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Monday, November 30, 2015

Recettes pour éradiquer le terrorisme

Les attaques perpétrées par les terroristes daéchiens contre des citoyens français à Paris ont surpris par leur ampleur et non par leur déroulement. Au point où nous en sommes, nul ne peut désormais s’étonner d’une action terroriste où qu’elle se produise. Il y a quatorze ans, les Etats-Unis ont subi la plus terrible attaque terroriste de leur histoire un certain 11 septembre 2001. Depuis, l’armée américaine n’a pas arrêté de mener sa « guerre globale contre le terrorisme ». Après toutes ces années, non seulement le terrorisme est loin d’être vaincu, mais plusieurs pays ont eu, à l’instar des Etats-Unis, la plus grand attaque de leur histoire : l’Espagne et le Maroc en 2004, la Grande Bretagne, l’Australie et l’Indonésie en 2005, la Tunisie, la Russie et la France en 2015, sans parler de l’Irak, de la Syrie et de la Libye devenus, grâce aux erreurs monumentales des politiques occidentales, de véritables usines de production de la terreur à très grande échelle. Le président François Hollande, réagissant aux attentats qui ont endeuillé son pays avec une émotion tout à fait compréhensible, a affirmé : « Nous sommes en guerre, et nous mènerons une guerre sans répit contre le terrorisme ». Le président français et la classe politique française dans son ensemble ne peuvent pas ignorer que « la guerre contre le terrorisme » n’a pas aidé la France à prévenir en janvier et novembre de cette année deux des actions terroristes les plus meurtrières de son histoire. La « guerre globale contre le terrorisme » initiée par Bush II a, pendant quatorze ans, nourri le fléau au lieu de l’éradiquer. Et c’est ainsi que cette guerre globale contre le terrorisme s’est transformée progressivement et inéluctablement en menace globale du terrorisme pour le monde entier. Certes, les Etats-Unis n’ont eu aucune attaque significative depuis septembre 2001. Et ce qui les a protégés, ce n’est pas leur « guerre globale contre le terrorisme », mais les deux immenses océans infranchissables par les terroristes. Maintenant que devons-nous faire face à cette terrifiante menace qui n’épargne plus aucun pays européen, africain, asiatique ou moyen-oriental ? La stratégie américaine s’étant révélée désastreuse, il est grand temps de l’abandonner et de mettre en place une autre stratégie qui ne se contente pas de traiter les symptômes, mais d’aller tout droit à la racine du mal. Pour vaincre le terrorisme, on ne doit pas se contenter de traquer les pauvres bougres qui ont subi un lavage de cerveau en règle avec la lessive daéchienne. On arrivera jamais à les neutraliser entièrement si on ne va pas à la racine du mal. On ne peut pas tuer un arbre maléfique en se contentant de lui couper les branches qui ne tardent pas à repousser. Ce sont les racines qu’il faut couper. Pour le terrorisme, c’est la même chose. La capacité de recrutement des organisations terroristes dépasse la capacité des divers services de sécurité d’en éliminer les membres. Que veut dire aller à la racine du mal ? Tout d’abord arrêter de s’en prendre à des gouvernements établis sous prétexte qu’ils sont dictatoriaux ou qu’ils maltraitent leurs peuples, comme ce fut le cas pour l’Irak et la Libye et comme on tente encore de le faire en Syrie. Le prétexte est fallacieux et d’une hypocrisie consternante. Car enfin en quoi l’Arabie saoudite est plus démocratique et plus respectueuse des droits de l’homme que la Syrie de Bachar al Assad ? Et si les manifestations de mars 2011 contre le président syrien s’étaient déroulés en Arabie saoudite contre la royauté, comment aurait réagi les autorités saoudiennes ? La réponse est évidente. La deuxième chose à faire, c’est d’obliger les pays de Golfe d’interdire les dizaines de chaines de télévision takfiristes qui empoisonnent les esprits de millions de jeunes gens et de clouer le bec à ces cheikhs écervelés pour qui l’humanité entière est impie tant qu’elle ne suit « la bonne voie » tracée par le wahhabisme. La troisième chose à faire, c’est d’étouffer financièrement le terrorisme, en le privant de l’argent du pétrole qu’il exploite en Irak et en Syrie, et en le privant surtout de l’autre argent du pétrole généreusement et massivement offert par les richards fanatiques d’Arabie saoudite, du Qatar et du Koweït. La quatrième chose à faire, c’est de dévoiler à l’opinion publique internationale, qui s’en doute un peu d’ailleurs, le jeu à la fois fourbe et dangereux de certains Etats qui, pour se débarrasser du régime syrien, ont financé, armé et facilité l’expansion du terrorisme. A l’ouverture de la réunion du G20 à Antalya en Turquie le dimanche 15 novembre, les téléspectateurs ont pu assister à une scène pathétique : le président turc Recep Tayyip Erdogan exhortait ses invités à faire « l’unanimité contre le terrorisme ». Tout le monde sait que pendant quatre ans, le chef islamiste de Turquie a été l’un des principaux obstacles à cette unanimité contre le terrorisme à laquelle il appelle aujourd’hui. L’unanimité contre le terrorisme ne se fait pas par des discours démagogiques, mais par l’action concrète. Si M. Erdogan s’est enfin rendu compte de ses erreurs monumentales des quatre dernières années et veut œuvrer sincèrement pour l’unanimité contre le terrorisme, il doit commencer par fermer immédiatement sa frontière avec la Syrie, empêcher les terroristes d’y entrer et arrêter ceux qui la fuient et les livrer à ceux qui les réclament. Enfin, il doit prouver sa nouvelle ardeur antiterroriste en orientant ses bombes vers Daech et compagnie plutôt que vers les Kurdes.

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