne, doit être réclamé également à la France et aux Etats-Unis. Il faut souligner ici que quand on réclame aux gens de l’Otan de terminer leur travail en Libye, on ne les invite pas à envoyer leurs avions bombarder les repaires terroristes à Sirte, Darna ou Sabrata. Ceci n’a aucun sens, car si les terroristes ont la cruauté de mettre la Libye à feu et à sang, ils ont aussi suffisamment de lâcheté pour se débarrasser de leurs armes, de se raser les barbes et de se fondre dans la foule des anonymes dès l’apparition du danger, comme on l’a vu en Syrie dès les premiers bombardements russes. Avec l’influence dont ils disposent sur la scène mondiale, avec la puissance de leurs services de renseignements, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France sont capables d’arrêter les flux d’argent sale, d’armements et de terroristes vers la Libye. Ces trois pays ont la capacité d’interdire les vols « louches » du Qatar et de Turquie vers la Libye. Ils sont en mesure de signifier une fois pour toute à Erdogan et à l’émir de Qatar qu’ils ont allumé suffisamment d’incendies et qu’il n’est plus tolérable désormais de continuer à jouer indéfiniment avec le feu. Ils sont parfaitement capables d’exiger de l’Etat saoudien de contrôler les flux financiers qui quittent le royaume en direction des concentrations terroristes moyen-orientales. De telles actions sont beaucoup plus efficaces contre le terrorisme que les campagnes aériennes qui tuent beaucoup plus d’innocents que de terroristes. Le problème est que les pays qui sont responsables du désastre sécuritaire que nous vivons rechignent toujours à prendre ces mesures simples, propres et efficaces. On peut comprendre cette réticence de la part des Etats-Unis où la teigne néoconservatrice et les lobbies sionistes continuent de prendre en otage la politique étrangère américaine au Moyen-Orient. Mais il est difficile de comprendre cette réticence de la part de la Grande Bretagne et de la France de dénoncer haut et fort le jeu trouble du trio infernal Qatar-Turquie-Arabie saoudite. Si la thèse de la bombe terroriste à bord du vol russe Metrojet 9268 se vérifiait, 224 personnes innocentes s’ajouteraient à la liste interminable des victimes de ce fléau. Que peut-on faire d’autre sinon compatir avec les familles endeuillées ? Si cette thèse se vérifiait, ce serait une très mauvaise nouvelle non seulement pour le tourisme égyptien, mais pour l’aviation civile mondiale dans son ensemble. Car si avec les mesures de sécurité draconiennes appliquées dans l’aéroport de Charm el Cheikh les terroristes arrivaient à placer une bombe dans un avion, il y aurait là un puissant signal d’alarme indiquant que désormais le trafic aérien international est en danger. Peut-être alors Londres, Paris et Washington se décideront-ils à siffler enfin la fin de la récréation et se retrousseront-ils les manches pour étouffer l’hydre terroriste en commençant par lier les mains de ceux qui la nourrissent.

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