airelibre

Wednesday, June 17, 2015

Menace factice et menaces réelles

Dans son édition du 13 juin, le New York Times a publié un article avec un titre peu banal : « U.S. Is Poised to Put Heavy Weaponry in Eastern Europe » (Les Etats-Unis s’apprêtent à entasser de l’armement lourd en Europe de l’Est). Le ton est donné dès les premières lignes de l’article : « Dans un geste significatif consistant à décourager une éventuelle agression russe en Europe, le Pentagone s’apprête à envoyer aux pays de l’Europe de l’Est, dont les pays baltes, des chars de combat, des véhicules blindés et autres armements lourds, de quoi équiper 5000 soldats américains. » En décidant de déployer 5000 soldats lourdement armés en Pologne et aux pays baltes, les Etats-Unis restent fidèles à leur réputation de pays en guerre perpétuelle par ses propres moyens ou en coopération avec l’OTAN, une organisation qui, depuis sa création, n’a jamais contesté ou discuté un ordre venant de Washington. D’ailleurs avant la décision du Pentagone de déployer une si grande quantité d’armements lourds aux frontières de la Russie, l’OTAN a devancé les désirs de son membre dominant en poussant son rouleau compresseur à l’est de l’Europe où près de 30.000 soldats armés jusqu’aux dents sont installés dans les anciens satellites de l’Union soviétique, et même dans les pays baltes qui faisaient partie de l’ancienne superpuissance communiste. Malgré les évidences corroborées par les services de renseignements de pays occidentaux, dont les services français, que la Russie n’a aucune intention d’occuper l’Ukraine, les Etats-Unis et l’OTAN s’agitent comme des diables pour convaincre le monde du contraire en promouvant l’idée qu’une « agression russe » contre ses voisins n’est pas à exclure. Recourant à la manœuvre classique, éculée et usée jusqu’à la corde, Washington et l’OTAN tentent de démoniser le président Poutine décrit par l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton comme étant le nouveau Hitler. Il est vrai que depuis la pendaison de Saddam Hussein le jour de l’Aid, le poste du « Hitler de service » est resté vacant. Le problème avec la démonisation de Poutine est que l’opinion mondiale n’a pas mordu à l’hameçon tendu par la machine de propagande américano-atlantiste. Il y a bien une quinzaine d’années depuis que Poutine a pris en main les affaires de la Russie. Tout observateur honnête ne peut pas ne pas reconnaitre les progrès accomplis par l’économie russe depuis que le pays s’est débarrassé du président- catastrophe, Boris Eltsine. La Russie était à genoux dans les années 90 du siècle dernier. Aujourd’hui, grâce à la gestion efficace de Poutine dont la popularité est toujours au zénith, le pays est en bonne santé et se permet même le luxe d’envoyer chaque année des millions de ses hommes et femmes sillonner le monde en touristes. Les responsables américains et atlantistes feignent l’insomnie par peur de voir la machine de guerre russe écraser les pacifiques européens de l’Est. Il convient ici de rappeler qu’outre le fait que la préoccupation première des responsables russes est de développer leur pays et d’élever le niveau de vie de leur peuple, la dernière agression dont la Russie s’était rendue coupable remonte à près de trente six ans quand les troupes soviétiques envahirent l’Afghanistan en décembre 1979. D’aucuns rétorquent que Poutine a envoyé ses troupes en Géorgie en août 2008. Oui, c’est vrai. Mais c’était en réaction à la provocation du président géorgien Saakachvili qui, par amateurisme politique et se croyant soutenu par l’Otan et par Washington, envoya ses troupes en Ossétie du sud dans le but de l’annexer. Quant à ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui, la Russie est elle-même victime d’une manœuvre de déstabilisation à grande échelle planifiée par les stratèges américano-atlantistes. Les Etats-Unis et l’OTAN ont donc peur d’une « éventuelle agression » d’un pays dont la dernière attaque contre un pays étranger remonte à trente six quand la Russie était déjà la seconde superpuissance du monde et du temps où elle était gérée par un régime politique totalitaire. Mais voyons les choses de plus près. Auteur de best sellers sur la politique étrangère américaine, William Blum parle de son pays en ces termes : « Les Etats-Unis ont utilisé régulièrement la force contre leurs ennemis depuis deux siècles. Depuis 1946, les Etats-Unis ont tenté de renverser plus de 50 gouvernements étrangers. Dans la même période, ils ont tenté d’assassiner plus de 50 dirigeants étrangers et ils ont bombardé plus de 30 pays. Un bilan sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité, et il n’y a aucune raison que cela change, sauf si une puissance supérieure capable de nous défaire entre en scène. » La conjoncture internationale actuelle et la réalité des menaces dans le monde sont bien différentes de ce que veut nous faire croire la propagande américano-atlantiste. Le budget militaire américain est plus élevé que les budgets cumulés du reste du monde. Et alors que les Russes ont démantelé leur base militaire à Cuba, les sous-marins américains sillonnent les côtes de la Norvège et leurs missiles ne mettent pas plus de 17 minutes pour atteindre le cœur de Moscou. Sans parler de la responsabilité de Washington et de l’OTAN dans le développement sans précédent de la menace terroriste dans le monde grâce à leurs performances en Irak, en Syrie, en Libye et ailleurs. En d’autres termes, nul besoin d’être un expert chevronné en politique internationale pour se rendre compte que les dangers mortels encourus aujourd’hui proviennent non pas de la menace factice attribuée à la Russie mais des menaces bien réelles que pose l’aventurisme militaire américano-atlantiste qui a déjà gratifié le monde d’un cadeau inoubliable : le plus grand fléau terroriste de tous les temps.

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