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Saturday, January 10, 2009

De Deir Yassine à Gaza : hier les parents, aujourd'hui les enfants

Corps mutilés, enfants massacrés avant qu’ils ne comprennent ce qui est arrivé à leur pays et à leur peuple, écoles bombardées, ambulances attaquées, destruction de maisons, d’administration et d’infrastructures d’une ampleur terrifiante, le désastre que continue de subir Gaza depuis le 27 décembre sera sans doute retenu par l’histoire, à défaut de l’être par les grandes puissances actuelles et par l’instance onusienne qu’elles dominent, comme un crime contre l’humanité.
Les responsables politiques et militaires de la boucherie de Gaza répètent à la manière d’un disque rayé que si des civils tombent, c’est parce que les combattants du Hamas les utilisent comme boucliers humains. Personne ne peut croire à de telles assertions, car des combattants déterminés à affronter la machine de guerre israélienne ont mieux à faire que de se cacher au milieu des femmes et des enfants. La vérité est que l’armée israélienne n’a jamais eu le moindre respect pour la vie humaine, et elle n’a pas cessé de le prouver depuis la création de l’Etat d’Israël, et même avant.
Un mois avant la création de l’Etat d’Israël, le 9 avril 1948 exactement, les organisations terroristes juives, (Irgoun, Haganah et Stern) ont attaqué le village de Deir Yassine, ont massacré 250 personnes et pris un groupe pour le faire défiler « à la romaine » dans les rues de Jérusalem.
Deir Yassine avant-hier, Djénine hier et Gaza aujourd’hui, pour ne citer que ces trois crimes effroyables, les Israéliens, qu’ils appartiennent aux organisations terroristes d’hier ou à l’Etat terroriste d’aujourd’hui, ont une haine irrationnelle du Palestinien, non pas parce qu’il est terroriste, comme ils disent, mais parce qu’il est propriétaire d’une terre qu’ils lui ont confisquée par la force et qu’il ose encore en demander la restitution.
Il est historiquement établi que le crime de Deir Yassine visait à terroriser les Palestiniens et à les obliger à partir pour laisser la place aux Juifs. Des milliers de Palestiniens avaient fui alors pour se réfugier entre autres à Gaza. Ceux qui sont massacrés aujourd’hui sont les descendants de ceux qui avaient été forcés à fuir en 1948 par les terroristes juifs. L’un des terroristes en chef à l’époque qui avait pris une part active à l’expulsion des Palestiniens de chez eux est un certain Eitan Livni qui dirigeait l’Irgoun avec Menachem Begin. Sa fille Tzipi participe aujourd’hui activement au massacre des descendants des Palestiniens que sont père avait expulsés par la terreur de Deit Yassine et des autres villages palestiniens. Voici la preuve que depuis soixante ans, la haine du Palestinien et la volonté de l’effacer de la surface de la terre se transmettent d’une génération à l’autre.
Les drames bibliques que ne cessent de vivre les Palestiniens depuis la Nakba étaient inscrits en filigrane dans une petite phrase écrite par Lord John Troutbeck, le chef du Bureau britannique au Caire à la fin des années 1940. En effet, juste un mois après la création d’Israël, le 2 juin 1948 plus précisément, Lord Troutbeck avait écrit au ministre britannique des affaires étrangères de l’époque, Ernest Bevin, que « les Américains étaient responsables de la création d’un Etat gangster à la tête duquel se trouvent un groupe de dirigeants sans scrupules. »
Cette petite phrase de Lord Troutbeck est sans doute l’une des vérités absolues qui n’a pas cessé de se vérifier depuis 60 ans. Prenez n’importe quelle période de l’histoire d’Israël qui s’étend de 1948 à ce jour, et vous trouverez que le jugement de Lord Troutbeck s’applique parfaitement à l’Etat d’Israël. Un Etat gangster qui, parce qu’il est armé, financé et soutenu aveuglément par les Etats-Unis, confisque les terres, les annexe, tue massivement les habitants, détruit leurs maisons, déracine leurs arbres et assèche les sources de leur subsistance, le tout dans l’impunité la plus totale.
La seconde moitié de la phrase est tout aussi vraie. Considérez la série des Premiers ministres qui ont présidé aux destinées de cet Etat gangster, de David Ben Gourioun à Ehud Olmert en passant par Golda Meir, Menachem Begin, les deux Itzhak, Shamir et Rabin, Benyamin Netanyahu, Ehud Barak ou encore Ariel Sharon, et vous vous rendrez compte que tous ces dirigeants n’ont jamais eu le moindre scrupule à déposséder les Palestiniens de leurs biens et à lancer sur leurs têtes autant de tonnes de bombes qu’ils veulent.
Bien que les Etats-Unis fussent le premier pays à reconnaître Israël en 1948, l’état d’esprit des Américains à l’époque était bien différent de celui qui prévaut aujourd’hui. Beaucoup, y compris dans les milieux juifs américains, avaient des appréhensions similaires vis-à-vis du nouvel Etat à celles formulées par Lord John Troutbeck. Ces appréhensions avaient éclaté au grand jour en décembre 1948, lors d’une visite de Menachem Begin aux Etats-Unis.
Dans une lettre publiée par le New York Times le 2 décembre 1948, un groupe de Juifs américains célèbres, dont Albert Einstein et Hannah Arendt, avait dénoncé avec virulence, la visite du « fasciste Begin » qui préside un parti « dont l’organisation et les méthodes d’action rappellent celles des partis nazis ». Après avoir déploré « le massacre de Deir Yassine », les auteurs de la lettre invectivaient Begin et ses amis en ces termes : « Aujourd’hui ils parlent de liberté, de démocratie et d’anti-impérialisme, alors que, jusqu’à une date récente, ils prêchaient la doctrine de l’Etat fasciste. C’est à travers l’action que le parti terroriste trahit son vrai caractère. »
Oui, le New York Times était capable de dénoncer le terrorisme et le fascisme des dirigeants israéliens. Maintenant, à chacun de ses éditoriaux, à chaque déclaration des politiciens américains sur le conflit du Moyen-Orient, Albert Einstein, Hannah Arendt et tous leurs amis honnêtes et intègres devraient se retourner dans leurs tombes. Ils se seraient sans doute arrachés les cheveux s’ils avaient assisté jeudi et vendredi dernier aux débats surréalistes au Sénat et à la Chambre des représentants à l’issue desquels les élus du peuple américain ont, comme d’habitude, voté des résolutions condamnant les victimes et encourageant les agresseurs à aller de l’avant.

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