airelibre

Wednesday, July 14, 2010

Manipulation à des fins répugnantes

Cela fait trois ans maintenant depuis que les Jordaniens ont découvert 65000 tonnes d’uranium enfouis dans le désert, non loin d’Amman, mais ils continuent toujours d’importer 95% de leurs besoins en énergie électrique, principalement d’Arabie Saoudite. Les milliards de dollars dépensés chaque année pour payer la facture d’électricité sont une charge intenable pour la trésorerie jordanienne, ce qui constitue un obstacle majeur au développement économique et social du pays.
Le roi Abdallah II de Jordanie a mis la chose sur la place publique en juin dernier dans une interview qu’il a accordée au quotidien américain « The Wall Street Journal ». A la lecture de l’interview, on apprend que les relations israélo-jordaniennes n’ont jamais été aussi mauvaises qu’aujourd’hui depuis 1994, date de la signature du traité de paix entre les deux pays par Feu le roi Hussein et le Premier ministre israélien d’alors, Yitzhak Rabin.
La dégradation des relations est due à l’interférence d’Israël dans les affaires jordaniennes. Cette interférence israélienne est d’une extrême gravité pour l’avenir de la Jordanie dans la mesure où elle vise à perpétuer la dépendance énergétique et l’hémorragie financière qui s’ensuit, en empêchant l’exploitation de l’uranium jordanien.
Il est à rappeler ici que la Jordanie a mis au point un plan ambitieux consistant à exploiter l’uranium de son sous-sol et de l’utiliser dans la production de l’électricité. Le plan prévoit dans un premier temps l’autosuffisance en matière d’énergie électrique, et dans un deuxième temps, l’exportation aux voisins de cette même énergie, ce qui constituerait un développement prodigieux pour le pays.
On imagine la consternation des Jordaniens quand Israël s’est manifesté aussitôt pour leur mettre les bâtons dans les roues. Au début, Israël a proposé à la Jordanie une exploitation en commun de leur uranium fraîchement découvert. Un peu comme si, sans rime ni raison, votre voisin vient vous demander de partager avec lui vos biens. Après le refus légitime de cette demande incongrue, Israël a décidé d’agir sur deux axes. D’une part, il s’est tourné vers la France et la Corée du sud chez qui la Jordanie a commandé des réacteurs nucléaires pour les presser de ne rien fournir aux Jordaniens. D’autre part, il a demandé à Washington de faire ce qu’il faut pour empêcher Amman d’aller de l’avant dans la concrétisation de son programme nucléaire civil.
Pour l’instant aucune information n’est disponible sur l’effet des pressions israéliennes sur la France et la Corée du sud, et on ne sait pas si ces deux pays vont fournir les réacteurs commandés ou ils vont se défiler.
Pour les Etats-Unis, les choses sont claires et limpides. Ils ont adopté comme étant les leurs toutes les objections et les exigences israéliennes. Pourtant, ce ne sont pas les arguments qui manquent pour remettre Israël à sa place et laisser les Jordaniens s’occuper de leurs affaires comme ils l’entendent, du moment qu’ils ne nuisent à personne.
La Jordanie est un pays signataire du TNP, et, à ce titre, elle a le droit de construire des centrales nucléaires et d’enrichir son uranium. De plus, pays pauvre, la Jordanie ne cherche qu’à développer son économie et à améliorer les conditions de vie de son peuple. Par conséquent, l’idée qu’elle puisse un jour constituer une menace pour ses voisins est absurde.
Au lieu d’opposer ces arguments aux Israéliens et de leur demander d’arrêter un peu de tirer le diable par la queue, les Etats-Unis ont adopté leurs points de vue et, avec une frivolité indigne d’une grande puissance, ont soumis les Jordaniens à un chantage en règle : ou ils « coordonnent » leur programme nucléaire civil avec Israël, ou ils mettent une croix su l’aide annuelle qu’ils reçoivent de Washington. En termes concrets, pour donner l’autorisation à Amman, Washington a besoin de l’autorisation de Tel Aviv. Voilà où en sont aujourd’hui les relations internationales…
Apparemment cet ultimatum a été transmis à la Jordanie lors de la récente rencontre entre la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Judah. Cette rencontre n’a pas dû pas être très cordiale et le ministre jordanien a sûrement quitté son homologue américaine avec une amertume profonde. La même amertume que ressent quelqu’un qui, vivant à l’étroit et inconfortablement dans sa maison, et qui, ayant eu les moyens d’améliorer son sort et celui de sa famille, s’est vu refuser les travaux nécessaires par son voisin qui a pu lui imposer sa volonté rien que parce qu’il est bien introduit et a des relations haut placées.
Israël a des relations haut placées dans le monde. On sait que depuis des décennies, ce pays utilise ses relations pour se comporter impunément en hors-la-loi. On sait qu’il les utilise pour coloniser, déclencher des guerres, détruire des infrastructures, bombarder où et quand il veut, transformer la vie de millions de personnes en enfer. Mais Israël utilise aussi ses relations haut placées pour maintenir des pays dans la pauvreté et le sous-développement.
Derrière les guerres répétées contre le Liban, n’y a-t-il pas l’idée de couper les ailes de ce pays chaque fois qu’il s’apprête à décoller ? Derrière la dépossession du peuple palestinien de ses terres, les bombardements rituels de ses infrastructures et les blocus à répétition, n’y a-t-il pas une volonté de maintenir ce peuple dans la misère afin qu’il n’ait jamais les moyens de recouvrer ses droits légitimes ? Derrière ces pressions visant à empêcher la Jordanie de développer ses propres sources d’énergie, n’y a-t-il pas une détermination à maintenir le peuple jordanien dans la pauvreté afin qu’il demeure dépendant de l’aide étrangère, et donc sans aucun moyen de refuser les ordres venant de Washington et de Tel Aviv ?
Voici la vérité que la propagande israélo-américaine tente de cacher aux yeux du monde. Israël se sert de ses relations avec les Etats-Unis pour semer la destruction et perpétuer la misère au Moyen-Orient. Jusqu’à quand la République fondée par George Washington et ses amis va-t-elle se laisser manipuler à des fins aussi répugnantes ?

1 Comments:

Blogger Marianne said...

Merci de votre excellente analyse de la stratégie israëlienne vis à vis de tous ses voisins.
Comment expliquer dans tous cela la grande passivité ou mieux le laisser-faire de la part des Européens?
J'en ai parlé avec Mgr. M. Lahham, Evèque de Tunis et lui-même palestinien. Il me disait que c'était dû à l'holocauste, au sentiment de culpabilité. C'est possible de la part de l'Allemagne. Mais je pense bcp moins p.ex.en Suisse. Il est un tabou de critiquer Israël, on risque d'être insulté "antisemite" ou raciste". L'influence, surtout aux médias de la communauté juive est grande. Un quotidien risque aussi de perdre des pages de publicité. Hélas,au lieu d'évoluer et de permettre tous les courants d'opinion c'est le contraire qui se produit, exemple le quotidien en langue allemande "Tages-Anzeiger".

4:49 PM  

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