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Wednesday, June 03, 2009

Il faut arrêter le citoyen Cheney

Ancien secrétaire à la Défense, ancien Président Directeur Général de Halliburton et ancien vice-président des Etats-Unis, Dick Cheney, bien qu’il soit devenu le citoyen Cheney depuis le 20 janvier dernier, ne perd pas un jour sans qu’il ne vilipende la politique du président Obama. Il est à lui seul un parti d’opposition tellement il est actif, plein d’énergie, avec toujours une leçon en poche prête à être livrée à la nouvelle administration.
Le citoyen Cheney est un homme capable d’être au four et au moulin. Il négocie dur avec les éditeurs l’avance en millions de dollars qu’il réclame avant d’avoir écrit un seul mot de ses mémoires ; il enregistre la moindre parole prononcée par le nouveau président qu’il ne porte visiblement pas dans son cœur ; analyse minutieusement la moindre des décisions de la nouvelle administration ; commente sur Fox News « la capitulation » d’Obama face au terrorisme international ; se lamente sur le bon vieux temps du couple Bush-Cheney, et trouve même le temps d’aller partager un déjeuner au Club national de la presse avec les journalistes.
Justement le 31 mai, le citoyen Cheney est allé déjeuner au Club national de la presse où il a fait un discours et répondu aux questions des journalistes. De quoi a-t-il parlé ? De ce qui l’obsède évidemment : la guerre contre le terrorisme international, Guantanamo et la décision de le fermer, sans oublier le « danger » pour la sécurité des Etats-Unis que représente la décision d’Obama de relâcher les hôtes de la désormais célèbre prison des Caraïbes.
« Si vous allez vous engager dans ce conflit mondial qu’est la guerre globale contre le terrorisme, si vous n’avez pas d’endroit où retenir ces gens, (les détenus de Guantanamo), l’unique option qui vous reste est de les tuer »(*). Oui, vous avez bien lu, le citoyen Cheney préconise que, en cas de fermeture de Guantanamo, il ne faut ni relâcher les détenus dans la nature ni les renvoyer dans leur pays respectifs, mais « les tuer ». Certains journalistes pensaient à une mauvaise plaisanterie, à de l’humour noir. Mais non, le type était sérieux et, concernant le sort des détenus de Guantanamo, il ne croyait qu’en deux options et deux seulement : soit ne pas fermer la prison et les y détenir indéfiniment, soit alors la fermer, mais les tuer tous…
L’air naturel avec lequel il a fait sa macabre recommandation en dit long sur la personnalité du citoyen Cheney. Envoyer des gens à la mort, c’est un peu sa spécialité. Il porte une lourde responsabilité dans la mort de centaines de milliers d’Irakiens et d’Américains dans la guerre insensée qu’il a avait déclenchée, avec Bush et Rumsfeld, au printemps de 2003. Non seulement il n’a pas exprimé le moindre regret ou la moindre compassion pour les atrocités commises gratuitement, mais s’il a la possibilité d’en déclencher de nouvelles dans le cadre de sa « guerre mondiale contre le terrorisme », il n’hésitera pas un instant, à en juger par sa verve belliqueuse en permanence.
Le citoyen Cheney aime les guerres, mais quand elles sont faites par les enfants des autres. Quand la guerre du Vietnam battait son plein, il avait battu le record en nombre de sursis militaires obtenus par un jeune Américain. Ses pistons lui avaient permis d’obtenir cinq sursis militaires et d’échapper ainsi à l’enfer vietnamien.
A peu près au même moment, le fils à papa George W. Bush était envoyé à la Garde civile du Texas pour y accomplir le service militaire que les jeunes Américains non pistonnés accomplissaient dans les jungles vietnamiennes. L’histoire a parfois de ces ironies qui laissent rêveur : les deux hommes qui avaient une peur bleue des combats sur le terrain, s’étaient montrés de fervents guerriers quand il s’agissait de mener la guerre à partir des bureaux confortables et sécurisés de la Maison blanche. Les deux hommes qui avaient fui la guerre du Vietnam avaient engagé leur pays dans les deux guerres les plus désastreuses de l’histoire récente américaine.
Mais si l’ex-président cherche discrètement à se faire écrire ses mémoires et à empocher quelques millions de dollars en récompense des crimes de guerre commis, l’ex-vice président n’arrête pas de faire du tapage diurne et nocturne au point de perdre le contrôle de soi en recommandant l’exécution pure et simple de détenus.
Ce genre de crime de guerre n’est pas inédit. Il fut commis par de nombreux dictateurs. Il fut commis par les Israéliens contre des centaines de prisonniers de guerre arabes en 1967. Mais généralement ces crimes sont commis dans le feu de l’action. Ce que propose Cheney est sans précédent : des assassinats de sang froid de centaines de personnes détenus depuis des années à Guantanamo.
L’aspect tragi-comique de l’affaire est que cette recommandation vient de quelqu’un qui avait déclenché ses guerres parce que, entre autres prétextes, les régimes irakien et taliban commettaient trop de crimes contre leurs peuples. Cheney-le-libérateur avait alors envoyé ses troupes pour un travail de sauvetage en leur promettant des fleurs et des danses populaires dans les rues de Bagdad…
C’est incompréhensible. La démocratie américaine non seulement ne demande aucun compte à des criminels de guerre de la trempe de Dick Cheney, mais elle lui permet, sous le prétexte de la liberté d’expression, de recommander en toute impunité d’autres crimes de guerre. Obama au moins devrait réagir et remettre à sa place le dangereux citoyen Cheney qui, depuis le 20 janvier dernier, ne cesse d’entraver son travail de réconciliation de l’Amérique avec le reste du monde.


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(*)http://washingtontimes.com/news/2009/jun/01/cheney-death-option-detainees-guantanamo-closed/

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