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Saturday, September 12, 2009

Présidents pères et fils

Les Américains ont célébré hier dans la tristesse le huitième anniversaire du drame des attentats du 11 septembre dont les conséquences continuent de marquer non seulement les Etats-Unis, mais le monde entier. La malchance était double en ce 11 septembre 2001. D’abord les terroristes ont réussi des coups spectaculaires dont les effets et l’impact ont dépassé leurs rêves les plus fous. Ensuite le drame a eu lieu sous la présidence d’un homme, George W. Bush, qui s’est révélé être, de l’avis de la plupart des historiens, le président le plus incompétent dans l’histoire du pays.
L’incompétence de ce président a joué un rôle amplificateur des effets tragiques des attentats. L’extraordinaire capital de sympathie, y compris dans le monde musulman, dont a bénéficié l’Amérique au lendemain des événements a été peu à peu dilapidé. Même les ennemis irréductibles des Etats-Unis, comme l’Iran ou la Russie, se sont alignés derrière Washington dans sa terrible épreuve, et Téhéran est allé jusqu’à coopérer étroitement, sur le plans des renseignements notamment, pour aider l’armée américaine à venir à bout rapidement du régime des talibans.
L’incompétence de George W. Bush a forcé les Etats-Unis à s’engager dans une impasse et à mener pendant des années une politique paradoxale consistant à livrer une « guerre globale contre le terrorisme » tout en servant ce même terrorisme, rendant ainsi des services inestimables à Al Qaida, une divine surprise pour la nébuleuse de Ben Laden. Celui-ci n’avait sûrement pas imaginé, même dans ses rêves les plus délirants, un tel service en contre partie des attaques perpétrées contre le World Trade Center à New York et le Pentagone dans la banlieue de Washington.
Quand le 7 octobre 2001 l’armée américaine avait engagé ses bombardiers contre le régime des talibans qui avait refusé de livrer Ben Laden à Washington, il y avait une quasi-unanimité universelle sur le droit des Etats-Unis de se défendre et de pourchasser ceux qui avaient massacré 3000 citoyens américains en quelques minutes.
Mais très vite il était devenu évident que ce qui intéressait l’équipe de Bush ce n’était pas de défendre le pays contre le terrorisme et de tuer ou capturer les responsables des attentats du 11 septembre, mais de les utiliser comme prétexte pour régler de vieux comptes avec le régime de Saddam Hussein qui non seulement n’avait rien à voir avec Al Qaida, mais était un barrage que les terroristes n’avaient jamais pu franchir, barrage qui, il faut le rappeler, faisait de l’Irak jusqu’au 20 mars 2003 l’un des pays les plus sûrs et les plus stables de la
planète.
Bush père a commis une erreur stratégique monumentale en tournant le dos à l’Afghanistan après la défaite de l’Union soviétique. Le vide soudain a été très mal exploité par les factions afghanes qui n’avaient pu s’empêcher de s’entretuer pour le pouvoir. L’anarchie provoquée par la guerre inter-afghane a ouvert la porte aux terroristes de tout acabit qui convergeaient vers le pays pour y établir leurs camps d’entraînement et y tisser leurs réseaux.
Bush fils avait commis une erreur plus monumentale encore que celle de son père en changeant la nature du 11 septembre de motif légitime de poursuivre les terroristes et de les éliminer en un prétexte de régler des comptes avec un pays qui n’avait rien à voir avec l’agression terroriste spectaculaire subie par les Américains.
Si l’erreur de Bush père a fait de l’Afghanistan un pays durablement instable et anarchique, celle du fils a élargi la zone d’instabilité et d’anarchie vers l’ouest en agressant gratuitement l’Irak. Le fils a eu l’occasion de réparer l’erreur du père en nettoyant le pays du régime moyen-âgeux des talibans et des terroristes d’Al Qaida, et en aidant les Afghans à reconstruire leur pays. Il a préféré tourner le dos au bourbier créé par l’erreur de son père et créer son propre bourbier autrement plus coûteux pour les intérêts américains.
Les erreurs combinées des Bush père et fils font que depuis des années l’armée américaine, aidée par ses alliés de l’Otan, est engagée dans une guerre sur deux fronts qui continuent de saigner à blanc les Etats-Unis, sans parler du calvaire sans fin enduré par les millions d’Irakiens et d’Afghans.
A défaut d’être interpellés par la justice pour rendre compte des dommages occasionnés eux intérêts stratégiques de leur pays, George H. Bush et George W. Bush seront sans doute interpellés par l’histoire qui ne manquera pas de les clouer au pilori.
L’histoire américaine a connu deux autres présidents père et fils. John Adams était le deuxième président (1797-1801) et son fils John Quincy Adams, sixième président (1825-1829). Les Adams père et fils sont vénérés par les Américains et encensés par l’histoire, car ils sont classés parmi les « pères fondateurs ». Leurs principes et leurs conseils n’ont pas été toujours pris en compte. Par exemple ce conseil mémorable donné par John Quincy Adams à ses concitoyens : « L’Amérique ne s’aventure pas à l’étranger en quête de monstres à détruire. Elle souhaite la liberté et l’indépendance de tous ; elle n’est le champion que de la sienne propre. Elle sait bien que si jamais elle se rangeait, ne serait-ce qu’une fois, sous d’autres bannières que la sienne, fussent-elles celles de l’indépendance d’autres peuples, elle s’impliquerait sans pouvoir s’en extraire dans toutes les guerres d’intérêt et d’intrigue, d’avarice individuelle, d’envie et d’ambition, qui adopteraient les couleurs et usurperaient l’étendard de la liberté. Elle pourrait devenir le dictateur du monde. Elle ne serait plus maîtresse de son esprit. »
Si le fils Bush avait suivi ce sage conseil du fils Adams, l’Amérique serait dans de bien meilleures conditions.

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