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Monday, May 04, 2009

Remous au sein de la classe politique israélienne

Depuis les premiers instants de sa campagne électorale, il était clair que Barack Obama avait une intelligence politique et une capacité de hiérarchiser les priorités qui manquaient lamentablement à son prédécesseur. Quand il avait insisté que le principal danger qui menaçait les Etats-Unis et même le monde provenait de l’Afghanistan, il n’avait pas tort. Quand il avait mis en garde contre la contagion talibane qui risquait de transformer le Pakistan en un second Afghanistan d’une magnitude autrement plus déstabilisatrice, il n’avait pas tort non plus.
La clairvoyance d’Obama s’est vérifiée aussi au niveau du dossier iranien. Quand il parlait de la « menace nucléaire iranienne », il n’avait visiblement pas la même conviction et la même certitude que lorsqu’il parlait des dangers en provenance de l’Afghanistan et des zones tribales pakistanaises. C’est comme si le nouveau président, en parlant de l’Iran, accomplissait une formalité. Mais quand il parlait de l’Afghanistan, on le sentait très préoccupé de trouver la bonne stratégie et de mettre en œuvre la bonne politique à suivre.
Le tintamarre provoqué autour du programme nucléaire iranien avait atteint son apogée en 2006, quand l’ancien président Bush avait donné l’impression qu’il s’apprêtait à bombarder l’Iran, crainte attisée à l’époque par l’article du journaliste américain Seymour Hersh dans le « New Yorker ». Il faut dire que l’agressivité de l’administration Bush à l’égard de l’Iran n’avait rien à voir avec son programme nucléaire. Elle s’inscrivait dans le cadre du programme des néoconservateurs sur le « Nouveau Moyen-Orient » qui incluait un changement de régime en Syrie et en Iran, aussitôt réglée la question irakienne.
Dès lors on comprend la grande frustration de Bush qui, en s’engluant dans les sables mouvants mésopotamiens, a vu son grand rêve s’effondrer. L’irruption de la question du nucléaire iranien a, pour un court laps de temps, ravivé le rêve néoconservateur de changer le régime iranien. Rêve définitivement brisé par le fameux rapport de la CIA qui, à la grande consternation du régime de George Bush, affirmait que l’Iran avait mis fin à son programme militaire nucléaire en 2003.
En fin politicien, Obama qui, en tant que sénateur, avait voté contre la guerre d’Irak, ne pouvait ignorer toutes les magouilles néconservatrices. C’est ce qui explique sa remarquable tiédeur vis-à-vis du dossier iranien, et son extrême anxiété à l’égard de la situation pakistano-afghane dont l’origine de l’aggravation remonte à la désastreuse décision de Bush de tourner le dos à l’Afghanistan et de concentrer toute l’énergie américaine sur l’Irak.
La position de l’Europe étant aussi tiède au niveau du dossier nucléaire de l’Iran, Israël s’est donc retrouvé pratiquement seul à agiter l’épouvantail iranien en présentant la république islamique comme « un danger existentiel » qui le guette. Depuis longtemps les politiciens israéliens n’arrêtaient pas de fanfaronner en criant sur les toits qu’ils ne tolèreraient en aucun cas un Iran disposant d’armes nucléaires, et que si la communauté internationale n’assumait pas ses responsabilités, l’armée israélienne se chargerait de mettre en terme à ce programme en l’enterrant sous les décombres.
Il ne faut pas oublier que la dernière vraie guerre, c'est-à-dire contre un adversaire de taille, gagnée par l’armée israélienne remonte à 1967, quarante deux ans déjà. Depuis Israël n’a cessé de faire l’étalage de ses muscles contre des adversaires faibles militairement, comme les Libanais, ou carrément désarmés, comme les Palestiniens.
Les fanfaronnades d’Israël contre l’Iran s’explique par son complexe de supériorité qu'il ne cesse de nourrir depuis sa victoire dans la guerre de juin 1967, complexe par ailleurs fortement ébranlé par les revers subis par l’armée israélienne dans la guerre du Liban de l’été 2006. Le propre d’une fanfaronnade est qu’elle laisse planer une forte incertitude sur la capacité de concrétiser les menaces proférées. La bonne nouvelle pour l’Iran, et même pour toute la région, est que cette incertitude que trahissent les fanfaronnades israéliennes s’est glissée au sein même de l’establishment israélien qui, tout en continuant à pointer du doigt l’Iran, est divisé sur la capacité d’Israël à mener une attaque efficace contre les installations nucléaires iraniennes.
Evidemment la question du dossier nucléaire iranien a dû être évoquée par Shimon Peres au cours de sa visite à la Maison blanche, mais on ne peut savoir si le président israélien a fait ou non des confidences à son homologue américain concernant la division qui traverse désormais la classe politique israélienne entre ceux qui continuent de croire en « la menace existentielle » de l’Iran, et ceux qui estiment qu’Israël peut coexister avec un Iran doté d’armes nucléaires.
De toute manière, Obama n’a pas besoin des confidences de Peres, puisque la chose est déjà sur la place publique. Selon le quotidien israélien « Haaretz » dans son édition électronique d’hier, un personnage clé de la scène politique israélienne est en train de prendre ses distances à l’égard de l’idée de bombarder l’Iran. Il s’agit d’Ehud Barak.
Barak est un personnage central dans le processus de prise de décision en Israël. Sa longue expérience en tant que commandant des troupes d’élite, Sayeret Matkal, de ministre de la défense et de Premier ministre font de son feu vert à une action aussi grave qu’une attaque contre l’Iran un préalable à toute décision dans ce sens.
Il n’est pas exclu que Netanyahu se range à côté de Barak sur le dossier iranien. Apparemment l’homme est en train de mûrir. En tout cas il ne ressemble plus beaucoup au Premier ministre rigide, inflexible et fanatique que l’on avait connu entre 1996 et 1999. D’après la presse israélienne d’hier, Peres était porteur d’ « une bonne nouvelle » à Obama : Netanyahu se serait rangé à l’idée de deux Etats. Se ranger à l’idée de deux Etats, ne veut pas dire que l’actuel Premier ministre va tout mettre en œuvre pour réaliser cet objectif. Avant lui, beaucoup de responsables israéliens ont cru, ou ont fait semblant de croire, à la solution des deux Etats dans le discours mais, dans la pratique, ils n’ont ménagé aucun effort pour bloquer sa concrétisation.

2 Comments:

Blogger Scott McLean said...

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11:08 PM  
Blogger Scott McLean said...

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Scott

11:12 PM  

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