airelibre

Thursday, July 24, 2008

"Ô Pharaon pourquoi tu sévis?..."

Quand on a en mémoire le discours obséquieux du candidat Obama le mois dernier devant les 5000 délégués de l’AIPAC (American Israeli Public Affairs Committee) réunis à Washington, on ne peut s’étonner de l’amour débordant d’Israël et des Juifs et de l’indifférence exagérée à l’égard de la situation tragique des Palestiniens manifestés par prétendant à la Maison blanche au cours de sa tournée moyen-orientale entreprise cette semaine.
Kippa de rigueur ; visite à Sderot pour exprimer sa solidarité avec les « victimes » des fusées parfaitement inoffensives lancées par des Palestiniens désespérés ; rencontre avec le policier israélien pour le féliciter d’avoir tué la Palestinien qui fonçait au bord de son bulldozer sur des voitures israéliennes ; visite éclairée par la lune à l’aube au mur des lamentations où il s’était lamenté Dieu sait sur qui, mais sûrement pas sur le sort lamentable des Palestiniens. Sans compter les rencontres avec les officiels israéliens et les assurances répétées jusqu’à l’écoeurement de son engagement sans faille envers la sécurité d’Israël et sa protection contre les « menaces mortelles » que font peser sur lui « les terroristes de tous bords » et « l’Iran nucléaire ».
Mais ce n’est pas tout. Obama a jugé nécessaire de démentir son démenti sur Jérusalem. Rappelons-nous le discours du candidat démocrate au début du mois de juin devant les 5000 délégués de l’AIPAC. Ce jour là il a dit que « Jérusalem doit rester la capitale unifiée d’Israël », chose que même George W. Bush n’a pas osé dire. Quelques jours après, conscient de son erreur et faisant face à une pluie de critiques, Obama a fait machine arrière en reconnaissant devant la presse américaine que « certains passages du discours étaient mal rédigés ». En Israël, nous avons eu droit à un démenti du démenti puisque le candidat métis, persistant et signant, est revenu à son erreur initiale en réaffirmant une fois encore que « Jérusalem doit rester la capitale unifiée d’Israël ».
Quiconque a suivi cette visite sur les écrans de télévision ne peut pas ne pas relever le contraste saisissant entre l’alignement extravagant du candidat Obama sur Israël et la grande publicité qui lui est faite d’une part, et, d’autre part, la visite aussi furtive que discrète qu’il a effectuée à Ramallah pour rencontrer le président Mahmoud Abbas. Nous n’avons eu droit qu’à quelques secondes d’images du candidat démocrate face au président palestinien. Et là, les choses étaient claires, les photographes, les cameramen et les monteurs ont tous appliqué à la lettre les instructions de l’état major de la campagne d’Obama : publicité maximale de la visite en Israël, discrétion maximale à Ramallah.
Cette obséquiosité des candidats à la Maison blanche vis-à-vis d’Israël et du lobby à son service à Washington, qui se poursuit une fois le candidat élu, est sans aucun doute l’une des raisons fondamentales de l’arrogance d’Israël, de son mépris du droit international affiché depuis plus de 40 ans et de sa politique qui constitue un barrage au retour de la paix dans la région.
Le candidat Obama n’a pas encore quitté Israël que les dirigeants de ce pays annoncent non pas l’extension d’une colonie existante, mais carrément la création d’une nouvelle colonie, ce qu’on n’a pas vu depuis des années. En effet, alors que Barack Obama faisait encore la courbette aux dirigeants israéliens, ceux-ci ont annoncé la création d’une nouvelle colonie en Cisjordanie qui s’appelle déjà « Maskiot » et qui comprendra « 20 unités ». Cette nouvelle violation des droits palestiniens et du droit international intervient quelques semaines après la décision du gouvernement israélien de construire 1800 nouveaux logements dans des colonies déjà existantes : 920 logements à Jbel Abou Ghneim que les Juifs appellent « Har Homa », et 880 dans la colonie de Pisgat Ze’ev qui surplombe Jérusalem.
Un proverbe égyptien dit ceci : « - Ô Pharaon pourquoi tu sévit ? – Parce qu’il n’y a eu personne pour m’arrêter ! ». Cela s’applique parfaitement à Israël. Car, non seulement jusqu’à présent aucune grande puissance n’a eu le courage de frapper sérieusement sur la table et dire « maintenant assez, trop c’est trop », mais, plus stupéfiant encore, les grands de ce monde (actuels et futurs) se bousculent à Israël et rivalisent furieusement dans les allées du pouvoir israélien à qui aime mieux et soutient plus ce pays que Barack Obama, dans un moment d’extase pro-israélienne, a qualifié de « miracle permanent ».
Dans ces conditions comment s’étonner qu’Israël continue de violer le droit international, de voler les terres palestiniennes et, en même temps, de monter sur les toits pour crier au danger et de pointer maintenant vers Téhéran le même doigt accusateur qu’il avait déjà pointé auparavant vers le Caire, Bagdad, Damas, Amman, Beyrouth etc… ?

1 Comments:

Blogger Unknown said...

ssemaPire qu'un allié encombrant Israel devient pour les Etats-Unis un boulet que ces derniers trainent tout en envenimant leurs relations avec la plupart du reste du monde.Le rapport de Mearsheimer & Walt fait de longs developpements sur les consequences désastreuses pour les americains de cette alliance,négative sur tous les plans et sans aucun retour "d'investissemenr".
Le pays le plus capitaliste du monde s'est-il tellement gouré cette fois ci dans ses calculs ?

12:22 PM  

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