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Wednesday, September 03, 2008

Deuxième guerre froide

Nous avons eu la première guerre mondiale, ensuite la seconde. Nous avons vécu la première guerre froide et nous vivons actuellement une intensification des événements annonciateurs de la deuxième guerre froide qui risque dans les mois et les années à venir de devenir l’axe principal autour duquel tournera la politique internationale.
Aussitôt après la fin de la première guerre froide, intervenue avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, les premières graines de la deuxième guerre froide ont été semées par une administration Clinton malavisée et poursuivant une politique futile et dangereuse. Pour satisfaire un désir d’une insoutenable légèreté consistant à montrer au monde qui est le plus fort, le numéro un et le maître, l’administration Clinton et, après elle, celle de Bush II, ont systématiquement mis au point non pas une politique de coopération et d’amitié avec la Russie, mais d’encerclement systématique de ce pays.
Les administrations Clinton et Bush II ont travaillé dur pour attirer dans le giron occidental non seulement les Européens de l’Est, anciens membres du Pacte de Varsovie, mais aussi plusieurs nouveaux pays qui faisaient partie de l’Union soviétique et qui ont émergé en tant que pays indépendants sur la scène internationale.
La Pologne, la Tchécoslovaquie ( qui s’est divisée elle-même en deux pays : la Tchéquie et le la Slovaquie), la Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie sont devenus les meilleurs clients de Washington, baptisés par un certain Donald Rumsfeld « la nouvelle Europe ». Ont suivi aussitôt les trois pays baltes, l’Ukraine et la Géorgie.
Tout ce beau monde a subitement découvert qu’il a un « déficit démocratique » à combler et un « besoin de sécurité » à satisfaire. Le déficit démocratique a été résolu par les « révolutions colorées », activement encouragées par « la vieille Europe » et par Washington, bien sûr. Quand au besoin de sécurité, ces pays se sont laissés convaincre que le plus sûr parapluie est celui de l’OTAN et qu’ils seraient les bienvenus s’ils voulaient y adhérer et tirer profit de l’article 5 de la Charte de l’Organisation atlantique qui stipule : « Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties (…) ».
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, aucun signe n’a jamais été décelé suggérant l’idée que la Russie voulait récupérer par la force les anciennes provinces des empires tsariste et soviétique. En dépit de cette réalité incontestable, les nouveaux clients est-européens de Washington plus la Géorgie ont, avec la complicité de la propagande occidentale, inventé de toutes pièces la « menace russe » qu’ils servent matin, midi et soir afin de tirer les avantages économiques, militaires et stratégiques qu’engendre leur alliance avec les Etats-Unis et l’Europe occidentale.
Le cas de la Géorgie est tragique à plus d’un titre. Voici un pays « démocratique » dirigé par le président Mikheil Saakashvili dont la formation dans les universités américaines n’a pas empêché de réprimer en novembre dernier férocement les manifestations populaires contre son gouvernement, ni de poursuivre impitoyablement ses opposants. Un pays « démocratique » qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de s’attaquer aux Ossétiens du sud avec ses chars et son armement lourd généreusement fourni par les Etats-Unis et Israël. Et ici il est utile de rappeler que les ministres géorgiens de la défense, Davit Kezerashvili, et de la réintégration, Temur Yakobashvili, sont des citoyens israéliens qui ont « réintégré » la Géorgie pour faire de la politique. Voici un pays enfin qui se dit menacé par la Russie et qui se lance dans une attaque en règle contre les soldats russes qui se trouvent en Ossétie du sud depuis seize ans dans le cadre d’un mandat international de maintien de la paix après une première tentative géorgienne en 1990 d’annexer par la force ces deux provinces qui faisaient partie de la Russie depuis 1810.
Le plus extraordinaire est que après la réaction russe d’autodéfense, l’agresseur Saakashvili s’est transformé en victime agressée criant hystériquement « Où est l’Amérique ? Où est le monde libre ? » (1). Le plus extraordinaire aussi est que la presse occidentale a pris fait et cause pour l’agresseur pointant un doigt accusateur vers le Kremlin où, à les croire, « les vieux démons soviétiques » seraient déjà à l’œuvre.
Il y’a trois jours, le Premier ministre russe Vladimir Poutine est entré dans une fureur noire après qu’un journaliste de CNN lui a posé une question qui pue la mauvaise foi : « Maintenant que les choses se sont calmées, la Russie va-t-elle arrêter de menacer ses voisins ? » Poutine avait raison de s’emporter contre la mauvaise foi et la manipulation de l’opinion mondiale auxquelles s’adonnent depuis le déclenchement de la crise les médias occidentaux. L’enjeu est de taille en effet. La deuxième guerre froide est là et il s’agit de déterminer qui est le responsable de son déclenchement. La question biaisée de CNN n’avait pas besoin de réponse et n’en cherchait pas une. Son but est de suggérer sournoisement que si l’on est revenu au temps de la guerre froide, c’est parce que la Russie « n’arrête pas de menacer ses voisins ».
La réalité est tout autre en effet. La responsabilité du déclenchement de la deuxième guerre froide revient aux administrations Clinton et Bush II qui lui ont préparé le terrain depuis des années. La responsabilité de cette première grande crise internationale revient aux responsables géorgiens à qui l’on a fait croire que « le monde libre » est derrière eux et qu’ils peuvent bénéficier de l’article 5 de la Charte de l’OTAN avant même qu’ils n’intègrent les structures politico-militaires de l’Alliance atlantique. C’est ce qui explique qu’après le désastre qu’il a lui-même infligé à son pouvoir et à son pays, Mikheil Saakashvili demandait hystériquement : « Où est l’Amérique ? Où est le monde libre ? »

1 Comments:

Blogger Unknown said...

Pour la première fois depuis le debut de la crise on a une vision claire et d'ensemble sur les tenants ,les aboutissants et les intrus.
Ce scenario etait dans les projets americains au moment de la chute du mur de Berlin.La Russie a été humiliée depuis,la Georgie est la goutte qui a fait débordé le vase.

12:07 PM  

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