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Saturday, March 07, 2009

Générosité suspecte, lauréat suspect

Il y a des informations qui vous tombent dessus et qui sont tellement absurdes ou surréalistes que votre premier réflexe est de croire à une blague. Par exemple cette information lue dans l’édition en ligne du quotidien israélien ‘Haaretz’: « Tony Blair (l’ancien Premier ministre britannique) va recevoir un Prix d’un million de dollars ». Pourquoi ? « Pour son leadership exceptionnel et sa ferme détermination à aider dans l’élaboration d’accords et de solutions durables dans les zones de conflit »…
On aurait sans doute cru à une blague si on n’était pas informé qu’il s’agissait du « Prix Dan David », que le pays donateur du million de dollars est Israël et que l’institution qui a choisi l’heureux lauréat est l’Université de Tel-Aviv. Et là, le doute n’est plus permis. Il ne s’agit pas d’une blague, mais, aussi absurde que cela puisse paraître, d’une information vraie.
Pour dire les choses honnêtement, Tony Blair n’a pas commencé sa carrière politique comme il l’a finie. En d’autres termes, il a commencé sa carrière d’homme politique en s’assurant le respect et même l’admiration des ses partisans et de ses adversaires, et il l’a finie en s’attirant le mépris et en se couvrant d’opprobre pour avoir joué un grand rôle dans la conspiration néoconservatrice américaine visant à détruire l’Irak et à déstabiliser le Moyen-Orient.
Tony Blair a fait preuve à ses débuts de talents exceptionnels qui lui avaient permis de rendre de grands services à son pays en réalisant deux grands succès. D’abord, il a remis la Grande Bretagne sur les rails après les grands ravages infligés à l’économie et à la société britanniques par le libéralisme débridé et inhumain de Margaret Thatcher. Ensuite, il a réussi à mettre fin à l’un des conflits les plus longs, les plus complexes et les plus sanglants d’Europe, celui de l’Irlande du nord.
Il est difficile de comprendre comment un homme aussi talentueux a-t-il pu finir sa carrière politique de manière si lamentable. Il est difficile de comprendre comment un homme aussi brillant s’est-il permis de prendre une part active dans ce qu’il faut bien appeler une entreprise de déstabilisation mondiale basée sur la manipulation et le mensonge ?
En effet, au lieu de fructifier son capital de sympathie et de respect accumulé en Grande Bretagne et dans le monde, Tony Blair n’a rien trouvé de mieux à faire que de jouer les collaborateurs actifs de George Bush de manière si servile que ses concitoyens ont vite fait de lui accoler le sobriquet humiliant de « Bush’s poodle » (le caniche de Bush).
Dans la période s’étendant de septembre 2002 à mars 2003, quand George Bush, dans sa frénésie guerrière, accumulait mensonges et contre-vérités pour justifier l’agression décidée déjà contre le régime de Saddam Hussein, Tony Blair faisait flèche de tout bois pour apporter de l’eau au moulin des néoconservateurs, ou plutôt du fioul à leur rouleau compresseur qui s’étirait alors en direction de l’Irak. Il ne reculait même pas devant les mensonges les plus invraisemblables. Rappelez-vous son histoire d’armes de destruction massive que Saddam pouvait faire déferler sur le monde en seulement « 45 minutes », chronomètre au poignet.
Tony Blair était peut-être le seul homme au monde à pouvoir empêcher la guerre déstabilisatrice de l’Irak en disant tout simplement la vérité et en se mettant à côté du président français Jacques Chirac plutôt que de jouer les caniches dans les pattes de Georges Bush. Il ne l’a pas fait, et à ce titre il assume une responsabilité historique dans la situation désastreuse dans laquelle se trouve le monde actuellement.
Aujourd’hui, Israël encense l’ancien Premier ministre britannique « pour son leadership exceptionnel et sa ferme détermination à aider dans l’élaboration d’accords et de solutions durables dans les zones de conflit », et lui accorde un prix d’un million de dollars…
Les Israéliens sont libres d’enrichir qui ils veulent, mais pas en justifiant leur générosité par de grossières déformations de la réalité. La vérité est que Tony Blair a joué un rôle désastreux dans la déstabilisation du monde et, de ce fait, a contribué à rendre « les solutions durables dans les zones de conflit » plus incertaines et plus éloignées que jamais.
Sans l’agression contre l’Irak, l’Afghanistan ne serait pas dans l’état où il se trouve aujourd’hui. Et sans la dégradation dangereuse de la situation en Afghanistan, le Pakistan serait sans doute un pays plus sûr et plus stable. Même si elle secondaire par rapport à celle de George Bush, la responsabilité de Tony Blair est criante dans chaque explosion qui secoue aujourd’hui l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan.
Les Israéliens sont libres d’accroître la fortune de Tony Blair d’un million de dollars, mais ils doivent dévoiler le vrai motif. Et le vrai motif de la générosité israélienne est que Tony Blair, représentant du Quartet au Moyen-Orient depuis 2007, n’a pas pris une seule initiative et n’a pas prononcé un seul mot qui contrarieraient la politique israélienne. Le vrai motif de la générosité israélienne est que, après la guerre criminelle de Gaza, Tony Blair est allé à Sderot se recueillir sur les 8 victimes israéliennes causés par les fusées artisanales « Kassam » en 8 ans, et n’a pas prononcé une seule parole de compassion envers les dizaines milliers de victimes palestiniennes, qu’elles soient mortes sous les décombres de leurs maisons ou gelées et affamées sous les tentes en cet hiver exceptionnellement froid.

1 Comments:

Blogger tunisianblogger said...

يعطيك الصحة

3:51 AM  

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