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Saturday, July 19, 2008

La guerre d'Iran n'aura pas lieu

Commençons par le commencement. En janvier 2002, George Bush annonça à un monde stupéfait que l’Irak, la Corée du nord et l’Iran constituent « l’axe du mal » que l’Amérique se prépare à annihiler.
Mars 2003, le premier membre de « l’axe du mal » est envahi et six semaines plus tard, le 1er mai 2003, le président américain atterrit en combinaison d’aviateur sur le porte-avions Lincoln, au large de la Californie, se faisant photographier et filmer en long et en large sous la fameuse bannière « Mission accomplished ».
« Mission accomplie » donc, et l’Amérique se préparait à régler ses comptes aux deux autres membres de l’ « axe du mal ». Seulement les choses tournent mal et l’Irak se révèlera être un bourbier infernal ce qui n’avait été prévu ni par l’armée américaine, ni par les stratèges néoconservateurs qui l’avaient envoyée guerroyer dans les sables mouvants de la Mésopotamie.
Plus l’armée américaine s’embourbait en Irak, moins les deux autres membres de « l’axe du mal » subissaient pressions et menaces. A Pyongyang et à Téhéran le degré soulagement était proportionnel au degré d’embourbement de l’armée américaine et au degré croissant de désillusion du peuple américain vis-à-vis du projet néoconservateur.
En 2004, et surtout après la réélection de George Bush pour un second mandat, il était déjà devenu évident que les Etats-Unis ne pouvaient en aucun cas réserver à la Corée du nord et à l’Iran un sort semblable à celui de l’Irak. En d’autres termes, pendant les deux premières années du second mandat de George Bush, Washington continuait à adopter une attitude arrogante et à proférer les menaces habituelles, mais tout le monde savait, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du monde, que si l’armée américaine éprouvait de grandes difficultés à mettre au pas la résistance irakienne, elle ne pourrait sûrement pas ouvrir un autre front, et encore moins deux, contre le reste de l’ « axe du mal ».
La nouvelle réalité engendrée par l’embourbement de l’armée américaine en Irak a été mise à profit par la Corée du nord qui répondait aux menaces de bombardement par une intensification de ses essais nucléaires jusqu’à son annonce spectaculaire relative à son entrée au club restreint des pays possédant « la Bombe ».
Prenant acte du fait accompli nord coréen, Washington a commencé en 2006 à assouplir sa position et accepter l’idée que, la Corée du nord possédant désormais son moyen de dissuasion nucléaire, il n’y a aucune solution, sauf la négociation. Maintenant, après deux ans de négociations et d’assouplissement mutuel des positions, la crise américano-nord coréenne est largement résolue et Pyongyang a commencé le démantèlement de ses installations nucléaires.
La résistance du dernier carré des néoconservateurs dans les allées du pouvoir à Washington a retardé l’engagement des négociations avec l’Iran en dépit du succès de la diplomatie à résoudre la crise nucléaire avec Pyongyang. Ce retard est dû également à la forte résistance du lobby pro-israélien et d’Israël lui-même qui n’aimaient pas entendre parler de solution diplomatique avec Téhéran et qui qualifiaient les « pragmatiques » de l’administration américaines qui poussaient vers les négociations avec Téhéran de « rêveurs naïfs ».
Le changement d’attitude de Washington qui, subitement, a décidé à la fois d’envoyer le numéro 3 du département d’Etat, William Burns, à Genève pour négocier directement avec les Iraniens, et d’étudier la possibilité de rouvrir, 30 ans après, une représentation diplomatique à Téhéran, prouve que l’issue de la lutte interne qui se déroulait à Washington s’est conclue en faveur des « pragmatiques ». Le vice-président Cheney, les quelques néoconservateurs qui ne se sont pas encore éclipsés et l’AIPAC (American Israeli Public Affairs Committee) ont visiblement perdu et se trouvent sur la défensive dans le dossier nucléaire iranien.
Le plus fanatiques et le plus belliqueux d’entre eux, John Bolton, ancien représentant US à l’ONU, a piqué une crise de nerfs en apprenant que William Burns allait se réunir à Genève avec les Iraniens. Il a vociféré des critiques semblables à celles qu’il a formulées déjà contre l’administration Bush au moment de l’ouverture envers la Corée du nord : « C’est une capitulation totale et une renonciation à l’idée de suspension de l’enrichissement de l’uranium. Au moment où l’on croit que cette administration n’a plus de revirement à faire, elle entreprend un autre… ».
Le revirement et l’assouplissement américains sur le dossier iranien sont bien sûr les bienvenus et le monde entier, à l’exception d’Israël, se sent soulagé à l’idée que l’Amérique de Bush s’est finalement rendue à la raison et à l’évidence qu’elle ne peut pas se permettre une nouvelle guerre aux conséquences terrifiantes. Certains analystes américains attribuent à George Bush une intention machiavélique. Selon eux, le président américain est convaincu que la diplomatie avec l’Iran ne marchera pas. Il l’entreprend pour « être en règle » avec l’opinion publique mondiale avant de se lancer dans la guerre contre le régime des mollahs.
C’est le genre d’analyse par lequel généralement on cherche midi à quatorze heures. Bush a eu certes des comportements machiavéliques au moment où il préparait son agression contre l’Irak. C’était en 2002-2003, quand il était au sommet de sa puissance. Maintenant, il est affaibli, discrédité et à moins de six mois de la retraite. Il n’a ni le temps, ni la force, ni probablement l’envie, de se livrer à nouveau à des calculs machiavéliques aussi compliqués que dangereux. Sa décision de s’ouvrir sur l’Iran sera l’une des rares décisions raisonnables que le monde se rappellera de lui. La guerre d’Iran n’aura donc pas lieu et c’est tant mieux pour le Golfe, pour le Moyen Orient et pour le monde. Signe des temps, beaucoup sont en train de couvrir George Bush d’éloges non pas parce qu’il a empêché une guerre contre l’Iran, mais parce qu’il ne l’a pas déclenchée…

1 Comments:

Blogger Unknown said...

smissema"signe des temps",cette guerre évitée montre bien que le conflit Irakien que Mr Bush contre l'avis de ses alliés, de ses citoyens et de presque tout le monde(excepté les lobbies et Israel) avait declenché a bien affaibli ce qu'on est en passe de dire l'ex première puissance mondiale.
La prochaine administration tira-t-elle les consequences qui s'imposent ou sera-t-elle aussi elle meme un simple pion dans le collimateur de ces puissances occultes et moins occultes?

12:59 PM  

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