airelibre

Wednesday, October 28, 2009

En attendant le remède-miracle

Le monde vit depuis plus de longues décennies avec la souffrance des Palestiniens comme s’il s’agit d’un homme atteint d’une maladie de longue durée. Une maladie douloureuse qui empoisonne sa vie, mais que personne ne peut ou ne veut rien faire pour lui. Certes, on s’occupe de lui de temps en temps, on lui donne des calmants, on lui fait croire que les chercheurs se réunissent plus ou moins régulièrement dans leur laboratoire pour trouver le remède à son mal. Mais le remède se fait attendre.
C’est que le virus qui est à l’origine du mal est un peu spécial. Il est plus fort que le système immunitaire du malade, plus fort que les médicaments. Afin d’empêcher que le malade ne se relève un jour, ne se fraye un chemin et ne mène une vie normale parmi les hommes, le virus infecte chaque jour un peu plus de cellules et affaiblit un peu plus le malade. Le virus est un peu spécial parce qu’il s’arrange non seulement à neutraliser durablement le système immunitaire du malade, mais a la force de neutraliser aussi tous les remèdes qui lui sont proposés et qui viennent de l’étranger.
Le monde vit depuis plus plusieurs décennies avec la tragédie palestinienne comme avec un problème qui n’a pas de solution. Comme s’il s’agit d’une fatalité contre laquelle les lois humaines et les tribunaux internationaux ne peuvent rien. Certes, on s’occupe des Palestiniens de temps en temps, on leur donne de l’aide, on leur fait croire qu’il y a des hommes qui se réunissent plus ou moins régulièrement dans le cadre du Quartet ou à Annapolis ou à Genève ou à New York pour trouver la formule magique qui résoudrait leur problème. Mais la solution se fait attendre.
C’est que le pays qui est à l’origine du mal est un peu spécial. Il est plus fort que le système international censé protéger les faibles, plus fort que les lois et les résolutions qui le composent. Afin d’empêcher que les Palestiniens ne se relèvent un jour, ne créent leur Etat et ne mènent une vie normale parmi les nations, le pays en question étend chaque jour un peu plus ses colonies et rend chaque jour un peu plus improbable la création de l’Etat palestinien. Le pays en question est un peu spécial parce qu’il s’arrange non seulement à neutraliser durablement la résistance palestinienne, mais a la force de neutraliser toutes les idées et les propositions de solution qui viennent de l’étranger.
La dernière idée en date qu’Israël a réussi à neutraliser est la proposition du président Obama consistant à geler la construction des colonies pour quelques mois, le temps de reprendre les négociations israélo-palestiniennes qui, soit dit en passant, depuis la conférence de Madrid de 1991 jusqu’à ce jour, n’ont abouti à aucun résultat. Tout le monde retenait son souffle pour voir comment les Etats-Unis sous l’égide d’Obama allaient faire céder Israël sur un détail, insignifiant du reste, car la solution ne réside pas dans le gel des constructions programmées, mais dans le démantèlement des constructions érigées déjà sur des terres occupés par la force et confisquées à leurs propriétaires.
L’issue était plutôt étonnante, car même sur une demande insignifiante, les Etats-Unis se sont révélés incapables de faire céder Israël. C’est le contraire qui s’est produit puisque c’est celui-ci qui a fait reculer ceux-là. De sorte que, maintenant, au sein de l’administration Obama, il est interdit de prononcer le mot « gel », remplacé par un mot moins déplaisant pour Israël : « retenue ».
On comprend la consternation des Palestiniens qui, ayant trop misé sur la capacité du nouveau président américain à faire reculer Benyamin Netanyahu, le regardaient, médusés, reculer lui-même face à l’entêtement du Premier ministre israélien. Déçus, les Palestiniens ont eux-mêmes fini par baisser la barre de leurs revendications de départ pour reprendre les négociations. « Si l’administration du président Obama ne peut forcer Israël à honorer ses engagements, elle doit annoncer qu’Israël est la partie qui fait obstruction au déroulement des négociations de paix », a affirmé, en désespoir de cause, Saeb Erekat.
Sa demande n’a aucune chance d’aboutir et l’administration du président Obama a toutes les raisons de garder le silence. Car si le juge Richard Goldstone, Sud-Africain de confession juive, a été accusé d’ « antisémitisme » simplement pour avoir consigné dans son rapport sur la guerre de Gaza ce que tout le monde sait déjà, comment Obama ne ferait-il l’objet de la même accusation s’il affirmait qu’ « Israël est la partie qui fait obstruction au déroulement des négociations de paix » ? L’épée de Damoclès de l’antisémitisme n’épargne pas ceux qui tiennent des propos plus anodins.
Le plus étonnant est que le monde se laisse encore impressionner par une telle épée de Damoclès si rouillée, si usée qu’elle couvre plus ses utilisateurs de ridicule qu’elle ne fait de mal à ceux qui subissent ses attaques. Le juge Goldstone a ridiculisé ses accusateurs en leur signifiant qu’étant juif et ayant fait son travail consciencieusement, il ne voit pas comment il pourrait être antisémite.
De fait, le vrai antisémitisme qui sévit aujourd’hui au Moyen-Orient est celui dont sont victimes les Palestiniens. Ils sont sémites et ils subissent depuis des décennies un calvaire qui, en termes d’injustices et de souffrances, n’a rien à envier à celui vécu par les Juifs sous le troisième Reich. En attendant le remède-miracle, les Palestiniens demeurent l’Homme malade du Moyen-Orient et Israël le virus rétif à tout médicament.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home