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Monday, March 23, 2009

Incompétences ravageuses

Bénis soient les temps où ne perçaient dans le monde mystérieux de la politique que des hommes avec de solides références, d’indéniables expériences et de grandes compétences au service de la chose publique. Par les temps qui courent, le monde politique a perdu de son lustre, de son aura et de son prestige en permettant à n’importe qui de s’improviser du jour au lendemain comme politicien, de faire campagne et de se présenter aux électeurs, ou même de se faire aider par l’armée pour grimper de l’anonymat quasi-total aux postes les plus élevés dans la hiérarchie politique.
Prenons le cas des Etats-Unis d’Amérique. Après Washington et Lincoln, après Roosevelt et Eisenhower et même après Bush père et Clinton qui, s’ils n’avaient pas l’envergure des premiers, n’en étaient pas moins des politiciens chevronnés, après tous ceux-là donc les électeurs américains avaient ouvert les portes de la Maison blanche le 20 janvier 2001 à un président sans envergure, ni compétence, ni intelligence.
George W. Bush était le président d’un club sportif de troisième division. Il avait lamentablement échoué dans la gestion de ce club. Ceux qui l’avaient élu ne s’étaient pas posé la question qui s’imposait alors : comment confier la gestion des affaires de la plus grande puissance du monde à quelqu’un qui n’a pas réussi dans la gestion d’un club sportif de très moyenne importance ? Or, non seulement il l’ont élu en 2000, mais, pire encore, ils l’ont réélu en 2004. Résultat : désastre sur désastre, catastrophe sur catastrophe, et les Etats-Unis dépensent aujourd’hui des quantités considérables d’énergie pour réparer les dégâts causés par cet homme sans références, ni expérience, ni compétence.
L’héritage le plus terrible, et peut-être le plus difficile à réparer, est cette culture de la cupidité et cette propension à promouvoir l’intérêt privé aux dépens de l’intérêt public que l’administration Bush a cimentées aux Etats-Unis, notamment par une politique fiscale qui consistait à piller le trésor public pour gonfler démesurément les fortunes privées. L’exemple le plus édifiant est celui du géant de l’assurance AIG qui était au bord du gouffre et qui se serait retrouvé au fond du précipice, s’il n’avait pas été secouru in extremis par une grosse somme qui s’élève à 180 milliards de dollars. Et quelle était la première décision des bénéficiaires de cet argent du contribuable ? Assainir la situation désastreuse de leur institution ? Non. Détourner 218 millions de dollars pour les distribuer en primes aux fonctionnaires de l’AIG, dont 4 millions de dollars ont été partagés par seulement cinq personnes. Des primes d’incompétence distribuées par des responsables incompétents à des fonctionnaires incompétents !
Toutefois, en politique rien n’est définitif. Les électeurs américains ont finalement changé leur fusil d’épaule et ouvert les portes de la Maison blanche le 20 janvier 2009 à un homme compétent, raisonnable et sérieux auquel on ne peut pas ne pas lui souhaiter bonne chance.
En politique, rien n’est définitif, sauf peut-être en Israël où, depuis la création de ce pays, les politiciens n’ont jamais fait preuve d’intelligence. Leur incompétence est notoire, car tous ceux qui se sont succédés, depuis Ben Gourioun jusqu’à Olmert, n’ont fait que pousser chaque jour leur pays un peu plus dans l’impasse.
Aucun renversement de tendance n’est visible à l’horizon, bien au contraire. Le parti travailliste, « fondateur » du pays et grand pourvoyeur de la classe dirigeante en cadres politiques, est supplanté par « Israël Beitenou », un parti créé il y a quelques années par un émigré moldave, Avigdor Lieberman. Celui-ci, entré en Israël à l’âge de 20 ans, sans compétence particulière, s’était fait engager comme videur dans une boite de nuit. Avec pour principales caractéristiques un surplus de muscles et un déficit de matière grise, Lieberman se prépare à prendre les rênes de la diplomatie israélienne dans le cabinet Netanyahu.
Il y a tout lieu de croire que les chancelleries étrangères à Tel Aviv, le département d’Etat américain et les responsables de la politique étrangère de l’Union européenne se demandent déjà comment traiter avec un homme dont les réflexes les plus apparents sont ceux hérités de sa carrière de videur de boite de nuit, puisqu’il n’a pas caché son désir d’expulser tout Arabe israélien qui refuse de manifester sa loyauté à l’égard de l’idéologie sioniste. Comment discuter avec un homme si incompétent et si peu diplomate qu’il n’a pas hésité à répondre au refus du président égyptien de visiter Israël par cette phrase digne d’un voyou : « Il (le président Moubarak) peut aller au diable » ?
En Afrique, l’incompétence fait toujours des ravages. Après la Guinée, où un gamin avec un grade moyen dans l’armée vient de s’emparer du pouvoir, voici Madagascar qui voit sa crise politique se dénouer par la prise du pouvoir par un jeune homme de 34 ans, ancien Disc-jockey, devenu homme d’affaires et maire d’Antananarivo. Sans doute ceux qui présidaient aux destinées de la Guinée et de Madagascar avant les coups d’Etat ne brillaient pas par leur compétence, loin de là. Mais la solution ne consiste pas à s’emparer du pouvoir avec l’aide de l’armée. Les coups d’Etat en Afrique sont, avec les guerres civiles, les plus grands fléaux politiques, responsables dans une très large mesure du sous développement endémique du continent noir.
Car, et l’histoire de nombreux pays africains le démontre, les militaires qui s’emparent du pouvoir se caractérisent par deux traits principaux : l’incompétence et le désir de s’enrichir le plus rapidement possible avant qu’ils ne subissent le sort qu’ils ont eux-mêmes fait subir à leurs prédécesseurs. C’est ce qui explique la persistance scandaleuse du paradoxe africain : un sous-sol excessivement riche et des populations excessivement pauvres.
Le nouveau chef d’Etat de Madagascar, Andry Rajoelina, est âgé de 34 ans. Dans son impatience d’arriver au pouvoir, il n’a même pas eu le temps de lire la constitution de son pays qui exige que pour occuper la fonction présidentielle, le prétendant doit être âgé d’au moins 40 ans. Oui, il est vrai aussi que la constitution malgache ne prévoit pas d’accession au pouvoir par la force.
Maintenant qu’il est installé au pouvoir, le jeune chef d’Etat est face à une tâche immense : l’organisation de l’économie de l’un des pays les plus pauvres de la planète. Une tâche tout de même un peu plus difficile que l’organisation de soirées dansantes, la principale activité de M. Andry Rajoelina avant qu’il ne s’intéresse à la politique.

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