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Wednesday, July 01, 2009

L'aide américaine à Israël: Washington dans l'impasse

D’habitude, l’octroi de l’aide américaine annuelle à Israël est une formalité qui passe inaperçue parce qu’elle relève de la routine et emprunte des circuits si bien huilés qu’elle n’a jamais rencontré de problèmes. Cependant, le 17 juin dernier, après que le gouvernement des Etats Unis ait déposé pour approbation au Congrès le projet d’aide à Israël pour l’année 2010 d’une valeur de 2, 775 milliards de dollars, des groupes de pression anti-guerre ont bougé pour tenter de provoquer une suspension de cette aide ou au moins sa subordination à la non utilisation par l’armée israélienne d’armes américaines qui ont tué pas moins de 3000 Palestiniens durant les deux mandats de George W. Bush.
La démarche des groupes anti-guerre était inhabituelle. Le sous-comité de l’aide étrangère au Congrès était si surpris et embarrassé qu’il ne savait pas trop que faire. Les plus pro-israéliens, et ils sont nombreux pour ne pas dire légion, au Congrès ont dû être excédés, car, si celui-ci ne peut plus approuver tranquillement et discrètement l’aide rituelle à Israël, cela veut dire qu’il y a un problème et que l’Amérique commence à perdre ses repères.
Finalement, le sous-comité trouva la solution : s’engouffrer dans uns salle minuscule au Congrès, histoire d’empêcher (faute de place) les témoins, les journalistes et les représentants des groupes anti-guerre d’assister aux « discussions » qui précèdent la formalité d’octroi de l’aide à Israël.
Le sous-comité en question a plusieurs raisons de vouloir expédier rapidement et discrètement cette tâche annuelle d’octroi de l’aide du contribuable américain à Israël et qui s’élève environ à quelques 500 dollars par an pour chaque Israélien, homme ou femme, jeune ou vieux, soldat ou étudiant orthodoxe, résident de Tel Aviv ou colon harceleur de Palestiniens en Cisjordanie.
La première raison est que, le niveau de vie des Israéliens n’étant pas très différent de celui des Américains, l’aide est de plus en plus perçue au mieux comme une absurdité, au pire comme un pillage du contribuable américain au profit du citoyen israélien qui, de toute manière, s’en tire incomparablement mieux que les dizaines de millions d’Américains qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. Et par les temps qui courent, cet argent serait mieux utilisé s’il allait vers les déshérités du Bronx ou les quartiers pauvres de l’Oklahoma.
La deuxième raison est que l’argent américain ne sert pas à acheter de la nourriture ou à construire des routes, mais à acheter des armes américaines parmi les plus sophistiquées et les plus meurtrières et qui servent à tuer les Palestiniens et les Libanais. Sans parler qu’une partie de cet argent va dans les caisses des entrepreneurs qui construisent sans relâche depuis 40 ans des colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
La troisième raison est que les amendements Symington et Glenn à la loi sur l’aide étrangère interdisent formellement tout soutien financier ou militaire américain aux pays non signataires du traité de non prolifération (TNP) et disposant de la bombe nucléaire. Et Israël est précisément le seul pays dans ce cas dans cette immense région qui s’étend du Maroc à l’Iran.
La quatrième raison est que le monde entier est en train de suivre très attentivement la partie de bras de fer qui se joue entre l’administration Obama et le gouvernement Netanyahu au sujet de l’exigence américaine du gel de la construction de nouvelles colonies. Méprisant cette demande de son bienfaiteur, Israël vient de décider l’élargissement massif de la colonie Adam à proximité de la ville de Ramallah où, a confirmé lundi le ministère israélien de la défense, il a été décidé de construire 1450 nouveaux logements pour colons. Ce défi est évidemment embarrassant non seulement pour l’administration Obama qui a décidé d’une aide de 2, 775 milliards de dollars, mais aussi pour le sous-comité chargé de la formaliser.
Enfin, et là c’est une ironie que beaucoup d’Américains ressentent très mal, une partie de cet argent, plus ou moins importante, revient de diverses manières aux Etats-Unis et tombe dans l’escarcelle du Lobby qu’il utilise dans le chantage routinier auquel il soumet les candidats à des postes de responsabilité à Washington. Et il n’est pas exclu non plus qu’une partie de cet argent soit utilisée pour les opérations d’espionnage que mène agressivement Israël aux Etats-Unis pour collecter les secrets de toutes sortes, et en particulier ceux relatifs à la stratégie américaine, l’industrie d’armement, la science et la technologie de pointe.
Avec cette question d’aide financière massive à Israël, les Etats-Unis se sont volontairement enfermés dans une impasse dangereuse. Ils se sont mis dans une étonnante position où ils violent leurs propres lois et minent leurs propres efforts tendant à faire régner la paix dans la région, tout en feignant de ne rien voir. En effet, tous les chèques signés au Congrès au nom d’Israël l’ont été en violation des lois américaines relatives à l’octroi de l’aide étrangère. Tout l’argent transféré massivement des Etats-Unis vers Israël a servi à surarmer ce pays, à gonfler démesurément son ego, à aiguiser son agressivité et à alimenter son inflexibilité. Il est donc normal que jusqu’à ce jour aucune initiative de paix n’a abouti et que les efforts américains pour résoudre le conflit du Proche-Orient ont toujours emprunté les circuits circulaires qui ne mènent nulle part.

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