airelibre

Friday, December 05, 2008

La haine, mode de vie des colons

Si l’on se fie à la logique des chiffres, il est difficile de concevoir que 800 personnes peuvent terroriser impunément pendant des années 200.000 personnes. On sait que dans plusieurs endroits sur terre, les minorités souffrent des exactions infligées par les majorités. En Cisjordanie, et à Hébron (Al Khalil) en particulier, on assiste à ce qu’il faut bien appeler le règne de la terreur imposé par une poignée de colons fanatisés à l’extrême aux 200.000 Palestiniens au milieu desquels ils vivent depuis de longues années.
Au fil des ans, cette terreur a fini par se banaliser grâce à la conjonction de trois facteurs : la fréquence des actes de hooliganisme juif ; la partialité de l’armée israélienne qui intervient quand un Palestinien excédé jette une pierre à des colons et regarde de l’autre côté quand ceux-ci se livrent à des actes de lynchage contre des civils palestiniens ; l’indifférence de la communauté internationale, et des instances de l’ONU en particulier, qui n’ont jamais demandé le moindre compte à Israël sur les actes de terrorisme perpétrés quasi-quotidiennement par les colons installés au cœur de la ville de Hébron et par ceux des colonies de Kiryat Arbaa ou d’Itzhar, pour ne citer que les plus fanatisés.
Venus de divers coins du monde, principalement des Etats-Unis, les colons de Hébron se sont arrogés le droit de s’installer au milieu de 200.000 Palestiniens sur la base de l’idée mythique qu’Abraham, Jacob, Itzhak et leurs épouses sont enterrées dans cette ville dans ce qu’ils appellent le « caveau des patriarches ». La protection dont ils bénéficient de la part de l’armée israélienne les a confortés dans leur « droit » et les a encouragés à développer une agressivité qui, au fil des ans a évolué impunément en véritable terrorisme anti-palestinien.
Ces colons ont développé une culture de la haine qui a évolué de sentiment négatif en un véritable mode de vie qui détermine le comportement des petits et des grands vis-à-vis des Palestiniens. Il faut avoir visité Hébron et s’être promené dans les quartiers adjacents au « caveau des patriarches » pour comprendre pleinement cette transformation de la haine en mode de vie. Cette haine a été si insidieusement instillée dans l’âme des enfants des colons qu’il est très fréquent de voir des gamins de six à dix ans cracher au passage d’un vieillard palestinien ou se pencher pour ramasser une pierre et la lui lancer dans le dos.
Le mélange de fanatisme, d’impunité et de complaisance de l’armée israélienne vis-à-vis des exactions des colons a développé en eux la conviction que les lois, les règlements et les décisions de justice terrestre ne les concernent pas. Ils sont là par une sorte de « décision divine » qui transcende toutes les autres décisions et, par conséquent, quiconque s’oppose à leur hooliganisme, à leur vandalisme et à la sauvagerie avec laquelle ils sèment la terreur parmi la population palestinienne commet un « péché » contre la « volonté divine » qui a accordé « Eretz Israël » aux Juifs et dont les colons sont bien évidemment « les grands défenseurs ».
Le réveil des autorités israéliennes, vendredi dernier, a été brutal. Elles ont pu mesurer ce jour-là l’étendue des dégâts causés par une politique d’encouragement de la colonisation et de protection systématique des hordes de colons dans leurs violentes expéditions anti-palestiniennes menée pendant des décennies. Pour ces colons fanatiques, la protection dont ils ont toujours bénéficié de la part de l’Etat israélien est un devoir. Mais il a fallu qu’une fois cet Etat décide d’appliquer une décision de justice relative à l’évacuation d’une maison palestinienne occupée par la force pour qu’il devienne « un Etat nazi » et les soldats chargés de déloger les occupants soient qualifiés de « troupes SS » (référence aux troupes hitlériennes). Plus ridicule encore, ces colons déchaînés n’ont pas hésité à accrocher l’étoile jaune sur leur poitrine, histoire de rappeler l’un des épisodes les plus humiliants de l’histoire juive, dans une vaine tentative de rallier à eux les soldats chargés de les expulser de leur squat.
L’évacuation de la maison palestinienne n’a pas résolu le problème, bien au contraire. Les deux cents colons évacués par la force se sont déchaînés contre la population palestinienne, endommageant des dizaines de maisons et de voitures, mettant le feu à des oliveraies et terrorisant femmes et enfants. Des journalistes israéliens présents ont décrit de manière pathétique l’effroi sur le visage des enfants palestiniens qui « se voyaient déjà morts par lynchage ».
Pourquoi l’armée israélienne se montre-t-elle si impuissante face à une poignée de colons et si puissante quand elle fait face au peuple palestinien ? Parce que contre les colons, même les bâtons sont interdits et contre les Palestiniens même les bombes d’une tonne pièce sont permises. Le président Mahmoud Abbas a parfaitement raison d’en appeler au Conseil de sécurité. Celui-ci a souvent pris des décisions urgentes suivies de l’envoi de casques bleus pour protéger des minorités menacées dans leurs vies par des majorités. Il devrait se pencher sans délai sur cette situation unique dans l’histoire humaine où une immense majorité de 200.000 personnes est quotidiennement harcelée et menacée dans la vie de ses membres et de leurs biens par une infime minorité de 800 colons fanatiques et haineux.

1 Comments:

Blogger www.kiffegrave.com said...

Juste une petite remarque: Qui vous a dit que les juifs ne sont pas nombreux?

Personnellement je pense qu'ils sont nombreux et partout dans des postes stratégiques généralement liés au médias.

6:28 PM  

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