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Tuesday, June 17, 2008

Le danger mortel d'Israël: sa classe politique

On sait que beaucoup de politiciens israéliens sont des gens futiles, politiquement stupides et stratégiquement nuls. Cela ne nous a pas immunisés pour autant contre l’étonnement que continue de susciter de temps à autre la classe politique qui dirige Israël et qui prétend défendre ses intérêts.
Il y a eu ces derniers jours comme un concours entre les politiciens d’Israël à qui fera la déclaration la plus futile, la plus stupide, la plus insensée. A titre d’exemple, il est difficile de dire laquelle de deux déclarations arrache la première place. Celle d’Eli Yishai, vice Premier et chef du parti religieux Shas ou celle du membre du Knesset, Otniel Shneller. Tous deux étaient dans un état second après avoir entendu les critiques, parfaitement inoffensives, par ailleurs, comme toujours, formulées par Condoleezza Rice le week-end dernier contre la décision israélienne de construire 1300 nouveaux logements dans les colonies illégales de Jérusalem-Est.
Eli Yishai était particulièrement furieux contre Mme Rice et spécialement futile dans sa réponse : « Qu’adviendrait-il, a affirmé ce type, si quelqu’un disait à l’administration américaine qu’elle n’avait pas le droit de développer Washington ? Il n’y a aucune différence entre la souveraineté d’Israël sur Jérusalem et celles des Etats-Unis sur Washington »… Quant à l’autre candidat au premier Prix de la futilité, Otniel Shneller, il n’avait trouvé rien de mieux que d’accuser Mme Rice d’être un « obstacle pour la paix : « Les critiques de Condoleezza Rice sont le vrai obstacle sur la voie des négociations entre Israël et les palestiniens », a dit sans rire ce représentant du parti Kadima au Knesset.
La position du gouvernement israélien n’est pas en fait moins futile que celle d’Yishai et de Shneller. Ses porte-parole ne cessent depuis longtemps de crier sur les toits que « du moment que Jérusalem est la capitale unifiée d’Israël, celui-ci a le droit de construire dans n’importe quel quartier ». C’est ce qu’a répété, pas plus tard qu’hier matin sur la BBC (en langue arabe), Amira Oron, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
La classe politique israélienne ressemble à cet homme qui a perdu le nord, qui se trouve englué jusqu’au cou dans un bourbier et qui, au lieu de reculer pour sauver ce qui peut l’être, continue d’avancer en criant haut et fort qu’il sait ce qu’il fait. Car, que sont en train de faire les politiciens israéliens du genre Yishai, Shneller, Olmert, Barak et les autres ? Ils continuent d’avancer obstinément et aveuglément sur la voie désastreuse de la guerre et de l’occupation inaugurée par Golda Meir et, après elle, par Menahem Begin, Yitzhak Shamir et Ariel Sharon.
Tous savaient pertinemment que l’erreur mortelle commise par Israël fut celle de l’occupation des terres arabes en juin 1967. L’un d’eux, Yitzhak Shamir, avait reconnu, du temps où il était Premier ministre, qu’il priait chaque soir avant de dormir pour qu’à son réveil on l’informerait de … la disparition de Gaza sous les flots. C’était la reconnaissance la plus explicite faite jusqu’à ce jour par un politicien israélien du regret d’avoir eu à gérer ce territoire dont l’occupation s’était transformée en cauchemar. Mais, en politicien futile lui aussi, au lieu de mettre fin à l’occupation de Gaza, Shamir lui rêvait d’un sort semblable à l’Atlantide. Et même Ariel Sharon, celui qui a eu le « courage » de ramener les colons de Gaza et les soldats qui les protégeaient à la maison, il a mis fin à l’occupation de manière si stupide qu’il a aggravé le mal au lieu de le guérir. La preuve est que jusqu’à ce jour, Gaza demeure le plus grand casse-tête des politiciens israéliens.
Jusqu’à ce jour seulement car le casse tête de Gaza n’est rien par rapport au futur casse tête que sera Jérusalem. Si Gaza a un million et demi de Palestiniens pour défendre son honneur et transformer son occupation en cauchemar pour les Israéliens, la ville sainte de Jérusalem exerce un attrait sur un milliard de Musulmans. Cet attrait est d’autant plus dangereux pour Israël, qu’il n’est pas nourri seulement par des considérations politiques, mais aussi et surtout par des considérations d’ordre religieux et mystique.
C’est peut-être cette inimitié passionnelle entre un milliard de Musulmans et cinq millions et demi de Juifs qui peuplent Israël et les territoires occupés, dont Jérusalem-Est, qui est à la base du scepticisme de la CIA exprimé l’année dernière dans un rapport qui doute de la possibilité pour Israël de fêter son centième anniversaire.
A ce niveau, la question existentielle qui se pose pour Israël est la suivante : les ennemis mortels de ce pays sont-ils le milliard de Musulmans, qui ne cherchent qu’à vivre en paix, y compris avec l’Etat juif dans les limites de ses frontières du 4 juin 1967, ou la classe politique israélienne qui, par son arrogance et sa politique de fuite en avant, continue de pousser obstinément Israël vers le précipice ? La réponse est évidente.

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