airelibre

Monday, November 20, 2006

BUSH CHANGE DE CAP,MAIS N’EST-CE PAS TROP TARD ?


L'ère de l'arrogance est-elle révolue et Bush s'est-il décidé finalement à mettre de l'eau dans son vin ? S'il avait le choix, il ne l'aurait pas fait, bien sûr, mais il n'a plus le choix. En fait, bien avant la sévère défaite de son parti, il avait senti le vent tourner et a commencé à procéder à des concessions et à reconnaître les difficultés en Irak et les mécontentements vis-à-vis de sa politique exprimés par ses concitoyens. Même si une semaine avant de se débarrasser de son encombrant secrétaire à la défense, Ronald Rumsfeld, Bush promettait aux journalistes qu'il le garderait jusqu'à la fin de son mandat, le chef du Pentagone était déjà un homme bien affaibli politiquement et son autorité au ministère se réduisait comme une peau de chagrin. Il aurait même reçu des ordres d'éviter de se mettre dans les pattes de la Commission, présidée par Baker et Hamilton, puisque, selon le magazine Newsweek du 20 novembre, c'était l'une des conditions posées par James Baker pour donner son accord d'être le principal personnage de la Commission qui porte désormais son nom, même s'il la co-dirige avec l'ancien représentant démocrate, «le sage» Lee Hamilton.Un autre signe des difficultés que vit Georges W. Bush est qu'il ne compte plus seulement sur «le Père supérieur» dont il se targuait devant le journaliste et écrivain américain, Bob Woodward, de n'en référer qu'à lui, mais il s'est trouvé dans l'obligation de demander les conseils de son propre père qu'il boudait depuis des années, du moins en public. Selon Newsweek, le père Bush supportait de plus en mal de voir son fils dans une telle situation; Il ne pouvait donc pas rester les bras croisés. Apparemment c'est lui qui a convaincu son ami James Baker d'accepter d'être impliqué dans la recherche d'une solution qui permettrait à l'Amérique de sortir du bourbier irakien. Dans l'entourage de James Baker, on assure que celui-ci le fait non pas pour Bush, qu'il tient dans une piètre estime («il a pour principes Dieu et l'exercice physique» aurait-il un jour dit du président américain), mais pour le pays. C'est un peu le devoir national qui aurait convaincu un certain nombre de collaborateurs du père Bush, dont Baker, Scowcroft et Gates (l'ancien chef de la CIA au temps de Bush père et le remplaçant de Rumsfeld), de s'impliquer dans la recherche d'une solution pour l'impasse de l'Amérique en Irak.Les choses vont de plus en plus mal en Irak. Selon la presse américaine, le commandement militaire US en Irak est dans tous ses états. Il exige deux brigades immédiatement et 50.000 soldats supplémentaires plus tard pour tenter de contenir le feu de la guerre civile qui menace de consumer le pays tout entier. «De toute façon, ils n'ont pas le choix», explique Thomas Ricks, le correspondant militaire du Washington Post, qui a fait plusieurs fois l'Irak. «En l'état actuel des forces, l'Amérique ne peut ni rester ni se retirer. Elle se trouve face aux mêmes dilemmes classiques des tragédies grecques où le héros est confronté à deux choix, aussi terribles l'un que l'autre et dont il ne peut choisir aucun sous peine de sombrer dans la malédiction». Que peuvent faire Baker et ses amis pour sauver l'armée et l'âme de l'Amérique. Evidemment dans l'entourage de la Commission, on insiste que Baker, Hamilton et les huit autres membres n'ont pas de solution magique à proposer. Mais on insiste également que la Commission rejette aussi bien l'idée ressassée depuis des années par Bush consistant à «maintenir le cap» (stay the course), que l'idée d'un retrait immédiat (immediate withdrawl) demandé par certains démocrates.Les membres de la Commission ont été reçus par Bush la semaine dernière à la Maison Blanche. Rien n'a filtré de l'entrevue, et le black out continue à régner à Washington quant aux résultats des travaux de la Commission qui rendra ses recommandations dans les dix premiers jours du mois de décembre prochain.Cependant, les fuites étant inévitables, il semble que la proposition centrale que s'apprêtent à faire Baker et ses amis tourne autour de l'association de la Syrie et de l'Iran au processus de pacification de l'Irak. Cette proposition met Bush en porte-à-faux, lui qui a toujours pointé un doigt accusateur vers ces deux pays et juré ses grands Dieux qu'il ne négocierait jamais avec eux. Comme quoi, en politique, même quand on se prend pour l'homme le plus puissant de la terre et qu'on préside la plus grande puissance du monde, on ne peut pas toujours faire ce qu'on veut.Plusieurs commentateurs aux Etats-Unis et en Europe ont interprété le discours de Tony Blair, mardi, dernier, invitant à impliquer la Syrie et l'Iran dans une dynamique de paix au Moyen Orient, comme étant «le discours que la Maison Blanche ne peut pas faire». Blair a-t-il été chargé par l'Amérique de faire ce discours à la place de son ami Bush afin de préparer les opinions à un changement de cap dans la politique américaine dans la région? Beaucoup le pensent. William Pfaff, l'un des plus grands journalistes américains, n'a pas caché dans son dernier article, publié dans son site internet (www.williampfaff.com), la condescendance qu'il ressent vis-à-vis du premier ministre britannique. «Jusqu'à quand va-t-il rester aux ordres de Bush? Pourquoi ne prend-il pas ses distances et ne met-il pas au point une politique britannique indépendante de celle de Washington ? Pourquoi seulement maintenant a-t-il décidé de faire le discours qu'il a fait», étaient des questions qui tracassaient visiblement le journaliste américain et auxquelles il ne trouve apparemment pas de réponse. Pour William Pfaff, une chose est sûre, quelles que soient les conclusions et les recommandations que fera dans deux semaines la Commission, elles viendront trop tard. Un pessimisme tout à fait conforme à l'état de dégradation avancée de la situation en Irak.

18 Nov. 06

1 Comments:

Blogger Robert said...

Ayant notamment travaillé en Irak, en Afghanistan et dans divers pays du Moyen-Orient, j'ai été fort intéressé par votre article.

Cependant, pour avoir une pleine compréhension des événement politiques, et donc une attitude adéquate, il est indispensable d’intégrer le facteur comportemental des pays concernés, ce qu’omettent généralement tant les « décideurs » que les journalistes, et notamment les actuels dirigeants américains.

Pour répondre à ce manque, une approche originale est développée par le site POLITIC PLUS dont je me permets de donner l’adresse : http://politic.blog4ever.com/blog/index-73993.html
Aller sur « Comportements et politique : L’Irak, l’échec inévitable. ».

Et merci pour votre fort intéressant site.

Robert

10:49 AM  

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