airelibre

Wednesday, August 12, 2009

Le CICR gardien des Conventions de Genève: Trop discret, trop timide

C’est aujourd'hui que le Comité International de la Croix Rouge (CICR) fête le soixantième anniversaire des Conventions de Genève signées le 12 août 1949. Avant d’en arriver là, il a fallu près d’un siècle et demi d’efforts acharnés de la part d’hommes déterminés à réduire au maximum les souffrances endurées par leurs semblables en temps de guerre.
En 1859, Henry Dunant, un riche homme d’affaires genevois, voulait se lancer dans l’agriculture en Algérie, et plus précisément dans la région de Sétif. Mais il lui fallait l’accord des autorités françaises. Or Napoléon III était à l’époque en train de guerroyer dans le nord de l’Italie pour aider les Piémontais italiens à expulser les occupants autrichiens. Dunant fit donc le voyage en Italie pour rencontrer Napoléon III et lui demander l’autorisation de devenir agriculteur en Algérie.
Au lieu d’une rencontre avec Napoléon III dans quelque palace italien comme il l’imaginait, Henry Dunant se trouva au milieu des combats deux jours après la terrifiante bataille de Solférino qui, le 24 juin 1859, avait fait 40.000 victimes en une journée. Des milliers de soldats agonisaient dans de terribles souffrances. Dunant mobilisa la population locale, organisa les secours autant que faire se pouvait, oublia ses projets en Algérie et revint à Genève, décidé à tout mettre en œuvre pour développer « les soins aux militaires blessés ».
En 1862, Dunant avait publié à ses frais « Un souvenir de Solférino » et avait fait une proposition aux Etats, les invitant « à formuler quelque principe international, conventionnel et sacré lequel, une fois agréé, servirait de base à des sociétés de secours pour les blessés. »
En 1863, un « Comité des cinq » est créé qui devient plus tard le Comité International de la Croix Rouge (CICR). La même année, le Comité des cinq organisa une conférence internationale et, un an plus tard, une conférence diplomatique. Les deux conférences aboutiront aussitôt à la signature d’une « Convention pour l’amélioration du sort de militaires blessés dans les armées en campagne ».
Depuis, la voie ouverte par Henry Dunant n’a cessé de s’élargir jusqu’au 12 août 1949, jour où furent signées les quatre Conventions de Genève. La première concerne « l’amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne » ; la seconde concerne « l’amélioration du sort des blessés et des naufragés des forces armées sur mer » ; la troisième est relative au « traitement des prisonniers de guerre » ; la quatrième est relative à « la protection des personnes civiles en temps de guerre ».
Henry Dunant peut donc, à juste titre, être considéré comme le père de ce qui qu’on appelle aujourd’hui le droit international humanitaire. Il mérite pleinement le premier Prix Nobel de la paix décerné en 1901, qu’il avait partagé avec l’humaniste français, Gustave passy.
Soixante ans après leur signature, et en dépit de leur adoption par 194 Etats, les Conventions de Genève rencontrent toujours des problèmes d’application. Les choses se sont nettement aggravées depuis le début de ce vingt et unième siècle. Le droit international humanitaire a été poussé ces dernières années dans ses derniers retranchements à la fois par des acteurs étatiques qui ne respectent pas leur signature des Conventions de Genève, et par des acteurs non étatiques qui se soucient comme d’une guigne du contenu de ces Conventions quand ils n’ignorent pas leur existence même.
Les Conventions de Genève continuent jusqu’à ce jour de subir des violations flagrantes de la part d’acteurs différents et variés. Mais les violations les plus graves ont été commises par un acteur étatique, le régime de George Bush aux Etats-Unis (janvier 2001-janvier 2009), et par un acteur non étatique dont le nihilisme et la cruauté qui dépassent l’entendement ne pouvaient pas être prévus par les rédacteurs des Conventions de Genève : Al Qaida.
L’incompétence et l’irresponsabilité du régime de George Bush étaient telles qu’il n’avait pas hésité à s’auto-libérer des obligations de ces Conventions que les Etats-Unis avaient signées il y a plus d’un demi siècle. Bush avait mobilisé les juristes de son ministère de la justice pour convaincre le monde que les Conventions de Genève sont « caduques » et qu’elles ne s’appliquent pas aux « combattants illégaux » détenus par l’armée américaine. Sans parler bien sûr de l’agression gratuite et insensée commise par Bush contre l’Irak en violation des principes les plus élémentaires du droit international et du droit international humanitaire.
Plus graves encore sont les violations commises par l’organisation terroriste Al Qaida. Alors que les Conventions de Genève interdisent expressément de s’en prendre aux populations civiles ou de les prendre pour cibles, Al Qaida, depuis sa création, a fait des civils sa cible privilégiée, les massacrant à grande échelle en recourant essentiellement à sa macabre invention des ceintures d’explosifs qu’elle attache à la taille de jeunes adolescents, après un lavage de cerveau en règle, et auxquels elle ordonne d’aller se faire exploser dans les marchés et les mosquées.
Il est bien évident que dans leurs prévisions les plus pessimistes, les esprits humanistes, grâce auxquels les Conventions de Genève sont devenues une réalité, ne pouvaient supposer qu’un jour un président de la plus grande puissance du monde s’arrogerait le droit de déclarer ces Conventions « caduques », ni que des organisations souterraines procèderaient un jour au massacre massif et gratuit de civils.
On comprend que dans ces conditions, le 60eme anniversaire des conventions de Genève ne soit pas célébré dans une ambiance où prédomine la joie et la satisfaction. Récemment, et à diverses reprises, le président du CICR, Jakob Kellenberger, a exprimé à la presse son inquiétude face à l’intensification des violations subies par le droit international humanitaire. Il a aussi réaffirmé que la préoccupation constante du CICR consiste et consistera toujours à assurer une meilleure application du droit international humanitaire. Mais le CICR y parviendra-t-il en continuant à pousser la discrétion et la timidité chaque jour un peu loin au point de refuser même de désigner par leurs noms les deux principaux criminels de guerre de ce début de 21eme siècle : George Bush et Ousama Ben Laden ? Quant à demander leur jugement, même par contumace, on risque d’attendre longtemps avant de voir le CICR franchir ce pas.

1 Comments:

Blogger Unknown said...

merci pour cette clarté,il fallait vraiment dire ce que vous avez écrit.

1:33 PM  

Post a Comment

<< Home