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Tuesday, October 06, 2015

Les coûts élevés de la médiocrité^politique

Deux douzaines d’avions de combat et des centaines de militaires russes sont déjà sur place dans la ville côtière syrienne de Lattaquié. L’implication directe de la Russie dans la guerre contre les terroristes de l’ « Etat islamique » est imminente. Elle commencera très probablement après le discours que prononcera le président Poutine devant la 70e Assemblée générale de l’ONU à New York, le lundi 28 septembre. La Russie souhaite évidemment qu’elle sera rejointe par le maximum de pays, en particulier les Etats-Unis, et en cas de refus, elle ira toute seule. Dans une déclaration à l’Agence américaine ‘’Bloomberg’’, Elena Suponina, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut d’études stratégiques de Moscou, a affirmé : « la Russie souhaite que le bon sens prévaudra et qu’Obama prendra la main tendue de Poutine. Mais si cela n’arrive pas, Poutine agira seul de toute manière. » Bien qu’il ne compte passer qu’une journée à New York, le président russe rencontrera très probablement le président américain pour justement lui tendre la main et tenter de le convaincre que quelles que soient les difficultés qui entravent un développement serein des relations russo-américaines, elles ne sont rien face à l’immense danger que pose l’expansion de l’ « Etat islamique » et les autres organisations jihadistes extrémistes, pour la paix et la stabilité mondiales. Depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir en Russie en tant que président, ensuite en tant que Premier ministre, et à nouveau en tant que président, Vladimir Poutine ne cesse de démontrer qu’il est un politicien chevronné. Sa dernière décision de s’engager fermement en Syrie pour combattre le terrorisme à côté du régime syrien démontre une intelligence politique et une capacité d’analyse qui tranchent avec la médiocrité et l’imbécilité politiques qui prévalent en Occident en relation avec les deux crises majeures qui secouent le monde : l’Ukraine et la Syrie. La provocation gratuite, et donc la médiocrité politique, de l’Occident, les Etats-Unis en particulier, en Ukraine, a été traitée avec intelligence et sagesse en Russie. Qu’a gagné l’Occident en provoquant la chute du pouvoir légitime ukrainien et son remplacement par un pouvoir de fait anti-russe et pro-occidental ? Rien, sinon fournir à la Russie une chance inespérée pour reprendre la Crimée, ce « cadeau surprise » offert par Khrouchtchev en 1954 à l’Ukraine ; semer l’anarchie dans un pays pauvre, devenu très pauvre depuis la « manip » mise au point dans les laboratoires politiques de Washington ; et convaincre des millions d’Ukrainiens qu’ils n’ont plus d’avenir dans leur pays, lorgnant ainsi vers l’Occident en proie déjà à une migration massive en provenance du Moyen-Orient et qui pourrait se compliquer gravement à tout moment par une autre migration massive en provenance d’Ukraine… Au Moyen-Orient, la médiocrité politique occidentale dans le traitement des crises est beaucoup plus lourde de conséquences. Derrière le désastre moye-oriental se trouve l’idée obsessionnelle, mais trop sélective, de détruire des régimes dictatoriaux et de les remplacer par des démocraties. Qu’il s’agisse de l’Irak, de la Libye ou de la Syrie, l’absurde atteint des proportions affolantes quand on voit l’Arabie saoudite et le Qatar participer activement à ces campagnes militaires anti-dictature et pro-démocratie… Si la Syrie n’est pas tombée entièrement sous la barbarie islamiste du trio infernal Daech-Annusra-Al Qaida, c’est grâce au coup de maître de Poutine. Rappelons les faits : après que la médiocrité politique occidentale ait transformé la Libye en chaudron anarchique, l’euphorie était telle que l’on se préparait à Washington, à Paris et à Londres à faire subir à Bashar al Assad le même sort que Kadhafi et à la Syrie le même sort que la Libye. Consumés par leurs démangeaisons anti-syriennes, Barack Obama et François Hollande ne se tenaient plus en place. Et leur ardent désir de détruire l’Etat syrien se serait concrétisé, n’eût été l’idée géniale de Poutine de troquer les armes chimiques syriennes contre l’annulation des bombardements de Damas décidés par Obama et Hollande. Le deuxième coup de génie de Poutine est sa décision d’intervenir, seul au besoin, contre les hordes islamistes qui, depuis quatre ans et demi, sèment la mort et la destruction en Syrie. Si le président russe a finalement décidé d’intervenir, c’est parce que la médiocrité politique occidentale est toujours à l’œuvre. Elle a empêché pendant longtemps les décideurs à Washington, Paris et Londres de comprendre une chose d’une simplicité consternante : s’entêter à faire subir à Bashar al Assad le sort de Kadhafi, c’est donner au terrorisme une seconde opportunité historique égale ou supérieure à celle qui lui fut offerte par George W. Bush en Irak en 2003. Grâce à la résistance héroïque de l’armée syrienne, grâce à la politique intelligente de Moscou, les dirigeants occidentaux, l’un après l’autre, montrent des signes de guérison de leur obsession pathologique anti-Bashar al Assad. Pour eux, celui-ci ne fait plus partie du problème, mais de la solution, et ils n’ont plus d’objection à ce qu’il se maintienne « provisoirement » au pouvoir. Mieux vaut tard que jamais… Poutine a eu donc gain de cause et se prépare militairement et logistiquement à confronter l’hydre terroriste. Avant de s’engager pleinement dans cette confrontation existentielle, le président russe, chrétien orthodoxe, a tenu à se présenter au monde comme le défenseur de vrai islam et de ses valeurs positives. Accompagné des présidents turc et palestinien, Poutine a inauguré la « plus grande mosquée d’Europe » à Moscou dont la reconstruction a coûté au contribuable russe la bagatelle de 170 millions de dollars. « Nous voyons », a dit Poutine « ce qui se passe au Moyen-Orient où les terroristes du prétendu Etat islamique sont en train de compromettre cette grande religion et de semer la haine. (…) Cette mosquée sera une source d’éducation et de promotion des idées humanistes et des vraies valeurs de l’islam. » Encore un coup de maître.

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