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Saturday, January 26, 2008

Les erreurs historiques d'Israël

Les derniers développements dans la bande de Gaza, caractérisés par l’ouverture de brèches dans la barrière métallique de Rafah et l’extraordinaire affluence des Palestiniens en Egypte, sont les derniers signes d’une série d’échecs de la politique israélienne, inaugurée avec la guerre de six jours il y a plus de quarante ans.
La preuve irréfutable que les Israéliens se mordent les doigts d’avoir occupé les territoires palestiniens pendant la guerre de juin 1967 se trouve dans une étrange déclaration du gouvernement Olmert, suite à l’acceptation par l’Egypte de laisser les dizaines de milliers Palestiniens franchir la frontière et s’approvisionner en différentes marchandises. Le gouvernement israélien a subitement sauté sur l’occasion, comme s’il l’attendait depuis toujours, pour dire qu’ « Israël n’est plus responsable de l’approvisionnement de Gaza, cette responsabilité incombe désormais à l’Egypte ».
Après plus de quarante ans d’occupation, de confiscations de terres, de destructions de vies et de propriétés palestiniennes, voilà qu’Israël veut maintenant revenir au point de départ, c'est-à-dire au 4 juin 1967 quand Gaza dépendait de l’Egypte, sans pour autant reconnaître ses torts ni évacuer tous les territoires occupés. On n’occupe pas un territoire pendant quatre décennies et on ne provoque pas les malheurs indescriptibles de son peuple pour s’en laver subitement les mains et se décharger de ses responsabilités de force occupante sur l’Egypte, tout en continuant à occuper la Cisjordanie et le Golan.
L’histoire d’Israël se résume à une série d’erreurs plus désastreuses les unes que les autres. L’erreur fondamentale, fondatrice de toutes les autres si l’on peut dire, est l’occupation des territoires palestiniens et du Golan, erreur que la région entière continue d’en payer le prix fort en sang et en larmes, y compris les Israéliens qui, depuis des décennies, n’ont connu ni paix ni sécurité du fait des politiques erronées obstinément suivies par leurs gouvernements successifs.
On reste pantois face à l’incapacité congénitale des politiciens israéliens de tirer les leçons des erreurs du passé. Il y a comme un masochisme politique qui colle à la peau des politiciens israéliens qui, plus ils commettent d’erreurs désastreuses pour leur pays, plus ils s’efforcent d’en commettre davantage. Ils ont décidé d’occuper les territoires palestiniens et, depuis plus de quarante ans, se débattent dans un bourbier dont ils ne savent toujours pas comment s’en sortir ; ils ont occupé le sud Liban en 1982 pour le soumettre à leur volonté et, après 18 ans de malheurs, l’armée israélienne s’est enfuie la queue entre les jambes ; ils ont tenté de détruire le Hezbollah par les bombardements aériens de l’été 2006 qui ont duré 36 jours, mais, par un effet de boomerang, cette guerre leur est revenue à la figure et Israël en est sorti affaibli politiquement et militairement et le Hezbollah renforcé ; ils ont voulu étouffer Gaza en la soumettant à un blocus digne des cruautés du Moyen-Âge, mais des centaines de milliers de Palestiniens se sont approvisionnés en Egypte et Israël s’est retrouvé dans une position ridicule avec un blocus qui ne sert à rien et une image fortement dégradée de pays cruel, affameur d’enfants et tueur de vieillards par son refus d’autoriser même le lait et les médicaments d’arriver aux Palestiniens. Sans parler des innombrables erreurs commises pendant les deux intifadhas ou lors des refus obstinés des multiples offres arabes de paix.
Il faut dire que les Etats-Unis sont pour beaucoup dans la politique dangereuse que mènent les différents gouvernements israéliens depuis des décennies. Leur soutien inconditionnel à toutes les injustices commises par Israël, leur aide militaire massive et l’utilisation automatique et systématique de leur veto à l’ONU contre la moindre résolution critiquant Israël sont pour beaucoup dans la conduite continuellement arrogante de ce pays et le mépris avec lequel les Israéliens traitent la légalité internationale.
Mais la capacité de Washington de tirer les leçons du passé n’est pas plus grande que celle d’Israël. Ce qui se passe actuellement au Conseil de sécurité de l’ONU le prouve amplement. Selon des sources bien informées au siège des Nations Unies à new York, Washington a proposé un projet de résolution condamnant « les tirs de fusées Qassam et autres activités terroristes contre Israël ». Ce projet ne condamne évidemment pas le blocus de Gaza, mais appelle Israël à prendre « des mesures pour alléger les souffrances des civils palestiniens ».
Un projet de résolution parallèle soumis par la Ligue arabe exprime « l’inquiétude des pays arabes face à la situation humanitaire de Gaza critique « les attaques contre Israël » et appelle ce pays à « rouvrir les passages frontaliers ». Sur les 15 membres du Conseil de sécurité, un seul a rejeté le projet de résolution arabe : les Etats-Unis d’Amérique. Un haut responsable américain a expliqué la position de son pays par le fait que le projet de résolution arabe « ne condamne pas le terrorisme contre Israël et ignore le cœur du problème ».
Le proverbe français qui dit qu’un tel voit la paille dans l’œil de son vis-à-vis et ne voit pas la poutre dans son œil, s’applique parfaitement à cette situation gravement surréaliste que vit le Moyen-Orient. Le cœur du problème réside-t-il dans les fusées conventionnelles et nucléaires dévastatrices que possède Israël ou dans les quelques fusées Qassam lancées par désespoir sur la ville israélienne de Sderot et qui ne sont pas plus qu’un baroud d’honneur en réaction aux attaques meurtrières israéliennes ? Le cœur du problème est-il le désastre humanitaire da Gaza dont sont responsables les autorités israéliennes ou les quelques fusées rudimentaires qui ne blessent pas un chat ? Le cœur du problème est-il l’occupation impitoyable des Palestiniens et la confiscation de leurs terres ou les tentatives désespérées des populations occupées de survivre et leur refus de mourir étouffées ? Tant que Washington n’a pas trouvé les réponses appropriées à ces questions, la région restera une poudrière susceptible d’exploser à tout moment.

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