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Thursday, December 31, 2009

Les années se suivent et se ressemblent

L’année 2009 tire à sa fin. Globalement, elle n’a été ni meilleure ni pire que sa précédente. Toutefois, elle se termine bien mieux qu’elle n’a commencé.
Ses débuts, on se rappelle, ont été un peu trop durs.
La planète était secouée par une crise financière jamais vue depuis 1929, et l’armée israélienne, «la plus morale du monde» selon ses chefs, avait mobilisé son armement le plus sophistiqué, ses avions de combat les plus performants et ses bombes les plus dévastatrices contre des civils sans défense, tuant femmes et enfants par centaines, et détruisant maisons, écoles et hôpitaux par milliers.
L’agression israélienne contre Gaza qui, en fait, a commencé le 28 décembre 2008, ne s’est terminée que le 18 janvier, quelques heures avant l’entrée de Barack Obama à la Maison-Blanche. Un an après, le blocus est toujours en place et aucun matériau de construction n’est autorisé à entrer dans la bande de Gaza pour reconstruire ce que les Israéliens ont détruit. Pas même le verre pour les fenêtres dont le mètre carré se négocie au marché noir de Gaza autour de 200 dollars…
Le 20 janvier, les Etats-Unis ont installé officiellement un nouveau locataire à la Maison-Blanche. L’événement avait revêtu des dimensions planétaires pour deux raisons : d’abord il s’agit du premier président noir dans l’histoire américaine, ce qui n’est pas une mince affaire; ensuite, il remplace George W. Bush, le pire président de l’histoire américaine, dont le départ étaitsaluépar un soupir de soulagement universel.
L’arrivée de ce jeune président, plein de bonne volonté, plein d’idées nouvelles qui tranchent dans bien des cas avec celles de son prédécesseur, a soulevé de gros espoirs à la mesure des gros problèmes du monde.
Toutefois, ces gros espoirs soulevés allaient s’évaporer assez rapidement pour céder la place à la déception ou, dans le cas des Palestiniens, à l’amertume. Le discours du 4 juin au Caire était oublié aussitôt, et l’homme qu’on souhaitait voir faire régner enfin la justice au Moyen-Orient, n’a même pas pu aller jusqu’au bout d’une exigence banale : l’arrêt de la construction dans les colonies qui continuent de s’élargir à un rythme effréné. Obama a vite fait de tourner le dos au processus de paix dont le blocage s’est fortement compliqué avec l’arrivée au pouvoir en Israël de Benyamin Netanyahu. Il est vrai que le Président américain a d’autres problèmes qui, pour les Etats-Unis, sont beaucoup plus urgents à résoudre que la question palestinienne : crise financière et économique, sécurité sociale et, bien sûr, les guerres d’Irak et d’Afghanistan.
Pour l’Irak, l’année 2009 n’a été ni pire ni meilleure que 2008, bien que le nombre des victimes ait diminué un peu. Un semblant de stabilité prévaut, mais les attentats continuent avec un rythme quasi quotidien, même si leur nombre et leur gravité n’ont rien à voir avec ceux des attentats de 2006 et 2007.
Pour l’Afghanistan, l’année 2009 s’est révélée la plus désastreuse en termes de victimes civiles et de morts parmi les forces étrangères depuis le début de la guerre en 2001. Il a remplacé l’Irak à latête des priorités de la politique étrangère américaine. Le Président Obama a pris tout son temps avant de décider d’envoyer finalement 30.000 soldats supplémentaires. Mais rares sont ceux qui pensent que ce nouveau contingent est en mesure de faire la différence en renversant la tendance. Les talibans afghans sont plus déterminés que jamais et les perspectives ne sont guère rassurantes pour les forces américaines et celles de l’Otan.
L’année qui s’écoule a vu l’aggravation spectaculaire de la situation au Pakistan où les talibans semblent avoir juré la perte de l’Etat pakistanais. Celui-ci a mis du temps à se décider pour affronter le danger taliban. Il a finalement envoyé son armée nettoyer la vallée du Swat. Encouragée par ce premier succès, l’armée a poussé son avance au Waziristan où elle s’est engluée dans un terrain montagneux. L’issue des combats est toujours incertaine. En dehors des zones de combat, les talibans envoient quotidiennement depuis des mois leurs kamikazes dans différentes villes pakistanaises se faire exploser dans les mosquées, les casernes et les bâtiments publics. Les pays occidentaux sont de plus en plus inquiets que les talibans ne déstabilisent le pays et ne s’emparent des armes nucléaires.
L’année qui s’écoule a vu également l’aggravation tout aussi spectaculaire de la situation en Iran où, depuis juin dernier, les manifestations sont quasi quotidiennes. En décembre, la situation s’est fortement dégradée. Le jour de l’Achoura, plusieurs morts et blessés ont été dénombrés et des centaines d’arrestations annoncées sur les sites internet de l’opposition. Il est peu probable que les choses se calmeront bientôt et l’année 2010 est, selon beaucoup d’observateurs, porteuse de gros dangers pour la stabilité du pays. Quant au dossier nucléaire qui oppose l’Iran aux pays occidentaux, l’année s’est achevée sans que l’on enregistre le moindre progrès.
L’Asie a vu en 2009 l’extinction d’un foyer de tension majeur au Sri Lanka. Après des décennies de guerre endémique qui a fait 70.000 morts, les forces gouvernementales ont finalement réussi à mettre hors de combat les Tigres tamouls.
L’Afrique continue sur la voie de la régression. Les pays subsahariens ne savent toujours pas comment faire face aux fléaux des épidémies, des guerres civiles et du sous-développement. Les coups d’Etat continuent d’ensanglanter le continent. Le dernier exemple est celui de la Guinée dont les militaires, quelques mois après la prise du pouvoir, ont commis un massacre dans un stade de Conakry que l’ONU a qualifié de «crime contre l’humanité».
En Amérique du Sud, le coup de force contre le président du Honduras, Manuel Zelaya, a aggravé la tension dans la région où le Venezuela et la Colombie sont à couteaux tirés et le Chili et le Pérou se regardent en chiens de faïence. Quant à Cuba, le blocus imposé contre elle par les Etats-Unis depuis près d’un demi-siècle est toujours en place, et l’arrivée d’Obama n’a rien changé à l’ordre des choses.
L’Europe, comme d’habitude, continue de jouir de son statut de continent paisible et prospère. L’adoption le 1er décembre du Traité de Lisbonne va lui permettre de continuer sur sa lancée unioniste et intégrationniste.
Côté catastrophes naturelles, le nombre des victimes est en forte baisse en 2009 par rapport aux années précédentes, mais les dégâts matériels sont énormes. D’après le réassureur allemand Munich Re, ils se chiffrent à 50 milliards d’euros.
Les inquiétudes face au changement climatique ont augmenté en 2009, mais, visiblement, elles ne sont pas suffisamment fortes au point d’assurer le succès du sommet climatique de Copenhague. Le sommet était un échec lamentable. La conclusion à tirer est que les intérêts économiques privés sont encore plus déterminants en termes de prise de décision que les dangers qui guettent les hommes et leur planète.
Terminons sur une note positive. La grippe A ( H1N1) a provoqué une panique universelle en 2009. Les catastrophistes prévoyaient des millions de morts. Bien qu’elle ait touché 200 pays et provoqué 10.000 morts, elle n’a pas atteint les ravages de la grippe saisonnière normale. La directrice de l’OMS a estimé il y a trois jours qu’il est trop tôt pour crier victoire. Ne crions pas victoire, mais disons qu’on l’a échappé belle. Bonne année.

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