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Wednesday, January 20, 2010

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient

Il y a un an exactement, Barack Obama entrait à la Maison blanche. Evénement routinier dans la longue histoire constitutionnelle américaine, l’élection le 4 novembre 2008 d’un président noir aux Etats-Unis et son installation avec sa famille à la Maison blanche le 20 janvier 2009, avaient largement dépassé le cadre de la politique intérieure américaine pour revêtir l’aspect d’un événement planétaire.
En effet, en ce 20 janvier 2009, les yeux du monde entier étaient braqués sur Washington où un jeune président de 48 ans, de mère américaine blanche et de père kényan noir, prêtait serment et s’apprêtait à prendre en charge la plus haute responsabilité de la plus grande puissance de la planète. On avait assisté en direct à l’infirmation spectaculaire d’une idée préconçue selon laquelle nul ne peut accéder à la magistrature suprême aux Etats-Unis s’il n’est pas White Anglo-Saxon Protestant (WASP). Mais on avait assisté aussi en direct à la confirmation tout aussi spectaculaire de l’idée que tout est possible en Amérique, y compris pour le fils d’un Kényan de confession musulmane de se faire élire président.
A son entrée à la Maison blanche, Obama était fort de plus de 70% d’opinions favorables. Aujourd’hui, il en a perdu plus de 20% puisque sa cote de popularité se situe autour de 50%. Il est vrai qu’il s’est retrouvé avec trois gros problèmes sur les bras : la crise financière et économique la plus grave depuis 1929, la guerre d’Afghanistan et la guerre d’Irak.
Pour la crise, il s’en est sorti avec le moins de dégâts possible. Bien que le taux de chômage soit toujours à deux chiffres (10%), la décision d’Obama de mobiliser massivement les ressources de l’Etat fédéral pour sauver le système financier américain de l’effondrement a eu des résultats plutôt positifs, même si, contrairement à ses convictions économiques, il a creusé encore plus le déficit qui s’élève maintenant à 1400 milliards de dollars, soit 10% du PNB américain.
Pour la guerre en Irak, il a décidé de ramener tous les soldats chez eux d’ici à la fin de l’année 2011, et une bonne partie d’entre eux d’ici au mois d’août 2010. Mais Obama sait très bien que l’exécution de cette décision dépend beaucoup moins de sa détermination et de sa volonté que de la situation sur le terrain.
Quant à l’Afghanistan, les choses se sont aggravées depuis l’entrée en fonction d’Obama qui a triplé le nombre des soldats américains guerroyant dans les montagnes afghanes. Ce triplement des troupes affectées à la lutte contre les talibans a coïncidé avec des statistiques qui montrent que l’année 2009 a été la plus mortelle, depuis le déclenchement de la guerre en 2001, pour les soldats américains et ceux de l’Otan.
Mais si la guerre d’Afghanistan a contribué à la baisse de popularité d’Obama durant l’année écoulée, elle ne l’a pas empêché de recevoir, contre toute attente, le prix Nobel de la paix. Le 10 décembre 2009, on a eu droit au spectacle surréaliste d’un président qui, ne sachant trop pourquoi il était gratifié de ce prix, a dû prononcer un discours de réception du Nobel de la paix à Oslo et dans lequel il n’a pas pu s’empêcher de défendre le choix « des guerres qui sont parfois nécessaires »…
Concernant le problème central qui intéresse les Arabes et les Musulmans, pas le moindre petit progrès n’a été enregistré. Les grands espoirs soulevés par l’arrivée de Barack Obama au pouvoir concernant une médiation moins partiale dans le conflit israélo-arabe, se sont évaporés. Et le discours du Caire qui était salué unanimement du Golfe à l’Atlantique s’est révélé être des paroles en l’air. Qu’il s’agisse de la question palestinienne ou du dossier iranien, aucune des idées exposées en grande pompe au Caire par le président américain n’a eu la chance d’être appliquée. Ce qui n’est guère étonnant quand on sait qu’il n’a même pas pu concrétiser sa promesse de fermer la prison de Guantanamo dont il a fait l’un de ses chevaux de bataille lors de sa campagne électorale de 2008.
Depuis qu’il a lamentablement échoué dans son bref bras de fer avec Netanyahu sur la question du gel des colonies, Obama se comporte comme s’il n’y a aucun problème au Moyen-Orient et comme s’il n’a rien promis dans ses innombrables discours avant et après son élection. Certes, on a toujours droit à ces visites aussi rituelles que stériles dans la région de George Mitchell. Mais celui-ci, tout comme Condoleeza Rice avant lui, contribue beaucoup plus au réchauffement climatique par les tonnes de kérosène brûlées par son avion dans l’atmosphère qu’au réchauffement des relations israélo-arabes.
Mardi dernier, il y a eu un vote dans l’Etat du Massachusetts pour remplacer un sénateur disparu. Les démocrates, qui étaient sûrs de gagner, ont perdu et c’est un républicain qui a remporté le siège. Un mauvais présage pour les élections de mi-mandat de novembre prochain qui auront pour objet le renouvellement partiel du Congrès.
Il y a fort à parier que le revers de mardi dernier aura un effet plus inhibiteur encore sur l’attitude d’Obama vis-à-vis du conflit du Moyen-Orient. Il a sans doute les yeux fixés sur l’échéance de novembre prochain, et il est hautement improbable qu’il entreprenne quoi que ce soit de nature à provoquer la fureur d’Israël et de son Lobby à Washington.
Après 365 jours d’exercice du pouvoir à Washington, le président Obama a eu quelques petits succès intérieurs sur le plan économique ou sur celui de la réforme de la sécurité sociale. Il a réussi à badigeonner un peu la réputation du pays fortement entachée par la politique désastreuse de son prédécesseur. Mais aucun succès notable sur le plan de la politique internationale n’est à mettre à son actif.
En attendant la suite de ce mandat présidentiel pas comme les autres, tous ceux qui, de par le monde, se sont laissés grisés il y a un an par le vent de l’espoir en provenance de l’Amérique, méditent aujourd’hui la célèbre formule d’un célèbre politicien français : les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

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