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Monday, November 30, 2015

Terrorisme et calculs inavouables

Depuis l’entrée en action de l’aviation russe contre l’hydre terroriste en Syrie, les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, ne cachent pas leur malaise et ne ménagent pas leurs critiques acerbes contre la Russie dont les frappes aériennes, assurent-ils, ne feront qu’ « aider le terrorisme à s’étendre en Syrie ». La raison invoquée ? « Les Russes sont en train de bombarder l’opposition modérée plutôt que les extrémistes radicaux »… A Washington, Londres et Paris, on s’accroche à ce mensonge comme à une bouée de sauvetage. Les Russes ont mis tout ce beau monde devant le fait accompli, et face à la nouvelle réalité créée sur le terrain syrien par Moscou, la Maison Blanche, 10, Downing Street et l’Elysée n’ont rien pu faire que de recourir à leurs puissantes machines de propagande dans une tentative désespérée de monter l’opinion publique internationale contre la Russie. Selon la propagande américano-franco-britannique, la Russie n’est pas venue combattre le terrorisme, mais aider un « régime sanguinaire » à se maintenir en s’en prenant à « l’opposition modérée », financée par les pays pétroliers du Golfe et entrainée par les Etats-Unis. La réalité sur le terrain est catastrophique pour la réputation occidentale, américaine en particulier, car en termes de destruction des capacités combatives des terroristes en Syrie, la Russie a fait en une semaine beaucoup plus que n’a fait en un an la « coalition de 60 pays » menée par Washington. Le malaise occidental pourrait évoluer en cauchemar, si les Russes parvenaient en quelques semaines à réduire sensiblement la force et l’agressivité de l’hydre terroriste. La défaite de la stratégie occidentale serait spectaculaire, si les forces syriennes reprenaient les positions stratégiques occupées par l’ « Etat islamique » et « Annusra ». Pourquoi une telle perspective est-elle cauchemardesque pour Washington, Londres et Paris. Pour deux raisons : d’abord ils risquent de se trouver dans une situation des plus embarrassantes face à l’opinion internationale qui ne pourra pas s’empêcher de comparer les résultats en quelques semaines de l’intervention russe à ceux en treize mois de l’intervention de la « coalition de 60 pays » et de tirer par conséquent les conclusions logiques qui s’imposent ; ensuite une telle perspective est annonciatrice de l’échec de la stratégie occidentale au Moyen-Orient pour qui le terrorisme est moins un fléau à détruire qu’un facteur, malfaisant certes, mais exploitable dans des calculs politiques et stratégiques inavouables. La réalité de ces calcules inavouables est corroborée par un certain nombre de faits concrets que Washington n’a rien pu faire pour cacher. Il y a tout d’abord, cette question de l’ « opposition modérée » qui, à la lumière des récentes informations, vient de se transformer en mascarade alimentant les plaisanteries et les commentaires sarcastiques. Comment peut-il en être autrement quand le Pentagone lui-même reconnaît que de « la première classe des nouvelles forces syrienne », dite « Division 30 », entrainée, armée et envoyée en Syrie, « il ne reste que 4 ou cinq individus », le reste ayant rejoint avec armes et bagages les groupes terroristes de l’ « Etat islamique » ou d’ « Annusra ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, n’a-t-il pas raison de demander sur un ton mi-figue-mi-raisin l’adresse de cette « opposition modérée » ? La réalité de ces calculs inavouables a été dévoilée également par WikiLeaks dont les 7000 câbles diplomatiques relatifs à la Syrie révèlent que les Etats-Unis ont dépensé, entre 2006 et 2010, douze millions de dollars pour financer « les manifestations et la propagande contre le régime syrien. » La réalité de ces calculs inavouables a été également dévoilée par Seymour Hersh. Le plus célèbre des journalistes d’investigation américains révéla que « les présidents américain, Obama, et turc, Erdogan, ont signé début 2012 un accord secret en fonction duquel la CIA et le MI6 britannique opèreraient un transfert massif d’armement lourd de Libye vers la Syrie pour armer les rebelles de l’armée libre syrienne. » Selon Seymour Hersh, « la couverture politique et diplomatique » de cette opération de transfert massif d’armement était assurée à Benghazi par Chris Stevens, le « diplomate » assassiné par ceux-là même que l’Otan et Washington ont aidé à renverser le régime du colonel Kadhafi… Mais la révélation la plus éclatante de Seymour Hersh dans ce dossier est la suivante : « la stratégie formulée dans les dernières années de BushII et poursuivie par l’administration Obama consiste au fait que les jihadistes radicaux devraient être utilisés de manière similaire à celle mise en place en Afghanistan dans les années 1980, c’est-à-dire servir en tant que soldats sur le terrain pour le compte des Etats-Unis en Syrie. » Qui, avec toutes ces révélations, va s’étonner encore qu’après plus d’un an de bombardements américains, les terroristes n’ont rien perdu de leurs forces ni des territoires qu’ils dominent en Irak et en Syrie ?

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