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Tuesday, December 23, 2008

Blanc bonnet, bonnet blanc et blanc bonnet

Entre les Etats-Unis et Israël il n’y a pas que des solidarités, il y a aussi des similitudes. L’alternance au pouvoir à Washington, quand elle se produit, ne change pratiquement rien en politique étrangère et les changements sont mineurs en politique intérieure. Si l’on considère les cinquante dernières années, on constatera que la politique étrangère américaine au Moyen-Orient a toujours été la même. Que les Républicains soient au pouvoir ou les Démocrates, cela n’a jamais influé sur les choix fondamentaux de Washington : alignement total sur la politique israélienne et partialité flagrante en défaveur des Arabes. Et quand Washington décide de jouer les médiateurs, son comportement fait penser au comportement de cet arbitre de boxe qui, sur le ring, immobilise l’un des boxeurs pour permettre à l’autre de cogner à volonté.
Le 4 novembre dernier, en élisant un Afro-Américain connu pour son intelligence et surtout pour ses critiques parfois acerbes de la politique de son pays au Moyen-Orient, les électeurs ont imposé un changement exceptionnel à la tête de l’Etat fédéral. L’élection de Barack Obama va-t-elle engendrer ce changement miraculeux que beaucoup souhaitent ? Disons simplement que, en politique, les calculs froids sont la règle et les miracles, quand ils se produisent, sont l’exception. Disons aussi qu’un événement exceptionnel ne génère pas nécessairement des conséquences exceptionnelles.
En Israël, l’alternance au pouvoir est tout aussi fréquente qu’aux Etats-Unis, sinon plus. Et tout comme aux Etats-Unis, cette alternance ne produit aucun changement en politique étrangère, et les changements sont mineurs en politique intérieure. Le morcellement excessif de la société israélienne fait que l’alternance en Israël a beaucoup moins de sens qu’à Washington dans la mesure où le parti « gagnant » ne peut pas gouverner sans le concours des partis « perdants ». En d’autres termes, aucun des grands partis ne peut former un gouvernement à lui tout seul et les petits partis extrémistes religieux, comme le « Shas », ou laïques, comme « Israël Beitinou », continueront probablement pour longtemps à tenir en otages la politique israélienne, l’empêchant de sortir de sa myopie et de prendre en compte les intérêts à long terme du pays avant que ce ne soit trop tard.
La campagne pour la nième élection législative anticipée a commencé en Israël. Le suspense tend vers zéro, car aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens, les changements escomptés sont insignifiants quel soit le vainqueur des trois principaux candidats aux élections du 10 février prochain. En effet, on a une idée tout à fait claire de ce que sera un gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahu ou par Ehud Barak, car l’un et l’autre ont déjà occupé le poste de Premier ministre et l’un et l’autre ont déjà fait preuve de leur inefficacité, de leur ineptie et de leur inaptitude à apporter la moindre idée originale de nature à libérer leur pays du cercle vicieux dans lequel il ne cesse de tourner depuis plus de quarante ans.
Benyamin Netanyahu, dans les années quatre-vingt-dix, avait méthodiquement détruit tous les espoirs engendrés par les accords d’Oslo de 1993 ; de son côté Ehud Barak avait fait rater à son pays et à la région entière une rare occasion de règlement du conflit en faisant capoter la conférence de Camp David d’août 2000, présidée alors par Bill Clinton, tout en criant sur les toits qu’ « il n’y avait pas de partenaire pour la paix ». En vérité, c’était Yasser Arafat qui n’avait pas alors de partenaire pour la paix, mais un facteur d’immobilisme en la personne d’Ehud Barak.
Sauf miracle donc, il n’y a aucun changement à attendre de l’élection de l’un ou l’autre de ces deux politiciens israéliens. Et comme on l’a dit plus haut, les miracles sont la chose la plus rare en politique. C’est plus vrai encore en Israël où la voie des politiciens semble tracée d’avance et a la forme d’un cercle. Un cercle vicieux, cela va sans dire.
Reste Madame Tzipi Livni, troisième candidate à avoir des chances de devenir Premier ministre, et seule parmi les trois à n’avoir pas occupé ce poste avant. Mais tout porte à croire que Mme Livni n’est en aucun cas faite dans un moule différent de celui qui nous a déjà donné Netanyahu, Barak et les autres avant eux. On a déjà une idée de ce qu’elle fera si elle est élue au poste de Premier ministre. Elle exclut d’inclure Jérusalem et les réfugiés dans le programme des négociations, et va plus loin que les autres, puisqu’elle compte proposer au cinquième de la population (les Arabes d’Israël) de se trouver un Etat d’adoption, car « Israël est pour les Juifs ». Une nouveauté à laquelle ni Netanyahu ni Barak n’ont pensé.
Pourtant, dans sa campagne électorale, Mme Livni insiste qu’elle continuera à négocier avec les Palestiniens. Négocier quoi si Jérusalem et les réfugiés restent des sujets tabous ? Négocier pour négocier. Parler pour parler. De toute évidence, Mme Livni ne diffère en rien des politiciens israéliens qui l’ont précédée ni de ceux qui sont en compétition actuellement avec elle. Elle possède les mêmes réflexes qu’eux. Le réflexe de tourner en rond dans le cadre désormais classique de la politique israélienne : le cercle vicieux. Et à ce niveau, on ne prend aucun risque en affirmant que Netanyahu, Barak et Livni, c’est blanc bonnet, bonnet blanc et blanc bonnet.

1 Comments:

Blogger Unknown said...

A souhaiter que "le blanc bonnet,bonnet blanc" ne se verifie pas cette fois ci pour la nouvelle direction politique US.

10:20 AM  

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