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Wednesday, December 09, 2009

Le terrorisme, la guerre et la Constitution américaine

Le 19 août 2009 : une double attaque suicide à proximité des ministères des Affaires étrangères et des Finances à Bagdad causa de grands dégâts, tua 95 personnes et blessa plus de 600 autres. Le 25 octobre 2009 : le cœur du gouvernement irakien était à nouveau la cible d’attaques. Cette fois, c’est le ministère de la justice et le siège du gouvernorat de Bagdad. Bilan : 155 morts et plus de 500 blessés, sans compter les immenses dégâts matériels. Le 8 décembre 2009 : cinq attaques à la voiture piégée coordonnées ont dévasté des institutions gouvernementales dans divers quartiers de Bagdad. Le bilan est tout aussi tragique : 130 morts et 450 blessés.
Face au caractère répétitif de l’horreur, les blessés et les parents des morts croient qu’il s’agit là d’une une malédiction qui s’abat sur eux et sur leur ville. Une Irakienne blessée dans les attentats de mardi dernier, le visage tordu par la douleur, levait ses yeux au ciel et se demandait « quand prendra fin cette malédiction ? »
Evidemment il ne s’agit pas de malédiction et le ciel n’a rien à voir avec ces horreurs engendrées par des actes terroristes eux-mêmes n’ayant rien à voir avec la résistance. Des actes planifiés par des esprits nihilistes qui ont le culte de la mort et de la destruction et la phobie de la vie et des attitudes constructives.
Les terroristes qui opèrent en Irak sont de la pire espèce que le monde ait jamais connue pour trois raisons. D’abord, ils sont lâches parce qu’ils n’osent pas affronter leurs vrais ennemis, c'est-à-dire les forces armées américaines et irakiennes. Ensuite parce que non seulement ils s’attaquent aux civils innocents, mais ils choisissent le temps et l’endroit où il y a le maximum de citoyens pour tuer le plus grand nombre possible. Enfin, ces terroristes-tueurs n’ont aucun programme politique et aucune perspective d’avenir. Leur but dans la vie est de s’attaquer à celle des innocents en faisant exploser leurs engins piégés dans les marchés bondés, les mosquées à l’heure de la prière ou en face des bâtiments publics dans les heures de grande affluence.
Comparés à ces auteurs de crimes massifs, les terroristes du pays basque espagnol, qui téléphonent à la police pour l’informer du lieu et de l’heure de l’explosion en lui donnant le temps d’évacuer les gens, font figure de héros qu’on aurait presque envie d’applaudir.
Les terroristes qui opèrent en Irak (nul ne sait avec certitude s’ils sont irakiens, étrangers ou mixtes) n’ont visiblement plus les moyens des années 2004, 2005 et 2006 où ils pouvaient tuer en moyenne 3000 civils par mois. Ils semblent adapter leur nouvelle « stratégie » aux moyens humains et matériels réduits dont ils disposent désormais. Plutôt que de faire parler d’eux tous les jours, les terroristes se terrent et préparent tous les deux ou trois mois une action spectaculaire qui mettrait en émoi le gouvernement et le peuple irakiens.
Les cinq attentats de mardi dernier ont été perpétrés juste deux jours après l’annonce de l’accord tant attendu entre les diverses composantes du parlement irakien qui a finalement voté la loi électorale et fixé les prochaines élections législatives au 27 février 2010. Ces attentats ressemblent à terrifiant cri de désespoir de la part des terroristes qui paniquent face à ces signes de réconciliation de la société irakienne qu’ils ont tenté des années durant de disloquer et de désintégrer.
Cela dit, on ne rappellera jamais assez que l’expansion spectaculaire de ce terrorisme nihiliste en Irak, en Afghanistan et au Pakistan est le résultat direct des erreurs tragiques commises par les administrations américaine et britannique sous George W. Bush et Tony Blair, l’un et l’autre ayant fait une fixation pathologique sur le régime de Saddam Hussein. L’un et l’autre ayant menti sciemment à leurs peuples et au monde sur les prétendues armes de destruction massive et sur la prétendue capacité de l’armée irakienne de les utiliser en seulement …45 minutes.
Le plus pathétique, alors leurs décisions désastreuses, à la manière des réactions en chaîne, continuent de semer la mort et la destruction du Golfe jusqu’à l’Hindu Kush, les deux hommes coulent des jours heureux, l’un au Texas, l’autre en sillonnant le monde et en accumulant les millions de dollars, prix de ses conférences et de …ses conseils. Le Britannique, comme si de rien n’était, a même eu l’outrecuidance de présenter sa candidature pour le poste de président de l’Union européenne. On attend avec impatience l’élargissement du champ de vision du procureur Luis Moreno Ocampo qui, pour le moment, ne voit pas au-delà du Darfour.
On a souvent écrit et répété que la guerre imposée par Bush et Blair à l’Irak était contraire à la loi internationale. Mais on a rarement évoqué l’autre vérité que cette guerre a également été menée en violation de la Constitution américaine. Les pères fondateurs, considérant que la guerre est une chose trop sérieuse et trop grave, ont confié les prérogatives de son déclenchement au parlement. Or, si l’on se réfère aux cent dernières années, on constatera que deux guerres seulement ont été précédées d’une déclaration du Congrès, comme le veut la Constitution : celles de 14-18 et de 39-45 du siècle dernier. Toutes les autres, y compris les plus désastreuses (Vietnam, Irak, Afghanistan) ont été décidées par l’Exécutif qui, sous la pression écrasante des différents lobbies, a réussi à marginaliser le Congrès, le transformant en une chambre d’enregistrement et de vote des crédits pour des guerres qu’il n’a pas décidées.
Cette dérive catastrophique se poursuit aujourd’hui. L’Exécutif et les lobbies, loin de tirer les leçons des désastres irakien et afghan, sont en train de recourir aujourd’hui avec l’Iran aux mêmes procédés utilisés hier avec l’Irak. Les tambours de guerre contre le régime iranien, s’ils ne sont pas encore assourdissants, sont parfaitement audibles. Il est plus que temps que le Congrès reprenne ses prérogatives de déclaration de guerre et de la déclencher uniquement quand les intérêts vitaux américains sont menacés et non quand le désirent les lobbies au service d’intérêts étrangers.

1 Comments:

Blogger أنيس said...

Rendre les actes terroristes d'alqaida comme produits de Bush et de Blair est un raccourci un peu simpliste qui légitimerait les types de régimes dictatoriaux.

A mon avis le problème est beaucoup plus profond: manque structurel d'éducation, abscence de sentiment de citoyenneté et de justice, pas de démocratie, place propondérente de la religion dans la vie publique, abscence de libertés (et aussi de tolérence), pauvreté, inégalités
à mon avis sont les ingrédients présents en force dans notre sphère géographique arabo-musulmane.

La guerre des américains n'a été que la goute qui a fait débordé le vase.
D'ailleurs il n'a pas fallu d'une intervention étrangère pour que les libanais s'éttripent lors de leur honteuse guerre civile.

Quand les américains avaient occupé l'Allemagne et le Japon tout ceci s'est passé autrement car les citoyens allemands ou japonais savent très bien que les forces étrangères étaient là pour rester. Autant dans ce cas se serrer les coudes et penser à l'avenir: les US sont devenus des alliés de ces pays (alors que le Japon a bien reçu 2 bombes atomiques).

Tout ceci est de la stratégie: le nihilisme des salafistes les mène droit au mur car qui voudra embrasser un jour la cause de tueurs d'enfants ?
Que tout ceci nous serve de leçons !

12:57 PM  

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