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Monday, May 18, 2009

Mearsheimer met en garde Israël: Deux Etats ou l'apartheid

Cette fois, il était seul. Sans son ami Stephen Walt avec qui il a écrit le fameux livre dénonçant l’influence désastreuse du lobby pro-israélien sur la politique américaine au Moyen-Orient et sur les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans le monde. Cette fois, John Mearsheimer a pris la plume pour tenter, à son modeste niveau, d’aider à « sauver Israël de lui-même ». C’est d’ailleurs le titre qu’il a choisi pour son article publié par le magazine américain « The American Conservative » dans son édition du 18 mai 2009 (1).
Après la lecture du long article de Mearsheimer (3080 mots), l’image qui surgit est la suivante : Israël est un bateau ivre piloté par un capitaine téméraire. L’arrogance excessive du capitaine et sa confiance sans bornes en la capacité de son embarcation de traverser victorieusement toutes les tempêtes, l’amènent à rire au nez de tous ceux qui le mettent en garde contre les vagues furieuses au milieu desquelles il navigue.
Aucun navire, quelle que soit sa puissance, et aucun capitaine, quels que soient ses talents ne peuvent naviguer indéfiniment dans des eaux houleuses sans une stratégie de sortie. Le navire israélien n’en a aucune. Il continue de naviguer contre vents et marais, ignorant les dangers mortels qui le guettent. Et c’est pour attirer l’attention d’Israël et de ses défenseurs aux Etats-Unis que John Mearsheimer a pris la peine d’écrire son long article.
Il part d’un événement et d’un constat. L’événement, c’est la rencontre Obama-Netanyahu à Washington le 18 mai. Le constat, c’est la divergence entre les deux dirigeants sur la solution des deux Etats, refusée explicitement par le Premier ministre israélien, et défendue tout aussi explicitement par le président américain.
Mearsheimer doute de la capacité du président américain d’imposer ses vues à Israël: « C’est un combat qu’Obama ne semble pas pouvoir gagner, même si les Etats-Unis sont plus puissants qu’Israël et que la majorité des Américains sont en faveur de la création d’un Etat palestinien. » La preuve ? « Depuis 1967, chaque président américain s’est opposé à la colonisation des territoires palestiniens. Pourtant aucun n’a pu mettre suffisamment de pression pour arrêter la construction des colonies, et encore moins les démanteler. Peut-être la meilleure évidence de cette impotence américaine est ce qui s’est passé pendant le processus d’Oslo durant les années 1990. Israël avait confisqué 40.000 acres de terres palestiniennes, construit 400 kilomètres de routes de contournement, doublé le nombre des colons et édifié 30 nouvelles colonies. Bill Clinton n’avait rien pu faire pour arrêter cette expansion. »
Pourquoi Clinton n’a-t-il rien pu faire contre la déferlante israélienne ? La réponse que donne Mearsheimer est la même que celle développée dans le livre qu’il a coécrit avec son collègue Stephen Walt : le Lobby israélien. En d’autres termes, l’impotence américaine s’explique par le fait que « ce puissant groupe de pression a poussé le gouvernement américain à établir une relation spéciale avec Israël qu’Itzhak Rabin avait une fois qualifiée de ‘relation sans équivalent dans l’histoire moderne’. »
L’article de John Mearsheimer est une vraie sonnette d’alarme qui vise à alerter les Israéliens et à secouer le Lobby dans l’espoir de leur faire prendre comprendre que « la solution des deux Etats est le seul moyen de garantir à la fois les intérêts d’Israël et ceux des Etats-Unis dans le long terme. » Toutes les autres solutions, assure l’auteur, analyse à l’appui, sont désastreuses pour l’Etat d’Israël.
Combien y a-t-il d’autres solutions, à part celle des deux Etats ? Pour Mearsheimer, il y a seulement « trois alternatives » à l’absence d’Etat palestinien. Il prend la peine de les détailler.
Le premier scénario consiste à voir « le grand Israël (la Palestine historique) se transformer en un Etat démocratique binational où Israéliens et Palestiniens jouiraient de droits égaux. Or, compte tenu de l’évolution démographique à l’avantage des Palestiniens, il n’y a aucune chance que le public israélien de cette génération ou de la suivante accepte de vivre en minorité dans un même Etat que les Palestiniens ».
Le second scénario, « les Israéliens expulsent la plupart des Palestiniens du grand Israël, préservant ainsi le caractère juif de leur Etat à travers un acte d’épuration ethnique. » Mearsheimer pense qu’un tel scénario « semble invraisemblable, non seulement parce qu’il constituerait un crime contre l’humanité, mais parce qu’il y a 5,5 millions de Palestiniens qui résisteront férocement contre quiconque viendrait les expulser de chez eux. »
Enfin, troisième scénario, « le plus probable » selon Mearsheimer, est « l’instauration d’une forme d’apartheid à travers laquelle, Israël accroît son contrôle des territoires occupés, mais accorde aux Palestiniens une certaine autonomie dans des enclaves discontinues et économiquement non viables. » Mearsheimer a utilisé le mot d’enclaves, mais il s’agit ici de bantoustans à la sud-africaine qui n’attireraient à Israël que plus de haine et plus de mépris dans le monde arabe et musulman.
En Occident, les perspectives ne seraient pas plus réjouissantes, car quel pays, y compris les Etats-Unis, oserait soutenir une classe politique qui ressusciterait la défunte Afrique du sud raciste au Moyen-Orient ?
Plus inquiétant encore pour Israël, non seulement l’immigration vers ce pays est en train de tarir, mais l’émigration des Israéliens vers l’Europe et les Etats-Unis est en constante augmentation. Mearsheimer rapporte qu’ « en 2007, ceux qui ont quitté Israël étaient plus nombreux que ceux qui s’y sont installés. » Selon une enquête des académiciens John Mueller et Ian Lustick, « 69% des juifs israéliens disent vouloir quitter le pays. » Mearsheimer cite une autre enquête effectuée en 2007 et selon laquelle « le quart des Israéliens envisagent de quitter le pays, y compris la moitié des jeunes. » Enfin une troisième enquête montre que « 44% des Israéliens seraient prêts à quitter s’ils trouvaient de meilleures conditions de vie ailleurs », et « plus de 100.000 Israéliens ont acquis des passeports européens. »
Il n’y a aucun doute que c’est l’incapacité de la classe politique israélienne de sortir le pays de l’impasse qui pousse les Israéliens à envisager sérieusement de partir. Mearsheimer a averti Israël qu’il n’a guère le choix qu’entre deux Etats ou l’apartheid. A voir les chiffres des enquêtes, l’alternative pourrait ne pas être l’apartheid, mais la disparition pure et simple d’Israël pour cause de …fuite des citoyens.

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(1) http://www.amconmag.com/article/2009/may/18/00014/

2 Comments:

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