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Saturday, September 11, 2010

Le 11 septembre, 9 ans après

Neuf ans après, les attentats dramatiques du 11 septembre 2001 continuent de faire des ravages en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, pour ne citer que les endroits où leurs conséquences sont les plus désastreuses. Neuf après, le principal commanditaire de ces attentats, Ousama Ben Laden, continue de narguer ses traqueurs depuis les montagnes du Waziristan pakistanais, en dépit de la grosse somme, 50 millions de dollars, que les Américains avaient promis à quiconque le leur livrerait mort ou vif. Neuf ans après, les événements tragiques du 11 septembre sont toujours exploités par les extrémistes aux Etats-Unis. Le dernier épisode de cette exploitation est l’initiative (avortée ?) d’une secte américaine de brûler 200 copies du Coran, projet condamné universellement.
Il y a neuf ans donc, étaient perpétrés une série d’attentats contre des symboles économiques et militaires de la puissance américaine à New York et Washington. Par leur caractère spectaculaire et inédit, par le niveau terrifiant de violence, par le nombre de morts (plus de trois mille innocents y ont laissé la vie), ces attentats ont provoqué un séisme politique majeur qui ne pouvait pas ne pas dérégler l’axe stratégique autour duquel tournait la puissance américaine.
La profonde perturbation de la ligne stratégique suivie par les Etats-Unis était visible dès le lendemain, 12 septembre. Le malheur de l’Amérique est qu’à un moment aussi crucial, elle était dirigée par un président inexpérimenté, influençable et atteint de myopie politique, pour ne pas dire cécité.
Le grave déficit en termes d’expérience, d’intelligence et de flair politique qui caractérisait alors le centre de décision à Washington a fait qu’un groupe de néoconservateurs, obsédés par l’Irak et déterminés à le détruire, puisse exploiter les événements dramatiques du 11 septembre pour obtenir ce qu’ils n’ont pu obtenir depuis des années : la guerre contre l’Irak.
L’erreur originelle commise par les Etats-Unis est qu’ils ont négligé de se pencher sérieusement sur les attentats eux-mêmes pour faire en sorte qu’ils ne se répètent plus et que leurs commanditaires soient mis hors d’état de nuire, mais ils les ont exploités pour suivre des objectifs n’ayant rien à voir avec les attentats et leurs commanditaires. En d’autres termes, ils ont conçu un remède sans relation aucune avec le mal.
Au moment où les Etats-Unis ont déclenché leur guerre contre le régime taliban en Afghanistan le 7 octobre 2001, personne n’avait levé le petit doigt pour défendre le régime moyen-âgeux qui sévissait en Afghanistan depuis 1996. George W. Bush, alors président de l’Etat fédéral américain, bénéficiait d’un large soutien au sein de la communauté internationale. Après avoir déchiqueté le régime des talibans, protecteur des commanditaires des attentats contre New York et Washington, l’armée américaine avait la capacité de déraciner Al Qaida d’Afghanistan et de l’empêcher de s’enfuir vers les montagnes du Waziristan pakistanais.
La réussite des néoconservateurs à influencer George Bush et à le persuader des « avantages » que cueillerait l’Amérique de la destruction du régime de Saddam Hussein allait s’avérer extrêmement coûteuse. La décision d’abandonner l’Afghanistan dans un état anarchique et de « s’occuper » du régime baathiste de l’Irak allait s’avérer fatale. Elle est déjà considérée par des historiens américains comme la décision la plus désastreuse dans l’histoire de la politique étrangère américaine.
En lâchant dans le relief escarpé de la frontière afghano-pakistanaise les vrais responsables des actes terroristes spectaculaires contre New York et Washington, et en détruisant le régime baathiste irakien, dictatorial certes, mais un barrage infranchissable contre le terrorisme, George Bush et son cercle de néoconservateurs ont ouvert les portes de l’enfer non seulement pour l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan et Yémen, mais aussi pour leur propre pays. Par leur décision insensée d’envahir un pays qui ne leur a rien fait, les Etats Unis ont alimenté pour plusieurs années un genre de terrorisme nihiliste et suicidaire inconnu jusqu’alors et contre lequel les armées les plus puissantes du monde ne peuvent pas grand-chose. Résultat : partis en 2001 en grande fanfare pour « terrasser le terrorisme » dans le cadre d’une « guerre globale », Bush et ses amis l’ont, au contraire, nourri et entretenu par une série de décisions erronées.
C’est un fait indiscutable que les malheurs qui s’abattent sur les Irakiens, les Afghans, les Pakistanais et les Yéménites ont un lien direct avec les attentats du 11 septembre 2001. Le calvaire biblique enduré par les millions de victimes (morts, blessés, déplacés, réfugiés) n’aurait certainement pas eu lieu si ces attentats avaient été évités, ou si l’Amérique était dotée de politiciens intelligents capables de gérer positivement l’après-11 septembre.
Le plus terrifiant est que les erreurs monumentales commises et les millions de victimes qu’elles ont engendrées ne semblent pas avoir ému outre mesure les responsables américains actuels qui continuent de couvrir d’éloges celui par qui tous ces malheurs sont arrivés. En effet, le 31 août dernier, à l’occasion du départ des « troupes de combat » d’Irak, Barack Obama a affirmé que « personne ne doute de l’amour du président Bush pour son pays et de son engagement pour sa sécurité », ajoutant que la guerre d’Irak constitue « un chapitre remarquable dans l’histoire de l’engagement de l’Amérique envers la liberté ».
Quelques jours plus tard, c’était autour du vice-président Joe Biden de lancer des fleurs au responsable de la mort de milliers d’Américains et de centaines de milliers d’Irakiens : « M. le président merci. Nous avons divergé sur la politique à suivre, mais on vous doit beaucoup. » En quinze mots, Biden a réussi à glisser deux contre-vérités. Il n’a pas divergé avec Bush au niveau de la politique à suivre, puisqu’il était un fervent promoteur de la guerre d’Irak. Et personne ne doit quoi que ce soit à George Bush. C’est plutôt lui qui doit aux Américains et au monde une explication sur les crimes de guerre qu’il a commis et sur la délapidation du formidable crédit international que l’Amérique avait accumulé au lendemain des attentats du 11 septembre.
Quant à « l’engagement de l’Amérique envers la liberté », l’écrasante majorité des Irakiens aurait été heureuse de ne pas en bénéficier. Car, quitte à choquer quelques âmes occidentales sensibles, la dictature de Saddam Hussein est de loin préférable à l’anarchie et au terrorisme suicidaire qui ensanglantent l’Irak depuis 2003 et que certains Américains s’obstinent toujours à appeler liberté.

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