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Tuesday, May 27, 2008

Carter, l'infatigable "faiseur de paix"

En avril dernier, le 39eme président américain Jimmy Carter était e visite en Israël. Le Premier ministre Ehud Olmert, le ministre de la défense Ehud Barak et le chef du Likud Benyamin Netanyahu refusèrent de le rencontrer. Seul le président israélien Shimon Peres daigna le faire, mais ce n’était pas pour le remercier de l’immense service rendu à Israël (Carter était le principal artisan de l’accord de paix israélo-égyptien de 1979), mais pour le prendre à partie pour les « grands dommages causés à Israël et au processus de paix. »
Pourquoi la classe politique israélienne déteste-t-elle tant l’ancien président américain et le lobby juif aux Etats-Unis l’accuse-t-il d’anti-sémitisme ? Parce qu’il s’est engagé non pas du côté des Palestiniens, mais du côté de la justice et de la paix. Parce qu’il a osé écrire la vérité dans son livre « Palestine : Peace, not aprtheid », ce qu’aucun politicien américain n’a jusqu’à présent osé dire ou écrire.
Carter est un homme profondément croyant pour qui « Jésus est le prince de la paix ». C’est donc par convictions religieuses, plus que par engagement politique, que l’ancien président a choisi le métier de « faiseur de paix ».
En 1972, cinq ans après la guerre des six jours, il avait fit son premier voyage dans les territoires occupés. Il était l’invité d’Itzhak Rabin, alors Premier ministre. Au cours de ce voyage, il avait visité la Cisjordanie où « il y avait 15000 colons à l’époque ». Selon lui, Rabin lui avait affirmé que ces 15000 colons seraient ramenés à Israël dès la conclusion d’un accord de paix avec les palestiniens…
Elu à la présidence en 1976, Jimmy Carter s’est aussitôt engagé à rapprocher les positions israéliennes et égyptiennes. Les réunions organisées par ses soins entre le président égyptien Anouar Essadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, ont abouti à la signature d’un accord de paix entre l’Egypte et Israël.
Trente six ans après la première visite de Carter en Cisjordanie, les 15000 colons sont devenus 200.000 disséminées dans 200 colonies reliées entre elles par des « routes de contournement » interdites aux Palestiniens. L’ancien président américain en était si choqué qu’il en avait fait le principal thème de son livre sus-mentionné et où cette politique de discrimination israélienne est décrite comme « pire que l’apartheid sud-africain. En effet le régime raciste sud africain de Vorster et de Botha n’avait pas été jusqu’à construire des routes séparées pour les Blancs et les Noirs. Israël l’a fait et, jusqu’à ce jour, tout Palestinien attrapé sur une route réservée aux colons est automatiquement arrêté, jugé et jeté en prison.
La haine que ressent la classe politique israélienne pour l’ancien président Jimmy Carter n’a d’égal que l’amour que cette même classe témoigne pour l’actuel président George Bush. Et c’est normal quand on a une idée du fossé vertigineux qui sépare ces deux présidents américains en termes d’intégrité, d’honnêteté politique et intellectuelle et de dévouement au service de la paix dans le monde. L’un a écrit un livre sur l’apartheid israélien et le calvaire des Palestiniens, l’autre a prononcé le 15 de ce mois un discours au Knesset israélien dans lequel il n’hésitait pas à s’adresser à l’occupant israélien en ces termes : « Vous avez construit une démocratie moderne sur la Terre Promise, une lumière parmi les nations qui préserve l’héritage d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Vous avez construit une démocratie puissante qui durera éternellement et qui peut toujours compter sur l’Amérique de se tenir à ses côtés ». L’un appelait les ennemis dans les quatre coins du monde à s’asseoir à la même table pour discuter et résoudre leurs problèmes pacifiquement, l’autre voue aux gémonies quiconque ose appeler à des négociations avec « les ennemis de l’Amérique ».
Sur ce dernier point, la différence entre les deux présidents américains est sidérante. Il serait intéressant de revenir ici un peu à la crise des otages de 1979-1980 au cours de laquelle les gardiens de la révolution iranienne avaient tenu en otages pendant 444 jours une cinquantaine de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran. Jusqu’au dernier moment, Jimmy Carter avait espéré voir les otages libérés avant de quitter la Maison blanche le 20 janvier 1981 et de céder la place à son remplaçant, Ronald Reagan. Khomeiny avait décidé de frustrer Carter et de l’humilier jusqu’au bout. Les otages ont été libérés juste quelques jours après la prise de fonctions de Reagan.
Malgré cela, Carter ne semble pas en vouloir à l’Iran et continue d’appeler au dialogue avec ce pays. Contrairement au président actuel qui continue à appeler à l’isolement de ce pays et, même, comme beaucoup le craignent, à considérer une frappe aérienne contre ce pays avant la fin de son mandat, et tout cela parce qu’il soupçonne, en l’absence de la moindre évidence, l’Iran à vouloir produire des armes nucléaires.
On imagine la fureur de George Bush face aux déclarations de Carter lundi dernier en Grande Bretagne. Interrogé par un journaliste sur la question du nucléaire iranien, Jimmy Carter qui sait de quoi il parle pour avoir occupé la Maison blanche pendant quatre ans, a affirmé : « les Etats-Unis possèdent 12000 têtes nucléaires et la Russie en possède autant. (…) Israël possède lui-même 150 têtes nucléaires et même plus (…) ». Que veut dire carter en faisant cette réponse à une question sur le nucléaire iranien ? Tout simplement qu’il est ridicule que, face au déploiement de ces milliers de têtes nucléaires, face à la capacité des Israéliens de détruire tout le Moyen-Orient avec leurs 150 ou 200 bombes atomiques, Washington et tel Aviv continuent de remuer ciel et terre et d’alerter le terre entière sur « le danger mortel » que représente l’Iran.
Carter n’a pas laissé l’occasion passer sans faire un nouveau commentaire sur ce qui semble lui tenir particulièrement à cœur : « Ce que fait Israël actuellement à Gaza est le plus grand crime contre l’humanité que se déroule actuellement sur terre ». A 83 ans, Jimmy Carter continue, avec une énergie de jeune homme, à œuvrer pour le règne de la paix en dénonçant les injustices innommables commises par Israël mais aussi par son propre pays, otage depuis huit ans de l’idéologie destructrice des néoconservateurs. Comme quoi, l’Amérique n’a pas seulement des hommes qui la déshonorent, mais aussi des hommes qui, comme Jimmy Carter, lui font honneur.

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