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Friday, November 07, 2008

L'extraordinaire destin de Barack Obama

Chicago (Illinois)- Difficile de trouver une demeure à moins d'un million de dollars à Kenwood, l'un des quartiers huppés de Chicago, situé au sud de la mégapole du Midwest. C'est en 2005 que Barack Obama s'est installé dans sa belle maison avec sa famille, une maison coquette, du moins d'après ce qu'on peut voir de loin, payée cash 1,6 million de dollars. Il n'est pas un homme riche. Sa maison de Kenwood, il l'a payée grâce à ses droits d'auteur, et surtout grâce à son livre "The Audacity of Hope" (L'Audace de l'Espoir), devenu un best seller.
Déjà en février 2007, quand il a annoncé son intention de se porter candidat à la candidature présidentielle du parti démocrate, il n'était plus tout à fait facile de s'approcher trop de la maison d'Obama, dont la sécurité en tant que sénateur et candidat était déjà prise en charge par le FBI. Quand il a battu Hillary Clinton et est devenu le candidat officiel du parti démocrate, des barrières d'acier étaient disposées tout autour de la maison. Maintenant qu'il est élu président, c'est tout le quartier de Kenwood qui est sous haute surveillance, et quiconque s'avise à faire le déplacement dans ce beau quartier du sud de Chicago pour voir où habite le nouveau chef de la plus grande puissance du monde, il restera sur sa fin.
Une consolation toutefois. A défaut de pouvoir s'approcher de la maison d'Obama pour assouvir sa curiosité, le visiteur peut s'approcher autant qu'il veut de la maison de Mohammed Ali Clay, située dans le même quartier huppé de Chicago. Une maison immense avec une barrière imposante en fer forgé. On peut admirer la pelouse impeccablement taillée, les arbres géants qui se dressent majestueusement et dont on ne peut voir les sommets sans incliner fortement la tête en arrière, on peut aussi prendre autant de photos qu'on veut, mais les volets et les portes de la demeure demeurent désespérément fermées, et personne pour vous renseigner ou vous donner la moindre information sur l'ancien grand champion.
Bien que pratiquement toutes ses photos d'enfant le montrent souriant et serein, on ne peut pas dire que Barack Obama a eu une enfance réellement tranquille. Né le 4 août 1961 d'un père kenyan, Barack Obama Sr., et d'une mère américaine blanche du Kansas, Ann Dunham, ses parents ont divorcé quand il avait trois ans. Son père était reparti pour son pays après des études à Hawaï et le jeune Barack ne l'avait revu qu'une seule fois avant sa mort en 1982 dans un accident de voiture.
Sa mère, Ann Dunham, se remaria avec un Indonésien et, en 1967, le jeune Barack accompagna sa mère et son beau père en Indonésie où il étudia trois ans à Djakarta avant de revenir à Honolulu vivre chez ses grands parents maternels.
Ses études secondaires et universitaires, il les fera entre Los Angeles, New York et Chicago. Des études brillantes qui lui ont permis de décrocher facilement des postes d'enseignant de droit et de science politique.
En 1988, six ans après la mort de son père, il visita le Kenya où il fit pour la première fois la connaissance de sa famille paternelle. Dans son libre "Dreams from my father" (Rêves de mon père), Barack Obama prend un plaisir évident à parler de l'extraordinaire diversité de sa grande famille. Un père, une grand-mère, des oncles, des tantes, des cousins et des cousines de la tribu Luo du Kenya, Une mère et des grands-parents du Kansas avec des racines en Angleterre et en Irlande, un beau père et une demi sœur d'Indonésie etc… Dans une interview donnée à la presse américaine en 2006, Barack Obama, parlant de sa grande famille, a affirmé au journaliste qui l'interviewait : "Michelle (sa femme) vous dira que quand on se rencontre à Noël ou à Thanksgiving, c'est un peu comme une mini-Nations Unies."
Après avoir enseigné le droit constitutionnel pendant douze ans à la faculté de droit de Chicago, Barack Obama se lance dans la politique. Il se fait élire et réélire facilement au sénat de l'Illinois entre 1996 et 2002. Ambitieux, Obama lorgne à partir de 2002 vers le sénat fédéral où il réussit à se faire élire en 2004 et prend officiellement son siège au sénat en tant que cinquième sénateur afro-américain de l'histoire américaine le 4 janvier 2005.
Deux ans plus tard, plus exactement le 10 février 2007, Barack Obama annonce sa candidature à la présidence des Etats-Unis. Il semble pressé et donne l'impression de vouloir brûler les étapes au point d'inquiéter ses plus fervents supporters. Bob Herbert, est l'un des éditorialistes les plus brillants du New York Times. Il est afro-américain et naturellement il soutient Barack Obama. Mais le jour où celui-ci annonça sa candidature, Bob Herbert lui répondit par un éditorial au New York Times le conseillant de ne pas se montrer trop pressé, de prendre son temps et de ne pas gaspiller ses chances maintenant. "Tu es encore jeune, il faut savoir attendre", suppliait-il dans son éditorial.
La suite est connue. Poussé par la force de son ambition, Barack Obama entama le 10 février 2007 sa marche irréversible vers la Maison blanche. Il encaissait avec une extraordinaire sérénité les coups bas les plus douloureux de la part de Hillary Clinton d'abord et de John McCain ensuite, tout en poursuivant imperturbablement sa marche irréversible vers le sommet de l'Etats fédéral.
Patricia Foray est journaliste à NPR (National Public Radio) et supporte avec ferveur Barack Obama. Elle a fait la fête mardi dernier à Grant Park à Chicago et a pleuré comme des milliers d'autres quand le nouveau président s'est montré accompagné de sa femme et de ses deux filles. Patricia a pleuré de joie pas seulement pour Barack Obama, mais aussi de "tendresse pour l'Amérique qui vient d'infliger un démenti cinglant à tous ceux, Américains et étrangers, qui ne cessaient de répéter que ce pays ne pouvait être gouverné que par des WASP (White Anglo-Saxon Protestant) et que l'élection du catholique John Kennedy en 1960 n'était qu'une exception qui confirmait cette règle."
Comment Barack Obama, un Afro-Américain parmi des millions d'autres, est-il passé du statut d'homme ordinaire à ce destin extraordinaire? Patricia donne une série de raisons dans le désordre:"sa grande ambition, son éloquence, son charme, la crédibilité de son programme électoral, le besoin intense de changement, Bush qui est sorti par toutes les narines américaines, l'assimilation de McCain à Bush et, enfin, la grande crise financière qui est arrivé au meilleur moment pour Obama et au pire moment pour McCain."

1 Comments:

Blogger MAD DJERBA said...

Comme un certain Jef me l'a écrit en commentaire sur un de mes posts, Obama est une incitation vivante au métissage. Quelle richesse de cultures en un seul homme. Il pourrait reprendre à son compte la chanson "We are the world" et j'espère que chacun de nous, un jour, métisse ou pas, sera le monde.

9:54 AM  

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