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Wednesday, July 15, 2015

Filière du bavardage lucratif

Il est très courant aux Etats-Unis que des personnages publics qui se sont fait un nom en politique en profitent pour accumuler des richesses sans consentir le moindre effort, sans verser une seule goutte de sueur et sans fournir concrètement un produit ou un service en contrepartie du chèque encaissé. En d’autres termes, des politiciens qui se sont bâti une réputation en commettant plus de mal que de bien au cours de leur carrière, se font grassement payer pour une heure de bavardage devant un micro. Cette filière du bavardage est très lucrative et a permis à d’anciens responsables politiques, pas seulement aux Etats-Unis, de devenir multimillionnaires. La presse américaine vient de donner une estimation de ce que les Clinton, Bill et Hillary, ont gagné en quelques centaines d’heures de bavardage dans des conférences banales et insipides : 100 millions de dollars. Même leur fille Chelsea est entrée dans la danse en donnant des conférences Dieu sait sur quoi avant d’encaisser des chèques avec lesquels elle contribue aux efforts de ses parents de reconquérir la Maison blanche… Même si cette filière du bavardage lucratif est née et fleurit aux Etats-Unis, la palme d’or ne revient pas à un Américain, mais à un Britannique. D’après les chiffres consultables sur le net, c’est l’ancien Premier ministre de Sa Très Gracieuse Majesté, Tony Blair, qui détient le record du bavardage le plus chèrement payé. En 2009, Blair avait donné une conférence d’une heure aux Philippines, l’un des pays les plus pauvres du monde, pour laquelle il était payé 616.000 dollars, soit plus de dix mille dollars par minute de bavardage. En 2009, la guerre d’Irak était déjà à sa sixième année et l’ancien Premier britannique était, ne l’oublions pas, l’un des principaux responsables de cette catastrophe de proportions bibliques. Si l’on revenait aux archives de la guerre d’Irak, on pourrait déterminer combien d’actes terroristes étaient commis, combien de voitures piégées avaient explosé et combien de citoyens irakiens avaient perdu la vie par la faute de cet homme au moment où il conférait aux Philippines pour plus de dix mille dollars/minute. Que peut dire un tel individu avec des millions de morts et de déplacés sur la conscience pour être si chèrement payé ? C’est l’une des bizarreries affligeantes de ce monde fou. Mais revenons aux Etats-Unis. Clinton n’est pas l’unique locataire de la Maison blanche à tirer profit de son Curriculum Vitae et de le rentabiliser de manière lucrativement indécente ou indécemment lucrative. Ronald Reagan qui avait occupé la Maison blanche entre 1980 et 1988 n’avait pas perdu de temps après avoir cédé le poste présidentiel à Bush -père. En 1989, il avait fait une tournée au Japon où il a avait donné une série de conférences tout en se faisant grassement payer. Que Reagan ou Clinton profitent de cette filière pour arrondir leur fin de mois de retraités privilégiés, ça n’a pas l’air de choquer ou de déranger grand monde, même si beaucoup trouvent cela assez indécent. Mais l’indécence prend des proportions stupéfiantes quand George W. Bush s’engouffre lui aussi dans cette filière du bavardage lucratif. Après avoir transformé l’Irak en enfer, il a eu la bonne idée de se faire oublier en s’adonnant à la peinture dans son ranch texan. Il avait déjà fait les portraits du russe Poutine, de la germanique Merkel, du britannique Blair, de lui-même, de son père George Herbert Bush et même du Dalai Lama qui, en voyant son portrait, n’était pas particulièrement impressionné par les talents de Bush, si l’on en croit la presse américaine. Même sans talents exceptionnels, Bush aurait dû rester dans son atelier de peinture plutôt que d’aller faire des discours devant des soldats américains dont beaucoup ont vu leur vie détruite en perdant la capacité de marcher, de voir, d’entendre ou de parler suite à de graves blessures subies dans la guerre d’Irak. George W. Bush a eu l’outrecuidance d’aller faire un discours devant des soldats qu’il a envoyés guerroyer à dix mille kilomètres de chez eux. Avec un peu de décence, il serait resté chez lui au lieu d’aller réveiller de mauvais souvenirs. Car dans sa guerre basée sur un mensonge, des milliers de soldats américains ont perdu la vie ou ont laissé sur le champ de bataille leur intégrité physique et psychique. Mais on reste pantois en apprenant que non seulement Bush a eu l’indécence d’aller faire un discours là où il devrait avoir honte de se montrer, mais il s’est fait payer 100.000 dollars pour son discours, sans compter 20.000 dollars de frais du jet privé qui l’avait transporté vers le lieu de la conférence. Cette information donnée par la chaine ABC le mercredi 8 juillet a fait l’effet d’une bombe chez beaucoup d’Américains, même si l’on s’attend à tout de la part du « pire président » de l’histoire américaine. Ecoutons la réaction écœurée de la journaliste américaine, Lucy Steirgerwald : « Nous pourrions ne pas être en mesure d’arrêter les guerres, mais nous devrions certainement arrêter de payer des sommes faramineuses à des parasites qui viennent bomber le torse devant la foule. C’est déjà plus que suffisant de les payer pendant quatre ou huit ans pendant leur séjour à la Maison blanche. Demandez ce qu’en pense un soldat américain invalide. Ou mieux encore, demandez à citoyen irakien ce qu’il en pense. »

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